Le fils de Suzie Villeneuve est l’inspiration de son nouvel album
Michèle Lemieux
Ces dernières années, Suzie Villeneuve a connu une transformation qui lui a été bénéfique à plusieurs égards. Cette démarche, vécue sur le plan personnel, a aussi eu un impact sur sa vie professionnelle, notamment parce qu’elle l’a incitée à prendre les rênes de sa carrière en main. C’est d’ailleurs le fruit de ses réflexions que la chanteuse nous propose avec son plus récent album intitulé De la tête au coeur.
• À lire aussi: Suzie Villeneuve dévoile de rares images de son fils
Suzie, qu’est-ce que tu nous proposes avec ton album?
Ce sont 11 chansons originales et 3 chansons bonus, des reprises, pour un total de 14 chansons. Je reprends L’escalier de Paul Piché avec un quatuor à cordes. C’est magique! J’interprète aussi À ma manière avec Diane Juster qui m’accompagne au piano. C’est un cadeau inouï! J’ai aussi ajouté l’extrait Je te serai fidèle de Roch Voisine.
Où as-tu puisé l’inspiration pour cet album?
À la base, ce sont 12 thèmes bien précis, tels que l’amour, la joie, la peine, des sentiments avec lesquels j’ai repris contact. Avant, c’était un peu plus gris dans ma vie. La première chanson que j’ai écrite, c’est Lettre à mon ange, et elle porte sur la parentalité. Elle est pour mon garçon, Edward, qui aura deux ans en juin. C’est un amour nouveau pour moi, complètement pur et puissant, que je n’avais jamais vécu. Je l’appelle mon petit canard, car il pataugeait dans ma bedaine... (rires) Pour la dernière chanson que j’ai écrite, j’avais en tête le thème de la prospérité et je me suis demandé quels étaient ses visages dans ma vie. La prospérité ne concerne pas que l’argent. Est-ce qu’on apprécie ce qu’on a? Est-ce qu’on voit cette abondance? Dans Riche de toi, j’ai donc nommé cela à travers ma vie avec mon fils. Alors la première et la dernière chanson sont inspirées d’Edward.
Parce que ton fils t’a aidée à reprendre contact avec la richesse et la beauté qui étaient là, sous tes yeux?
Oui, et quand j’étais plus jeune, je ne comprenais pas toujours ce bonheur. Mais à partir du moment où je l’ai vécu, j’ai compris. Comme mère, j’ai choisi de vivre dans l’émerveillement. Parfois, je suis fatiguée et je n’ai pas envie de me mettre à quatre pattes pour jouer, mais je n’ai qu’à le regarder pour me laisser convaincre. Mon coeur fond et je joue avec lui. Ça me touche de le voir grandir, interagir différemment de jour en jour. C’est une si belle évolution.
C’est un privilège, comme maman, d’avoir écrit des chansons que tu laisses en héritage à ton fils?
Surtout qu’il en est l’inspiration. Quand j’ai écrit Lettre à mon ange, je suis revenue à la maison et je lui ai fait écouter la chanson. Il s’est mis à pleurer. Mon fils est extrêmement sensible. J’ai compris qu’à travers ma voix, j’avais réussi à transposer cet amour que je ressens pour lui. La chanson avait touché son coeur. Il avait à peine un an. Au-delà de ma propre histoire, j’aime que les gens s’approprient mes chansons.
Puisque tes textes touchent les gens, reçois-tu beaucoup de confidences?
Oui, et c’est touchant. L’autre jour, après avoir interprété Riche de toi, une dame est venue me voir avec la photo de son petit-fils de 13 ou 14 ans en me disant: «Moi, c’est de lui que je suis riche...» Elle était toute émotive. Elle m’a expliqué que sa fille ne voyait plus son fils, car elle était tombée dans la drogue. Le garçon vit avec son papa, mais elle avait gardé contact avec lui et il était sa raison de vivre.
À travers ton parcours, j’ai le sentiment que tu as choisi de partager le positif.
Oui, je veux partager la beauté, et tant mieux si ça fonctionne. Et comme on ne peut pas plaire à tous, je sais très bien que ça peut en déranger certains. Moi-même, ça m’a dérangée par le passé de voir des gens heureux. Je n’étais pas capable de toucher à ça à l’intérieur de moi. Avec le temps, j’ai compris que lorsque quelque chose me dérangeait, c’était qu’il fallait que j’aille visiter ce sentiment. Pourquoi me sentais-je agressée parce que quelqu’un était si heureux ou enjoué? Avec le temps, j’ai répondu à ces questions. Je veux partager la beauté, car j’ai choisi de lui donner de la place dans ma vie. Nous aurions tellement à gagner si nous faisions tous de même. Je n’ai pas de recette, mais quand on porte notre attention sur une chose, elle grandit. Alors dans ce cas, pourquoi ne pas porter notre attention sur la beauté?
De toutes les démarches que tu as faites, qu’est-ce qui a été le plus aidant pour toi?
Quand j’ai compris qu’on n’est pas victime dans la vie, mais qu’on co-crée notre vie. Au début, ça m’a écoeurée! (rires) J’avais tendance à me positionner en victime. J’étais une victime et je subissais la vie. Ce n’était jamais de ma faute, mais toujours à cause des circonstances. Quand j’ai compris que j’avais le pouvoir de changer ma vision, ma vie a changé. Ce n’est pas toujours facile, mais ça a changé énormément de choses. Concrètement, les outils qui m’ont aidée à aller plus loin dans cette prise de conscience, ce sont les moments passés en tête à tête avec moi-même, sans rien qui puisse me distraire. Ça m’a permis de ressentir, de plonger en moimême. J’ai aussi réalisé que ça va plus vite quand je visite l’émotion, sans me juger. Après tout, ce n’est qu’une information. Ça ne définit pas qui je suis. L’émotion passe plus rapidement quand on la regarde vraiment.
Avoir pris les rênes de ta vie professionnelle en main te permet-il de gérer à la fois ta vie personnelle et ta vie professionnelle?
Oui, ça me permet d’être présente pour Edward, et c’est très important pour moi, surtout durant ses premières années de vie. Je suis quand même ouverte à l’idée d’accueillir des ressources, mais tout doit passer par moi. Être autoproductrice fait en sorte que j’avance à un rythme différent, un pas à la fois.
Ça te permet de garder une vie équilibrée?
Oui, et comme mon amoureux travaille à temps plein, ça demande de l’organisation.
Suzie, en terminant, un mot sur la grossesse d’Annie?
Je suis bien heureuse pour elle. C’est un bébé de plus dans la famille. Je suis d’ailleurs porte-parole du Salon Maternité Paternité Enfants, qui s’est tenu à Montréal et à Québec, alors je me réjouis pour tous ces bébés qui naissent...
Son nouvel album, De la tête au coeur, sera disponible sur les plateformes numériques dès le 10 mai. On peut se procurer un exemplaire physique autographié ou une clé USB sur son site: suzievilleneuve.com. Elle compte transposer cet album sur scène en 2025. Le livre et la conférence de Suzie sont aussi disponibles sur son site.