Le fils de Jonathan Roberge a subi une autre opération en juillet dernier
François Hamel
On ressort d’une entrevue avec Jonathan Roberge avec le sentiment d’avoir fait le plein d’énergie. La vie l’a particulièrement éprouvé ces cinq dernières années, mais il a su s’adapter. Aujourd’hui, de nouvelles aventures professionnelles et personnelles se présentent à lui.
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Jonathan, tu reviens du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Est-ce que c’était pour ton fiston de 15 ans, qui est atteint d’un cancer du cerveau?
Oui, mon fils Xavier est rendu à cinq cancers en cinq ans. En fait, un cancer et quatre récidives. Il s’est fait réopérer en juillet, mais là, il est en pleine forme. Il va à l’école, il a recommencé à jouer au hockey. C’est ça, sa vie. Tu as une tumeur? On t’opère, on te donne des traitements de radiothérapie. En ce moment, il a des traitements de chimio préventive. Mais, bonne nouvelle, en juillet, on a constaté qu’il n’y avait pas de métastases.
Tant mieux!
Oui. Mais on a arrêté de dire qu’il est en train de guérir. Xavier a un cancer, et il l’affronte tous les jours de sa vie. C’est comme ça qu’on aborde la situation. Et la médecine progresse tellement vite... Je trouve que cette maladie est moins fatidique qu’il y a quelques années. J’ai des amis qui vivent avec un cancer depuis 8, 9, 10 ans.
Comment ton fils fait-il face à sa situation?
Il est très positif. C’est sûr que parfois, il trouve ça difficile. Il est tanné et il a peur. Je dirais que les deux ou trois premières années ont été difficiles. En plus, tout ça est survenu pendant la pandémie. Je ne souhaiterais pas ça à mon pire ennemi. Mais aujourd’hui, Xavier vit sa vie comme n’importe quel adolescent. Il est gossant comme n’importe quel adolescent. (rires) On en discute avec lui quand il a le goût. Sinon, il est suivi régulièrement à Sainte-Justine. C’est sûr que j’aimerais que sa vie soit autre. Mais nous, l’entourage, la famille, les amis, on a tous accepté la situation depuis deux ans, je dirais. On a accepté de vivre avec ça. C’est ça, notre vie. J’ai pu recommencer à travailler normalement au bout de trois ans, puisque lorsqu’il se fait opérer, j’arrête de travailler pour être à son chevet. Cette fois-ci, j’ai arrêté un mois et demi. C’est mon travail de papa.
Et il a aussi une maman...
Une formidable maman qui est infirmière auxiliaire. Il y a deux ans et demi, Xavier a décidé d’aller habiter avec elle. Avant, la garde des enfants était 50/50. Au début, j’ai eu tout un pincement au coeur. Mais tout ça est très logique. Un papa, ce n’est pas la même chose qu’une maman. En plus, la sienne est infirmière. Si Xavier a une inquiétude, sa mère peut répondre à n’importe quelle question.
Xavier est-il avec toi une fin de semaine sur deux?
Il est avec moi quasiment tous les week-ends. Puis on se fait des FaceTime pour les suivis de ses travaux. Les fins de semaine, il m’aide à coacher Jules, son petit frère de six ans, au hockey.
Xavier aide son petit frère?
Oui, il me donne des coups de main quand on est tous sur la glace. Xavier était tout content de pouvoir montrer des trucs à son petit frère. Il est un excellent joueur de centre. C’est un petit Patrice Bergeron!
Jules est-il assez vieux pour réaliser ce que son frère vit?
Sa mère et moi, on l’a beaucoup préservé. Encore aujourd’hui, avec lui, on parle des bobos à la tête de Xavier. Puis quand Xa se fait opérer, on met Jules au courant seulement après coup. Pour qu’il ne se fasse pas de scénarios, qu’il ne se mette pas à être anxieux. Dernièrement, Jules m’a demandé: «Les bobos de Xa, est-ce que ça va arriver souvent?» Je lui ai répondu qu’on espérait que non.
Officiellement, tu n’es plus en couple depuis quatre ans. Où en es-tu, à ce niveau-là?
J’ai eu des copines, de belles personnes. Mais ma situation est particulière; j’ai un enfant qui a le cancer et j’ai deux gardes partagées, avec des femmes avec qui j’ai été, dans les deux cas, pendant environ 10 ans.
Te considères-tu comme célibataire?
(Rires) Je ne suis pas célibataire, mais je ne veux pas être en couple. Pour être plus clair, je vois quelqu’un, mais en ce moment, ma mission, ce sont mes enfants, et je les accompagne dans tout ce qu’ils traversent. Ce n’est pas tout le monde qui est prêt à accepter un chum à temps partiel. Mais c’est ce que je peux offrir actuellement. J’ai vraiment deux beaux garçons qui méritent tout l’amour du monde et un père présent. En même temps, j’ai une magnifique carrière à entretenir. Je pense entre autres à l’animation de Au-delà du sexe, La guerre du web et maintenant Steak, blé d’Inde, patates.
Justement, comment es-tu tombé dans la marmite de Steak, blé d’Inde, patates, une émission qui propose une histoire de la gastronomie québécoise?
Je pense que c’est grâce à Vincent Gourd, à Zone 3 et aux producteurs de l’émission. Mais ça fait des années que je dis à mon gérant que j’aimerais animer des émissions traitant d’histoire. Au départ, je voulais être soit professeur d’histoire, soit comédien. Présentement, je suis humoriste et animateur.
As-tu étudié l’histoire?
Non. Je me suis toujours concentré sur l’art. Il n’y avait pas d’autre solution; c’est là que je m’en allais. Sauf que pendant la pandémie, j’ai momentanément pensé faire un retour aux études, même si ma carrière allait très bien. Elle me permet de gagner ma vie depuis 15 ans, c’est-à-dire depuis mon premier Olivier en 2009. Ça fait 15 ans que je suis, entre guillemets, «connu». Je l’ai réalisé en préparant le livre que je viens de lancer.
De quoi traite ton livre?
Un jour, j’ai annoncé mon premier one man show à midi et demi. J’ai appris à ce moment-là que Xavier avait un cancer du cerveau. J’ai d’ailleurs quitté la conférence de presse annonçant mon spectacle en catastrophe parce que je recevais des textos concernant mon fils. Il n’y a rien qui passe avant lui. J’ai dit à mon gérant: «Annule la tournée, il faut que je sois avec Xavier.» La pandémie et les récidives sont arrivées. Alors le livre, ce sont entre autres les textes de mon one man show, que je n’ai pu présenter que 40 fois à cause de la pandémie. Et Marie-Annick Lépine, la veuve de Karl Tremblay (le chanteur des Cowboys Fringants, décédé en novembre dernier), en signe la préface.
Quel est votre lien?
Marie-Annick et moi, on se connaît depuis la fin de notre adolescence. Elle sait ce que c’est de divertir quand un proche vit un moment horrible. Karl est entré dans sa vie et on est tous devenus amis. Il a d’ailleurs été le premier à donner le biberon à Xavier. Pendant leurs maladies respectives, ils se sont envoyé de beaux messages de motivation. Finalement, au salon funéraire pour Karl, c’est Adib Alkhalidey qui m’a suggéré de faire un livre avec mon spectacle, qui s’est terminé en raison des circonstances.
Quel est le titre de ton livre?
Le même que mon spectacle, Bisou. Mais on a ajouté Le one man show damné qui n’a presque jamais vu le jour.
Steak, blé d’Inde, patates est diffusée à Historia les vendredis, à 21 h. Son livre Bisou: Le one man show damné qui n’a presque jamais vu le jour est disponible en librairie.