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Le féminisme est une stratégie des femmes pour contrôler la société, selon 20% des jeunes Québécois

AFP
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Anne-Sophie Poiré

8 novembre 2023
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Pas moins de 20% des jeunes Québécois de 18-34 ans estiment que «le féminisme est une stratégie pour permettre aux femmes de contrôler la société», révèle un nouveau sondage de la firme Léger. Faut-il s’inquiéter de la popularité du discours antiféministe au pays et dans le monde?

«On sait qu’une plus grande proportion de femmes se dit féministe aujourd’hui avec le web et les réseaux sociaux. C’est la même chose pour les jeunes hommes, qui ont beaucoup plus de facilité à suivre des influenceurs antiféministes, comme Andrew Tate, qui est devenu l’idole de beaucoup d’entre eux», avance le professeur de science politique à l'UQAM qui se spécialise dans l’antiféminisme, Francis Dupuis-Déri. 

• À lire aussi: L'influenceur aux propos misogynes: le dangereux Andrew Tate

Andrew Tate
Andrew Tate AFP

Un coup de sonde mené en septembre par la firme Léger pour le Centre québécois d’éducation aux médias et à l’information (CQÉMI) cherchait à évaluer les perceptions et croyances des Québécois sur des enjeux liés aux médias et à la désinformation. 

Parmi les sujets abordés: les changements climatiques, les extraterrestres, l’immigration et le féminisme. 

Alors que 6% des répondants âgés de 55 ans et plus sont d’avis que «le féminisme est une stratégie pour permettre aux femmes de contrôler la société», ce taux grimpe à 20% chez les 18-34 ans. 

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L’antiféminisme en ligne

Francis Dupuis-Déri ne s’étonne pas de ces résultats. Des enquêtes menées à travers le monde arrivent aux mêmes conclusions. 

Un adolescent sur quatre âgé de 13 à 15 ans entretient, par exemple, une opinion positive d’Andrew Tate, cet influenceur champion autoproclamé de la misogynie et de la «masculinité toxique», selon un sondage YouGov conduit en mai dernier

L’ancien kickboxeur de 36 ans, qui a connu la gloire sur les réseaux sociaux, est aujourd’hui accusé de crime organisé, de trafic humain et de viol. 

• À lire aussi: TikTok, Facebook, Instagram et YouTube ont banni l'influenceur misogyne Andrew Tate

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«En France, une enquête menée par le gouvernement démontre que la misogynie et le sexisme sont en hausse», poursuit le professeur Dupuis-Déri. 

Parmi les hommes de 25 à 34 ans, 25% estiment en effet qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter, concluait un rapport sur l’état du sexisme en France publié en janvier dernier. 

Pour l’expert, le fait d’être jeune ne devrait pas être considéré comme un facteur favorisant l’adhésion à la pensée féministe. 

«On sait que les jeunes hommes sont en contact avec de l’antiféminisme en ligne, beaucoup plus que ceux plus âgés. On sait aussi que les choses peuvent reculer rapidement: on l’a vu aux États-Unis avec l’avortement.» 

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«Quand il est question d’égalité, il y a aussi des forces conservatrices et réactionnaires qui tirent vers l’arrière, fait-il valoir. Le Québec ne fait pas exception même si on se considère comme une société égalitaire.» 

Une menace croissante

Dans ce contexte, devrait-on craindre la montée du mouvement antiféministe? 

Des experts croient qu’il s’agit en effet d’une menace croissante envers la sécurité du pays. On peut notamment penser aux attentats réclamés par les célibataires involontaires comme l’attaque au camion-bélier qui avait coûté la vie à une dizaine de personnes à Toronto en 2018, rappelle Francis Dupuis-Déri. 

Le mouvement «incel» tire son nom d'une contraction en anglais des mots «célibataire» et «involontaire». Cette sous-culture masculiniste et misogyne prend racine dans des groupes de discussion en ligne. 

Depuis 2014, les célibataires involontaires sont responsables d’une centaine de meurtres à travers le monde. 

«On constate également la montée du mouvement antiféministe avec la croissance des cyberattaques et du cyberharcèlement envers les femmes qui prennent la parole dans l’espace public», ajoute M. Dupuis-Déri. 

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