«Le féminisme de gauche, c’est une arnaque», estime une militante française

André-Sylvain Latour
Le débat féministe est verrouillé par la gauche et empêche d’autres voix de se faire entendre, selon la militante française Alice Cordier.
Alice Cordier n’a que 26 ans, mais déjà elle ébranle les colonnes du temple. Ses adversaires la qualifient d’extrême droite, lui crient des injures et vont même jusqu’à la menacer de mort. Mais cela n’arrête pas la militante française, qui affirme ne dénoncer que les nouvelles formes de violences.
L‘extrême droite, «c’est un mot utilisé par nos adversaires politiques pour nous discréditer, a-t-elle affirmé au micro de Benoit Dutrizac, à QUB, diffusé au 99,5 FM. La droite nous soutient parce qu’elle a une réflexion sur la situation migratoire.»
Madame Cordier se défend. Oui, elle dénonce l’impact de l’immigration en France. Oui, elle s’indigne de l’influence de l’Islam dans son pays. Mais selon elle, c’est un débat nécessaire, même s’il se fait dans un épais brouillard de perceptions.
«Je pense que le féminisme est monopolisé par l’extrême gauche, qui cherche à manipuler les masses», dit la militante.
Si elle est convaincue par la cause qu’elle défend, il n’en demeure pas moins que la controverse fait mal à la vie privée de la jeune femme. En raison des menaces qu’elle reçoit régulièrement, elle a été forcée de changer ses habitudes et ne peut plus utiliser les transports en commun. Pendant la marche de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier, les autorités lui ont attribué une escorte policière pour faire valoir son droit de parole. Et qu’en ont dit ses alliés?
«On n’en a pas beaucoup, a-t-elle déploré. Nous sommes les seules à dire ce qui se passe dans les rues et les foyers.»
La militante Alice Cordier explique son combat au micro de Benoit Dutrizac, à QUB, diffusé au 99,5 FM.
Mais les militantes continuent de la suivre, même au prix de leur carrière. Selon elle, plusieurs ne parviennent plus à se trouver un emploi en raison de leur prise de position. Ce serait le prix pour dénoncer la situation de l’immigration... et la religion.
«Certains professeurs se censurent dans les classes.» Par peur, croit-elle. Pourtant, la France a séparé l’État et la religion en 1905.
Au Canada, la Charte des droits et libertés débute avec la phrase suivante:
«Attendu que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit».
Ce n’est qu’en 2019 que le Québec a adopté sa loi sur la laïcité et que le crucifix a finalement été retiré de l’Assemblée nationale. Jeudi seulement, le ministre de l’Éducation Bernard Drainville serrait la vis dans les établissements scolaires de la province, faisant écho au scandale de l’école Bedford menant à la suspension de 11 enseignants.
Le Québec semble s’aligner de plus en plus sur une laïcité à la française, où l’État et ses institutions sont imperméables à la religion. Mais il s’agit-là d’une laïcité encore toute fraîche au cœur d’un débat toujours aussi brûlant.
Si un état comme la France a clamé haut et fort sa séparation avec la religion il y a 120 ans, et que les militantes comme Alice Cordier sont toujours intimidées, combien de temps durera la tempête au Québec? À nos enfants de le dire.