Le délestage ne suffira pas, admet Québec
Vincent Larin | Agence QMI
Aux prises avec une «avalanche» de patients atteints de la COVID-19 et un record de travailleurs de la santé absents, Québec prévoit qu’il manquera de places dans les hôpitaux sous peu, du jamais vu depuis le début de la pandémie.
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Face à cette situation «très, très, très difficile», le ministre de la Santé, Christian Dubé, a indiqué jeudi qu’il travaillait avec les syndicats du milieu dans l’espoir d’ouvrir 1000 lits d’hospitalisations supplémentaires.
«On regarde toutes les solutions en ce moment», a-t-il affirmé alors qu’environ 20 000 employés du réseau de la santé sont sur la touche à cause de la COVID-19 et 30 000 autres pour diverses raisons, dont l’épuisement.
Le délestage insuffisant
Au moment où plusieurs centres hospitaliers ont déjà atteint le dernier palier de délestage, le niveau 4, c’est-à-dire qu’ils reportent plus de 50 % des chirurgies non urgentes pour traiter des patients atteints de la COVID-19, le gouvernement estime que cela sera tout de même insuffisant.
«Il y en a de plus en plus qui vont aller à un niveau de délestage 4, mais ce ne sera pas assez pour traiter tous les patients qu’on va avoir dans les semaines qui suivent», a d'ailleurs admis la sous-ministre adjointe, la Dre Lucie Opatrny.
Ainsi, des chirurgies cardiaques ou certains types de cancers pourraient être reportés, a-t-elle expliqué en prévenant qu’«on ne pourra pas être sur ce beat-là de manière indéfinie». Malgré tout, le gouvernement n’est pas encore rendu à devoir décider qui a accès aux soins ou non selon le protocole de priorisation, a précisé la Dre Opatrny.
Si la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) se dit prête à collaborer avec le gouvernement pour trouver des solutions au manque de personnel, sa présidente estime qu’il faut se concentrer à retenir les soignants toujours en poste.
«Les gens qui travaillent présentement dans le réseau, quand on parle d’application de l’arrêté 007 où on donne plein de pouvoir à l’employeur, dont la possibilité d’aller jusqu’à annuler les vacances ou encore des congés, évidemment que ce n’est pas du tout la chose à faire», a dit Julie Bouchard, la présidente provinciale de la FIQ.
Record d’hospitalisations
La province se dirige vers un record de plus de 3000 hospitalisations, dont plus de 400 aux soins intensifs.
C’est ce qu’entrevoit l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), selon des projections publiées jeudi, où l’effet des mesures sanitaires mises en place récemment n’est pas encore visible.
L'INESSS indique aussi ne plus être en mesure de produire de façon fiable ce rapport de prédiction puisqu’en raison du plafonnement des capacités de dépistage au cours de la dernière semaine, le nombre de cas réels de cas est dorénavant sous-estimé.
À ce sujet, le ministre Christian Dubé a précisé qu’une plateforme «d’autodéclaration» des cas est en train d’être élaborée pour permettre aux Québécois déclarés positifs à la COVID-19 de le faire savoir aux autorités.
«Plusieurs personnes sont hospitalisées pour une raison autre que la COVID, mais sont ensuite déclarées positives (diagnostic secondaire) lors de leur admission ou durant leur séjour. Cette proportion pourrait représenter près de 50 % des lits réguliers et plus de 15 % des lits aux soins intensifs», a également indiqué l’Institut.
-Avec la collaboration de Clara Loiseau, Le Journal de Montréal
Écoutez l’entrevue Dr. Luc Boileau, président-directeur-général de l’INESSS: