Pourquoi le défilé de la Fierté 2022 à Montréal a réellement été annulé? On fait le point
Camille Dauphinais-Pelletier et Julien Bouthillier
Le défilé de Fierté Montréal a été annulé dimanche matin, quelques heures seulement avant le moment où il devait s'amorcer. Les raisons «de sécurité» évoquées dans la publication Facebook de l'organisation ont soulevé plusieurs questions, notamment entourant le SPVM. On fait le point.
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L'annulation du défilé 2022
Petit résumé de la situation : le défilé était prévu pour 13h, dimanche dernier, et environ 100 000 personnes étaient attendues, dont 12 000 participants, incluant plusieurs politiciens et politiciennes. Mais un peu après 9h, Fierté Montréal a publié un message qui a pris tout le monde par surprise sur ses réseaux sociaux.
«Nous annonçons à regret que l’emblématique Défilé de la Fierté n’aura pas lieu aujourd’hui pour des raisons de sécurité. Un manque d’effectifs pour assurer la sécurité le long du parcours est à la source de cette décision prise en accord avec le SPVM tôt ce matin», a écrit Fierté Montréal dans la publication.
Rapidement, des centaines de commentaires se sont mis à apparaître, négatifs pour la plupart. «Vraiment décevant pour les participants. Une annulation à quelques heures de l'évènement pour une problématique assurément connue depuis un moment. Très ordinaire», a écrit une utilisatrice sur Facebook, résumant bien le sentiment de plusieurs.
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Manque d'effectifs
En entrevue avec le 24 heures, le directeur général de Fierté Montréal, Simon Gamache, a affirmé qu'il manquait environ 80 personnes (salariées ou bénévoles) pour permettre la tenue de l'événement.
M. Gamache a dit qu'il en avait été informé le matin même uniquement, et qu'à ce moment, il était trop tard pour tenter de recruter du personnel ou des bénévoles, étant donné que ces personnes devaient être formées. Dans les publications de Fierté Montréal faites au cours des derniers jours, rien ne laissait paraître que le défilé était en péril, ou que l'organisation était à la recherche urgente de bénévoles.
Tout le monde a sembé pris de court dimanche: la mairesse de Montréal Valérie Plante a d'ailleurs mentionné (en marge d'un point de presse à un autre sujet) que la Ville aurait pu aider au maintien du défilé si elle avait été avisée du problème. «[Si] on avait été au courant qu'il manquait des effectifs, on aurait fait le nécessaire», a-t-elle dit.
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Et le SPVM?
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a confirmé au 24 heures dimanche que ses agents étaient prêts à jouer leur rôle tout au long du trajet. Une partie du boulevard René-Lévesque était d'ailleurs déjà fermée à la circulation. Le SPVM dit avoir appris comme tout le monde que l'événement ne se tiendrait pas en matinée.
Plusieurs commentaires laissés sur la page Facebook de Fierté Montréal dimanche matin faisaient référence au fait que les policiers du SPVM avaient été écartés du défilé par l'organisation, comme le rapportait Le Devoir samedi. Mais Fierté Montréal a confirmé au 24 heures que cette interdiction de participation concernait uniquement certains policiers qui voulaient prendre part à l'événement en uniforme comme marcheurs.
Le SPVM devait bel et bien encadrer la sécurité de l'événement, et Fierté Montréal a assuré au 24 heures que le corps de police avait été très collaboratif tout au long de la planification du défilé.
Bilan et comptes à rendre à la mairesse
La mairesse de Montréal a sollicité une rencontre avec le directeur général et le président.e du conseil d'administration (CA) de Fierté Montréal afin de faire le point sur le fiasco ayant mené à l'annulation. La rencontre a eu lieu lundi soir.
La mairesse s'est dite très satisfaite de sa rencontre, soulignant que Fierté Montréal «a accepté qu’une enquête indépendante fasse la lumière sur l’annulation du défilé et émette des recommandations pour assurer le succès des prochaines éditions».
De son côté, le conseil d'administration de Fierté Montréal se dit «déterminé à faire la lumière sur les raisons qui ont mené à l'annulation du défilé et poursuit ses rencontres avec les responsables de l'organisation qui ont pris cette décision à la dernière minute».
Rappelons que la Ville de Montréal avait octroyé une subvention de 600 000$ à Fierté Montréal pour l'organisation de l'ensemble de la semaine de festivités. Le gouvernement du Québec avait quant à lui accordé 1,1 million à l'organisme.
Sur Twitter, François Legault a rappellé que «même si l’événement est annulé, c’est important que les minorités sexuelles et de genre se sentent à l’aise dans notre société» tout en soulignant qu'«il reste encore du travail à faire pour lutter contre la discrimination».