Le couvre-feu, pas facile pour la santé mentale - surtout si on doute de son efficacité
Jean-Michel Clermont-Goulet et Genevieve Abran
L’imposition d’un couvre-feu, qui sera mis en place pour une deuxième fois au Québec dès vendredi soir à 22h, a un impact sur la santé mentale, affirme une psychologue.
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Geneviève Beaulieu-Pelletier ne peut pas se prononcer sur l’efficacité du couvre-feu pour lutter contre la COVID-19, mais elle a une certitude: une telle mesure a des impacts sur notre santé mentale.
Toutes les mesures qui nous sont imposées en ont une, nuance-t-elle, mais le couvre-feu est particulièrement difficile pour plusieurs, remarque-t-elle. Ne pas pouvoir sortir entre des heures précises (22h et 5h du matin dans ce cas-ci) peut être difficile, surtout à un moment où on ne peut plus se rassembler ni sortir au restaurant, par exemple.
«Pour certains, la marche en soirée, c’est réellement tout ce qui leur reste pour avoir une qualité de vie, avoir une certaine liberté dans leur quotidien», dit Dre Beaulieu-Pelletier.
Il y a aussi le fait que plusieurs personnes remettent en question l’efficacité du couvre-feu pour limiter les impacts de la COVID-19. Et quand une mesure sème le doute, c’est encore pire sur le moral, poursuit Dre Beaulieu-Pelletier.
«Lorsqu’il y a un doute, pour l’esprit humain, c’est toujours plus difficile. [...] Ça laisse poindre beaucoup plus de frustration et d’incompréhension.»
«Comme on est mitigé face à l’effet positif que pourrait avoir un couvre-feu, ça fait en sorte que le contrôle est perçu encore plus fortement de manière négative.»
Rappelons qu’un couvre-feu avait été mis en place au Québec du 9 janvier au 28 mai 2021. Aucune autre province canadienne n’avait adopté cette mesure.
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Des besoins négligés
Nos besoins psychologiques fondamentaux sont constamment affectés par les mesures sanitaires depuis le début de la pandémie, mentionne la Dre Beaulieu-Pelletier. Il y en a trois : le besoin de se sentir connecté avec les autres, le besoin d’autonomie et le besoin de compétence. «On voit des incidences sur la santé psychologique», remarque-t-elle.
Les appels à l’aide chez Tel-jeunes ont d’ailleurs augmenté de 25 à 30% depuis le début de la crise sanitaire, a indiqué la coordonnatrice en expertise et innovation Myriam Day Asselin sur les ondes de l’émission de radio Le 15-18.
Les appels augmentent chaque fois qu’il y a des nouvelles mesures ou que les cas augmentent. «[Les] jeunes vont nous appeler pour l’anxiété, le stress, un sentiment de déprime, de découragement aussi», a-t-elle expliqué.
Si Tel-jeunes aide les jeunes en détresse depuis de nombreuses années, Mme Day Asselin remarque une différence depuis la pandémie. «C’est une détresse qui est particulière depuis deux ans. C'est vraiment une espèce de découragement. Les capacités d’adaptation sont mises à rude épreuve.»
Vous avez besoin d'aide?
- Ligne québécoise de prévention du suicide • www.aqps.info • 1-866-APPELLE (277-3553)
- Jeunesse, J’écoute • www.jeunessejecoute.ca • 1-800-668-6868
- Tel-jeunes • www.teljeunes.com • 1-800-263-2266
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