Le couvre-feu inquiète les centres de femmes violentées
Jean Houle | TVA Nouvelles
Les maisons d'hébergement pour femmes victimes de violence craignent les conséquences du nouveau couvre-feu imposé par le gouvernement Legault.
Elles s'appuient sur l'expérience du printemps dernier pour anticiper une augmentation des demandes, alors que plusieurs sont déjà débordées.
Les 12 chambres de La Chambrée de Jonquière, par exemple, sont déjà occupées, depuis le début de la pandémie ou presque.
«J'ai une femme qui a quitté jeudi, mais j'ai aussitôt reçu trois appels... On a donc dû en refuser deux!», signale Rebecca (nom fictif), une intervenante qui travaille à La Chambrée.
Les appels sont alors redirigés vers les centres spécialisés de Chicoutimi et La Baie.
«Si ces centres n'ont pas de place, on appelle alors le 8-1-1 pour trouver une place d'urgence», poursuit-elle.
La levée du couvre-feu, au printemps 2021, avait provoqué une augmentation des appels à l'aide dans les centres d'hébergement pour femmes victimes de violence. Selon la travailleuse, la mesure risque de décourager les victimes de quitter leur milieu nocif.
«Souvent, les victimes pensent qu'elles doivent absolument respecter le couvre-feu, observe Rebecca. Mais dans les cas de violence conjugale, le couvre-feu ne s'applique pas. Une femme qui décide de partir à 22 h 30 pour se réfugier ailleurs ne recevra pas d'amende.»
Des employeurs inquiets
Le retour du télétravail peut aussi alourdir le climat familial. Par contre, une simple réunion Zoom peut parfois sonner une cloche.
«Nous recevons beaucoup d'appels d'employeurs qui nous disent avoir remarqué des signes inquiétants chez une de leurs employées», précise l'intervenante. «Parfois des cris entendus... Les employeurs nous demandent comment ils peuvent aider.»
Des ressources sont disponibles en tout temps dans les centres d'hébergement pour femmes victimes de violence. Elles peuvent être rejointes par texto ou par Facebook.
«On fera le maximum pour au moins fixer un rendez-vous téléphonique le plus vite possible», assure l’intervenante.
Écoutez l’entrevue de Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes