[EN IMAGES] Convoi vers Québec: large comité d’accueil à Stoneham
Dominique Lelièvre
Disant en avoir «assez» des mesures sanitaires, de nombreux sympathisants ont accueilli à Stoneham jeudi soir un premier convoi de la Côte-Nord et du Saguenay, sur son chemin vers Québec.
• À lire aussi: «Notre image mange une claque chaque fois!», estime un camionneur
• À lire aussi: «Convoi de la liberté»: l’étau se resserre à Ottawa
• À lire aussi: Convoi de camionneurs: Québec pourrait être assiégée
Le convoi, avec à sa tête Bernard «Rambo» Gauthier, a été accueilli triomphalement vers 17 h sous le son nourri des klaxons.
La foule s’est mise à scander «liberté» alors qu’un tracteur de remorque sur lequel on pouvait lire «Fuck Trudeau, Fuck Legault» faisait son entrée dans le stationnement de la station-service Petro-Canada du boulevard Talbot.
Le syndicaliste Bernard Gauthier a tout de suite annoncé ses couleurs en prenant la parole devant le rassemblement d’environ 250 personnes.
«Pour ce qui est de nos médias, je trouve ça cool, ils n’ont eu aucune entrevue des organisateurs, de nous autres, pis ça va continuer comme ça», a lancé l’homme, disant vouloir parler seulement avec les médias «alternatifs et régionaux».
«That’s it, that’s all, pis je vous invite tous samedi soir dans l’octogone avec moi et le Bonhomme Carnaval» a-t-il ironisé en référence aux personnes qui accusent le mouvement de faire ombrage à la fête hivernale.
Selon lui, la manifestation a pour but de faire savoir que «le monde est écoeuré» et qu’«on veut regagner nos vies pis retrouver nos vies».
Les membres du convoi avaient une attitude généralement fermée à l’endroit des médias. «Les médias mainstream, désolé, vous êtes toutes du bord du gouvernement», a accusé une dame.
«On n’abandonne pas»
Déclinant à son tour toute entrevue, Kevin «Big» Grenier, un des organisateurs du convoi de la Côte-Nord, a toutefois affirmé que le but n’était pas de faire du grabuge. «On s’en va pacifiquement, main dans la main.».
Dans une vidéo diffusée plus tôt en direct sur les réseaux sociaux, il avait soutenu que l’objectif n’est pas de «fucker votre carnaval» ou de «jammer votre ville» tout en prévenant du même souffle : «on n’abandonne pas et on ne quitte pas Québec tant et aussi longtemps qu’on n’a pas eu qu’est-ce (sic) qu’on voulait.»
«On veut redonner une liberté à nos citoyens», a-t-il insisté, au moment où la COVID-19 continue de faire des victimes au Québec — dont plus de 1500 le mois dernier.
À Stoneham-et-Tewkesbury, l’ambiance était généralement festive. Tant des travailleurs, des parents avec des poussettes que des retraités se sont réunis pour soutenir le mouvement inspiré du siège en cours à Ottawa.
«Le message qu’on veut faire passer, c’est que les mesures sanitaires actuelles, je trouve, sont exagérées et ne s’appuient pas sur la science vraiment. On dirait que ce sont des mesures qui sont plus politiques [...] C’est assez», a déclaré Sasha Damien, 40 ans, de Québec, qui était venu avec sa fille de deux ans.
Le résident en a entre autres contre le passeport vaccinal. Il a l’intention d’aller manifester devant l’Assemblée nationale dans les prochains jours, comme il l’a d’ailleurs fait dans la capitale fédérale dernièrement. «On ne veut aucun débordement», prévient-il.
Quant à la durée de la mobilisation, «c’est dur à dire [...], je pense que ça va s’étirer le temps qu’il faut pour que le gouvernement voie que la population est très tannée de toutes ses mesures», soutient-il.
Plusieurs revendications
Camionneur, Jean Dion, de Charlesbourg, a rejoint pour la soirée le convoi vers Québec avec son camion, mais n’avait pas l’intention de laisser son poids lourd au centre-ville pour la nuit. «Si je vais parker le camion, je ne sors plus!», craint-il.
«Je pense que le gouvernement n’écoute pas le peuple. Ce qui doit changer, premièrement, ce sont les restrictions sur le COVID-19, c’est exagéré», affirme l’homme de 64 ans, qui se dit vacciné trois fois.
«Moi, je suis ici pour me battre pour ma liberté [...] je suis rendu prisonnier dans mon propre pays», a dénoncé un autre manifestant, un homme trentenaire de Stoneham qui refuse l’injection contre la COVID-19, et qui est aussi allé manifester son mécontentement à Ottawa.
Anthony Palmer, propriétaire d’une compagnie de transport et résident de Stoneham, s’est aussi déplacé pour appuyer le convoi québécois, mais ira manifester samedi à Ottawa plutôt qu’à Québec avec son camion.
«Je pense qu’on a chacun nos combats à faire, je pense qu’en premier lieu il faut se consacrer là-bas [à Ottawa] pour avoir un effet de masse, et je pense que Québec va avoir son tour bien assez vite. [...] Je pense qu’il y a du monde qui ne sont pas capables d’aller à Ottawa pour différentes raisons et on les comprend», affirme-t-il.
«Nous autres, on n’est clairement pas “antivax”. J’ai mes trois doses, je suis vacciné. Je suis là pour mes chauffeurs, je suis là pour mon entourage. J’ai refusé des contrats, moi, à l’extérieur, parce que j’ai des chauffeurs qui ne veulent pas se faire vacciner, et ils ont le droit. [...] Je ne crisserai pas mes chauffeurs dehors parce qu’ils ne sont pas vaccinés», déplore-t-il.
Peu de camions
Seuls une vingtaine de véhicules et sept camions se sont arrêtés à ce «point de ravitaillement» à Stoneham, tandis que plusieurs autres ont semblé poursuivre leur chemin vers le sud.
Le convoi s’était mis en route tôt le matin à Sept-Îles, faisant plusieurs arrêts sur sa route, notamment à Saguenay, où le cortège comptait alors plus d’une centaine de véhicules, mais bien peu de poids lourds.
«Fiez-vous pas à la grosseur du convoi. Il y en a qui n’aiment pas ça rouler en convoi, donc ils se sont lancés tout seuls, pas de convoi. Beaucoup de monde monte demain, samedi aussi. Ça va monter sur trois jours, j’ai hâte de voir ce que ça va faire», a mentionné dans une vidéo Facebook au volant de son véhicule l’organisateur Bernard Gauthier.
Un peu partout sur la route, des manifestants, des citoyens se sont massés en petits groupes pour les encourager. Selon les dires de Bernard Gauthier, plusieurs personnes ont aussi remis des dons en argent aux organisateurs pour les soutenir.
— Avec la collaboration de Pierre-Paul Biron
- Écoutez l’entrevue de Bruno Cossette, participant à la manifestation et au convoi se dirigeant vers Québec