Le conseil de Steve Shutt à Cole Caufield
Louis-André Larivière
En 2022, Cole Caufield endosse le numéro 22 autrefois apposé au dos du maillot de Steve Shutt. Les deux ailiers ont entamé leur carrière avec une réputation de marqueur naturel. À leurs premiers coups de patins chez les professionnels, ils ont tous deux marqué, éliminatoires incluses, huit buts à leur première année avec les Canadiens de Montréal.
Après une inquiétante récolte de sept points en 30 joutes, le jeune Américain est revigoré depuis l’arrivée de Martin St-Louis : six buts et 10 points en huit matchs, avant les duels de mardi. Shutt, qui n'a jamais rencontré le jeune droitier en personne, est ravi de le voir sortir de sa coquille. Il lui aurait volontiers offert un précieux conseil lorsqu'il semblait avoir la confiance dans les talons.
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«Une chose que je dirais à Cole, c’est "tu as compté huit buts (NDLR : y compris les séries) à ta première année. Tu t’es amené comme un marqueur dans l'organisation. Ce sont des choses qui arrivent. Tu n’as pas perdu tes habiletés. C’est comme ça parfois... bienvenue dans la LNH"!»
Lorsque les performances du CH étaient pénibles à regarder, Shutt admet avoir décroché. Il dit avoir récemment recommencé à syntoniser les matchs à la télé, à sa résidence floridienne, depuis que la qualité du spectacle s’est améliorée. À commencer par ce qu'il voit de Caufield chaque soir.
«Je l’observe depuis quelques matchs. Dès qu’il y a une ouverture, il saute dedans et se met dans une position idéale pour marquer. Avant, il était trop à l’extérieur. Tu ne compteras pas beaucoup de buts dans la LNH de cette façon.
«Là, il se salit le nez et déploie sa vitesse. C’est ce qu’il doit continuer de faire. Il revient à son jeu.»
«Plusieurs similitudes»
Sachant que Shutt faisait aussi preuve d’un positionnement opportun pour saisir et enfiler des rondelles, voit-il des traits communs avec l’héritier du numéro 22?
«Il y a plusieurs similitudes. Ni moi ni lui n’allions bousculer un joueur pour lui enlever la rondelle. Comme je le faisais, il saisit les occasions qui s'offrent à lui pour marquer, il se faufile dans les trous. Et il possède un tir furtif.»
Avant de revenir avec le CH comme instructeur adjoint pendant quatre saisons, Shutt a été intronisé au Temple de la renommée en 1993, année à laquelle remonte la dernière conquête du club.
L’Ontarien de 69 ans a beau avoir joué sur le même trio que Guy Lafleur et Jacques Lemaire, on ne marque pas 60 buts par hasard dans la LNH – un record d’équipe qu’il partage d’ailleurs avec le «Démon blond».
On ne colle pas non plus neuf saisons consécutives de 30 buts - autre marque de concession - sans avoir un talent extraordinaire.
Un tir des ligues majeures
Des gardiens de buts de l’époque comme Billy Smith et Gerry Cheevers craignaient le tir foudroyant de Shutt, arme qu’il perfectionnait en mitraillant 50 rondelles à 9 mètres du filet après les entraînements (il dit les avoir déjà toutes expédiées en 9 secondes!) et avait d'ailleurs initié Pierre Turgeon à cet exercice à l'occasion d'une intime leçon en octobre 1995.
Pour revenir à l'ère actuelle, le pouvoir qu'a Caufield de mystifier les gardiens adverses à l'aide de ses mains agiles impressionne l'ex-vedette.
«Cole se dote certainement d'un lancer des ligues majeures, laisse-t-il savoir. Son talent diffère de celui que j’apportais à l’équipe, mais ça reste très semblable.»
Enfin, pour la petite histoire, Shutt arborait le numéro 9 lorsqu’il brûlait la ligue ontarienne avec les Marlboros de Toronto. Caufield avait le 8 au dos lorsqu’il était en voie de remporter le Hobey-Baker à l’Université du Wisconsin.
Aucun des deux n’a demandé à porter le 22, qui a été utilisé par 28 patineurs différents du club, selon le site hockey-reference.com.