Le chef républicain Kevin McCarthy joue son poste au Congrès américain
Agence France-Presse
Un tel vote n'a pas eu lieu depuis plus d'un siècle aux États-Unis: le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, risque de se voir évincé mardi de son poste, victime de querelles fratricides au sein de son parti.
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Un élu de la droite dure américaine, Matt Gaetz, a déposé une motion pour destituer le «speaker», pourtant membre de son parti, qui va être examiné au Congrès dans l'après-midi.
Il reproche principalement à Kevin McCarthy d'avoir négocié avec les élus démocrates un budget provisoire pour financer l'administration fédérale auquel s'opposaient de nombreux conservateurs. Il accuse aussi le ténor républicain d'avoir conclu un «accord secret» avec le président Joe Biden sur une possible future enveloppe pour l'Ukraine.
Or l'aile droite du Parti républicain s'oppose vivement au déblocage de fonds supplémentaires pour Kiev, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.
Cette manœuvre procédurale de destitution, très rarement utilisée dans l'histoire parlementaire américaine, va déclencher une épreuve de force périlleuse à la chambre basse.
Le président de la Chambre des représentants s'est toutefois voulu confiant mardi: «Je pense que je vais tenir le coup», a déclaré Kevin McCarthy, quelques heures avant l'examen de la motion de censure.
Pour être adoptée, cette motion nécessite un vote à la majorité à la Chambre, où siègent 435 membres.
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Mais qu'importe que l'immense majorité du groupe parlementaire de Kevin McCarthy le soutienne publiquement: les trumpistes disposent d'un veto de fait dans cette institution, compte tenu de la très fine majorité républicaine.
«Je vais soutenir la motion de destitution parce que nous avons plus de 33 000 milliards de dollars de dette», a déclaré mardi l'élu du Tennessee Tim Burchett. «Nous devons soit changer de cap, soit changer de leadership», a-t-il estimé.
Une destitution de Kevin McCarthy serait complètement inédite: aucun «speaker» n'a jamais été évincé de son poste dans l'histoire des États-Unis.
Pour se sortir de cette impasse, le quinquagénaire a tenté d'utiliser une série de manœuvres procédurales, appelant notamment à ajourner l'examen de la motion de destitution. Mais ces tentatives ont pour l'instant toutes échoué, accentuant la pression sur l'élu de Californie.
Kevin McCarthy ne pourra pas non plus compter sur le fait que les démocrates viennent à sa rescousse avec leurs voix.
«C'est au parti républicain de mettre fin à la guerre civile des républicains à la Chambre», a tranché le chef démocrate Hakeem Jeffries dans une lettre après une longue réunion avec son groupe parlementaire.
Il a exhorté les membres de son parti à voter en faveur de la motion de destitution.
Kevin McCarthy, 58 ans, avait déjà été élu au forceps en janvier, en raison de la très mince majorité républicaine.
Pour accéder au perchoir, il avait dû faire d'énormes concessions avec une vingtaine de trumpistes, dont la possibilité que n'importe quel élu ait le pouvoir de convoquer un vote pour le destituer.
Une promesse qui revient le hanter mardi.