Le changement au Québec est difficile
Mario Dumont
François Legault a tenté hier de reprendre l’initiative sur le thème du changement. Il y a là un côté naturel pour lui. Reportons-nous à 2018 : il est porté au pouvoir à la tête de son nouveau parti fondé à peine quelques années auparavant. Il se retrouve alors majoritaire et entouré d’une solide équipe. Toutes les conditions sont réunies pour du changement.
La pandémie a évidemment agi comme une météorite tombée au milieu de son mandat. Au sortir de la pandémie et après trois ans au pouvoir, monsieur Legault peut-il encore se présenter comme un moteur de changement ?
Probablement. Mais la barre est plus haute qu’il y a trois ans. Certains enjeux comme les services de garde et les soins de santé se sont englués, rendant le changement encore plus périlleux.
Dans son grand discours d’hier, François Legault a utilisé diverses formules pour appeler au changement, notamment celle-ci : « Le danger qui nous guette, c’est la tentation de l’immobilisme, de l’inaction ».
Conditions favorables
Cette affirmation du premier ministre semble pleine de promesses et d’espoir. Malheureusement, l’histoire nous a appris que le changement au Québec est difficile. Les forces d’immobilisme sont ancrées profondément et solidement. Le modèle du gouvernement québécois s’est encroûté dans une bureaucratie lourde, faisant une place minimale à tout ce qui est entreprise privée, et sous le joug de syndicats puissants.
Si François Legault est sérieux lorsqu’il affirme vouloir secouer tout cela, il lui faudra du courage. Pour être un peu optimiste, je me dis que s’il veut vraiment transformer les façons de faire, il est aidé par deux conditions favorables.
La première est sa popularité et celle de son gouvernement. Un tel capital de sympathie peut aider à bouger les forces de l’inertie. Le soutien du public peut lui donner l’indispensable élan.
La deuxième est l’ampleur du désastre actuel dans le réseau de la santé. Le Journal titrait la semaine passée « Le modèle québécois craque de partout ». Un bon résumé de ce que l’on voit, de ce que l’on vit. Des systèmes qui craquent de partout... mais qui nous coûtent néanmoins les yeux de la tête.
Sceptiques confondus ?
Malgré ces deux conditions favorables au changement, je demeure sceptique. Les forces de résistance sont très mobilisées. Les grands syndicats du secteur public en mènent large ces temps-ci.
Le gouvernement va subir une pression de tous les instants pour faire UNE chose. Ajouter de l’argent pour faire un peu plus de ce qui ne marche pas !
Même dans les médias, plusieurs de ceux qui prétendent appeler au changement ne souhaitent que cela. Qu’on ajoute de l’argent, de l’argent, de l’argent... dans le même système, pour obtenir... les mêmes résultats : attente, pénuries, inefficacité.
Santé, éducation, famille, des ministères et des syndicats ont bouffé des ministres les uns après les autres. Hier, ils ont entendu un refrain familier : le changement... Ça ne fait plus peur.
Le gouvernement a un an pour surprendre.
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