Le Canada perd la confiance de ses alliés, selon deux experts en renseignement
Raphaël Pirro
Deux experts ayant travaillé dans les plus hautes sphères du renseignement de sécurité au Canada estiment que le pays a perdu la confiance de ses alliés en raison de sa gestion du dossier de l’ingérence chinoise dans la dernière année.
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«Nous avons d’excellents enquêteurs au Canada. Nous avons une excellente réputation sur le plan opérationnel. Sur le plan politique, on se tire dans le pied», a résumé Michel Juneau-Katsuya, ancien haut gradé du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) lors d’un comité parlementaire jeudi.
L’«ambivalence» du gouvernement de Justin Trudeau sur certains dossiers, comme ceux de Huawei ou du long et tortueux processus d’enquête sur l’ingérence étrangère, a de quoi donner du souci aux alliés du Canada, a-t-il expliqué.
«Le prix que nous avons payé maintenant collectivement est énorme», a poursuivi M. Juneau-Katsuya.
«Les gens perdent confiance dans le leadership de ce pays, ils perdent confiance dans les institutions, et encore pire, nos alliés perdent confiance dans notre habileté à régler le problème.»
Cette «ambivalence» n’est toutefois pas le propre que du gouvernement Trudeau et avait déjà été remarquée à l’international dans les années 1990.
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Assis à ses côtés, Daniel Jean, qui a travaillé dans les gouvernements Harper et Trudeau à titre de conseiller en renseignement et comme sous-ministre, s’est dit globalement d’accord avec les conclusions du rapporteur spécial David Johnston.
Dans un rapport préliminaire dévoilé peu avant sa démission, M. Johnston attribuait une grande part des problèmes du Canada à la manière dont est traitée l’information sensible dans les officines du gouvernement et, plus spécifiquement, à la manière dont le SCRS collabore avec le politique.
Le problème est profond et se trouve dans «la culture politique» du Canada, qui n’a pas tendance à traiter en priorité les dossiers liés au renseignement de sécurité. Il a appelé le Canada à «affûter ses instruments».
Selon MM. Jean et Juneau-Katsuya, le gouvernement doit agir «avec urgence» pour mettre des mesures en place afin de mieux se défendre, peu importe s’il entreprend ou non une enquête publique.
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Michel Juneau-Katsuya a plaidé pour l’adoption rapide d’une loi sur l’ingérence étrangère, notamment en ce qui a trait au processus électoral et à l’intimidation des diasporas ciblées par les gouvernements.
«L’un des gros, gros, gros problèmes à l’heure actuelle pour les forces de l’ordre, c’est la difficulté de pouvoir enquêter et éventuellement à amener devant les tribunaux des personnes qui ont commis des actes reprochables», a-t-il dit.
Il a aussi réclamé la mise sur pied d’une enquête publique. «Oui, maintenant il la faut.»
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