«Le Canada devrait exporter des armes létales en Ukraine»
TVA Nouvelles
Si l’invasion des Russes en Ukraine semble d’abord avoir surpris les forces ukrainiennes, celles-ci résistent pour le moment à l’armée russe qui tente d’avancer, non sans difficultés, pour atteindre Kiev et décapiter le gouvernement central.
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«La capacité de résistance de ces soldats et des civils ukrainiens épate la planète entière. Ils défendent très bien leur pays», lance Charles-Philippe David, fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, en entrevue à Mario Dumont.
Selon le spécialiste, malgré les colonnes de chars russes qui s’étendent sur des kilomètres et qui tentent d’avancer sur Kiev, des dommages importants à leurs troupes ont été rapportés au cours du week-end.
«L’armée puissante de la Russie l’est peut-être un petit peu moins que nous le prédisions, ou ce que Poutine prédisait. Plus le temps avance, plus cette guerre dure un bon moment, même si ça devait finir par une victoire russe, c’est tout un œil au beurre noir pour Vladimir Poutine. Je pense qu’il a sous-estimé cette résistance ukrainienne», analyse M. David.
Non seulement Poutine a sous-estimé la résistance ukrainienne, il a aussi sous-estimé l’aide apportée à l’Ukraine par l’Union européenne ainsi que nombreux autres pays, sans parler des sanctions économiques.
Isolé, Poutine a donc brandi la menace de l’arme nucléaire, une menace à laquelle n’ont pas répondu les États-Unis.
«Si on était dans une véritable escalade nucléaire, les États-Unis auraient mis leurs forces nucléaires en état d’alerte, et ils ne l’ont pas fait», soutient Charles-Philippe David.
Selon lui, la priorité est d’aider l’Ukraine sur le terrain en leur acheminant des armes permettant de neutraliser les chars d’assaut et les missiles.
«C’est la priorité des priorités. [...] Je le dis sur les ondes publiques : le Canada devrait accepter pour la première fois depuis longtemps d’exporter des armes létales [et pas seulement des casques et des vestes pare-balles]. On devrait nous aussi trouver la façon, par tous les moyens, de faire parvenir ces armes antichar et antimissile», soutient M. David.
L’OTAN s’organise
La bataille du ciel demeure aussi un enjeu préoccupant. Si Poutine ne semble pas avoir déployé un maximum d’avions de chasse pour le moment, l’Ukraine doit être en mesure de se défendre contre ces menaces potentielles.
Les avions de chasse sont en mesure de faire beaucoup de dégâts en bombardant à grande échelle plusieurs régions.
Si les pays de l’OTAN s’organisent pour défendre l’espace aérien ukrainien contre les Russes, ce qui se discute en ce moment, une telle décision provoquerait une escalade importante du conflit.
«Le fait que ça se discute déjà est pour moi une surprise incroyable», admet l’expert.
Des oligarques mécontents
Finalement le gel des avoirs bancaires des oligarques russes, ainsi que les nombreuses sanctions économiques, pourrait affaiblir Poutine politiquement.
Deux oligarques russes se sont d’ailleurs prononcés contre la guerre en Ukraine.
«Ils ont une influence énorme dans l’économie russe, c’est eux qui la possèdent! Poutine risque de payer un prix économique extrêmement lourd, si en plus sa guerre ne fonctionne pas comme il le souhaite. Poutine pourrait être curieusement dans une position politique délicate. Au final, qu’est-ce que Poutine va obtenir de cette invasion dans son plan de match qui était de récupérer l’Ukraine asseoir son pouvoir? En fait, il pourrait tout perdre», conclut le fondateur de la chaire Raoul-Dandurand.