Le Canada dans la mire de Trump dès le jour 1
Donald Trump a multiplié les décisions qui ont frappé l’imaginaire hier, donnant tout un spectacle
Mathieu-Robert Sauvé et Hugo Duchaine
Donald Trump a multiplié les coups d’éclat et les décisions-chocs au jour 1 de son second mandat, parmi lesquelles il a confirmé, hier soir, son intention d’imposer des tarifs au Canada dès le 1er février.
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«Nous envisageons [une hausse des tarifs douaniers] de l’ordre de 25% sur le Mexique et le Canada, car ils laissent un grand nombre de personnes [...] entrer [dans le pays], et beaucoup de fentanyl aussi», a déclaré le président investi quelques heures plus tôt, depuis la Maison-Blanche.
Trump a signé, lundi, tant de décrets qu’il a battu tous les records en la matière. Et les siens visaient à changer radicalement le visage des États-Unis. Notamment, il a...
- déclaré une «urgence nationale» à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, permettant ainsi de déployer les forces armées à la frontière;
- gracié 1500 Américains qui ont pris part aux émeutes du 6 janvier 2021;
- retiré les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat;
- annulé 78 mesures mises en place par le président Biden.
S’il a signé la majorité des décrets assis derrière le Bureau ovale, il en avait parafé certains sous un tonnerre d’applaudissements, dans l’aréna Capitol One, à Washington.
«Showman»
Fidèle à son style de politique spectacle des huit dernières années, il a terminé la séance en lançant des stylos utilisés à la foule telle une rock star.
«On retrouve le président showman issu du show-business américain. Il reprend en quelque sorte où il a laissé il y a quatre ans», commente le politologue Rafael Jacob, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques.
Dès midi, le président avait donné le ton à la journée haute en couleur.
«Ça va changer rapidement», a-t-il promis lors de son discours d’inauguration au Capitole, promettant de renverser le «déclin» de l’Amérique et d’instaurer un «âge d’or».
Une «libération»
Le plus vieux président jamais investi, à l’âge de 78 ans, a parlé d’une journée «de libération» pour les États-Unis, entouré des hommes les plus richissimes du pays, comme Elon Musk, de SpaceX, Mark Zuckerberg, de Facebook, et Jeff Bezos, d’Amazon.
Devant son prédécesseur Joe Biden, qui l’a écouté sans manifester la moindre émotion, le 47e président a énuméré une première série d’annonces, toutes frappant l’imaginaire, mais pour certaines difficiles à mettre en œuvre.
«C’est la première fois de l’ère moderne qu’un président américain met autant d’énergie à galvaniser sa base au début de son dernier mandat», a noté le politologue Rafael Jacob.
Ses décrets seront difficiles à appliquer, croit ce dernier. Si ceux-ci entrent en vigueur sur-le-champ, ils pourront être contestés rapidement devant les tribunaux.
Contestation à venir?
Le président n’est pas non plus à l’abri de contestations populaires.
Par exemple, «quand on verra sur les réseaux sociaux et les grands médias des images de personnes arrêtées et refoulées [dans le cadre des déportations massives promises par Trump], l’opinion publique pourra se retourner contre lui», dit M. Jacob.
Parmi ses nombreuses annonces, il a promis de «reprendre» le canal de Panama et de renommer le golfe du Mexique en celui «de l’Amérique», provoquant notamment un fou rire chez son ancienne adversaire, Hillary Clinton, présente à l’investiture.
«Dieu m’a sauvé pour que je rende sa grandeur à l’Amérique», a déclaré le président, en référence à une tentative d’assassinat contre lui cet été.
— Avec l’AFP