Le Canada à la Coupe du monde!
Dave Lévesque
Le Canada attendait depuis 1986 et c’est maintenant chose faite : il va retourner à la Coupe du monde de soccer.
L’équipe nationale masculine s’est assurée d’un billet pour le Qatar en novembre prochain en défaisant facilement la Jamaïque par la marque de 4 à 0 au BMO Field de Toronto, dimanche.
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Avec cette victoire, le Canada est presque sûr de terminer au premier rang de l’Octogonale de qualification avec un dernier match à disputer au Panama mercredi.
Il s’agira seulement de la seconde participation du Canada au Mondial, et d’une première en 36 ans. Les Canadiens n’ont jamais laissé le doute planer avec une performance dominante après un premier revers dans le tournoi au Costa Rica, jeudi.
La fête
Malgré le froid, la fête s’est étirée au BMO Field après la rencontre. Pendant que les joueurs étaient réunis au centre du terrain, l’entraîneur-chef John Herdman a mené une séance de thunderclap au son d’un tambour à laquelle les partisans, presque tous encore là, ont participé.
Les joueurs exultaient sous une petite neige faible, comme pour ajouter à la magie du moment.
On a aussi diffusé une vidéo d’Alphonso Davies, qui n’est pas avec l’équipe en ce moment, car il se remet d’une myocardite qui a suivi son infection à la COVID.
But rapide
Les Canadiens ont pris le contrôle dès le tout début du match et n’ont jamais regardé derrière.
C’est à la 13e minute que Cyle Larin a ouvert la marque en acceptant un ballon de Stephen Eustaquio, qui avait glissé entre les deux centraux jamaïcains.
Dans une première demie complètement dominée par le Canada, Tajon Buchanan a doublé la mise à la 44e minute en recevant un centre de Jonathan David après un coup franc.
Junior Hoilett s’est assuré de mettre le couvercle sur la rencontre en marquant à la 83e minute et Adrian Mariappa a marqué dans son propre filet à la 88e minute.
Domination
On l’a dit, le Canada a nettement dominé la rencontre. De fait, avec juste un peu plus de précision dans la finition, l’unifolié aurait pu mener par quatre, voire cinq buts avant de rentrer au vestiaire pour la mi-temps.
Cyle Larin, Jonathan David et Tajon Buchanan ont tous manqué des occasions très nettes.
Le Canada a continuellement été le premier sur la balle, ne cédant que très peu de possession aux Reggae Boyz, qui ont été incapables de fermer leur surface.
Dans le couloir gauche, Sam Adekugbe a été dominant, faisant passer un très mauvais match à Javain Brown.
Ambiance
Il faisait froid, aujourd'hui, à Toronto, -5 °C avec un ressenti de -14° au moment du coup d’envoi, mais ça n’a pas refroidi les 30 000 partisans réunis au BMO Field.
L’ambiance était infernale avant même que la rencontre ne débute. Des centaines de fans ont formé une haie d’honneur à l’autobus transportant les joueurs canadiens avec fumigènes, confettis et chants.
Et comme pour marquer le coup, une petite neige s’est mise à tomber le temps de quelques minutes, histoire de faire encore plus canadien.
La fierté d’une nation
Plus qu’une place à la Coupe du monde, l’équipe nationale a réalisé un autre exploit, celui d’unir une nation derrière elle.
«Je crois que le pays ne croyait pas en nous parce que nous ne leur avons jamais donné de raison de le faire, a avancé le sélectionneur John Herdman. Les gens y croient maintenant.»
«C’est le moment pour tout le monde de s’unir derrière le football parce que nous pouvons devenir une puissance. Le temps est venu.»
L’Anglais d’origine et Canadien d’adoption espère désormais que c’est quelque chose de solide pour le soccer canadien qui est en train de se bâtir.
Réaliser l’impossible
Il y a eu toute une pente à remonter parce que le cœur de cette équipe est jeune et, pourtant, des joueurs qui ont moins de 30 ans pensaient que la Coupe du monde était inatteignable.
«On pensait que c’était impossible pour le Canada de participer à la Coupe du monde, a avancé Lucas Cavallini. J’espère que nous allons unir cette nation et convaincre les jeunes de continuer de croire en leurs rêves.»
«Il faut croire qu’en tant que jeune canadien, tu peux être le meilleur joueur de foot au monde», a ajouté Jonathan Osorio en citant un de ses coéquipiers en exemple.
«On a déjà l’un des meilleurs en Alphoso Davies et s’il ne parvient pas à convaincre les jeunes qu’ils peuvent devenir les meilleurs, je ne sais pas qui le pourrait.»
Une famille
Samedi, Stephen Eustaquio parlait de ses coéquipiers comme des frères, professant son amour pour eux en disant qu’il les inviterait tous à son mariage.
«Ce ne sont pas juste des mots ou de belles citations, c’est vraiment un sentiment qu’on a et c’est ce qui a fait en sorte qu’on a réussi à se qualifier pour la Coupe du monde, chose que les gens pensaient impossible il y a quelques années ou il y a même un an», a insisté Samuel Piette.
«J’ai grandi avec plusieurs de ces gars dans des quartiers autour de Toronto et je ne pense pas que beaucoup d’entre nous étaient très riches, a ajouté Osorio. Nous avons dû nous battre et partir au bas de l’échelle.»
Chez les Raptors
Pour motiver ses troupes, John Herdman a invité ses joueurs à faire un pèlerinage dans le vestiaire des Raptors de la NBA, au Scotiabank Arena.
«Je leur ai dit qu’il y avait eu un groupe d’hommes qui avaient pris la décision, dans ce vestiaire, de changer la face de leur sport. Les gars ont pris la même décision ce soir [lundi].»
«Je voulais que les gars aient un avant-goût de ce qu’est un championnat, nous avons vécu un moment particulier, on en avait la chair de poule.»