Le calcul de l’augmentation de loyer en 2025 est sorti: voici à quoi vous attendre
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Andrea Lubeck
Après des taux records en 2023 et 2024, le pourcentage moyen d’augmentation de loyer suggéré par le Tribunal administratif du logement (TAL) pour 2025 atteint un sommet en 30 ans au Québec. Voici ce que vous devez savoir.
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Chaque année, le TAL propose un outil de calcul, qui permet aux propriétaires d’établir la révision des loyers à attribuer au locataire selon des critères liés aux dépenses de l’immeuble, comme les frais d’entretien, les taxes municipales et scolaires, les primes d’assurance et les travaux majeurs effectués, entre autres.
Voici les estimations moyennes d’augmentation de base (qui ne prend pas en compte la hausse des taxes municipales) telles que publiées par le TAL:
- Logement non chauffé: 5,9%
- Logement chauffé à l’électricité: 5,5%
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En calculant la hausse des taxes municipales, le pourcentage moyen d’augmentation pour un logement non chauffé est de 6,5% et de 6,1% pour un logement chauffé à l’électricité.
Si on y ajoute des dépenses pour des travaux majeurs en plus des taxes municipales, on parle de 8,5% et 8,1% respectivement.
Combien pour un logement à 1000$ par mois
Pour un loyer mensuel de 1000$, avant l’ajout des taxes municipales et des coûts pour travaux majeurs, le propriétaire pourrait demander une augmentation de base de 59$, pour un logement non chauffé et 55$ pour un logement chauffé à l’électricité.
En tenant compte des hausses de taxes et des dépenses pour travaux majeurs, les hausses respectives s’élèvent à 85$ et 81$ par mois.
En 2024, le TAL suggérait une hausse moyenne de base de 4% pour un logement non chauffé et pour un logement chauffé à l’électricité. Le taux de 2025 représente une hausse de 47,5% pour un logement non chauffé et de 37,5% pour un logement chauffé à l’électricité par rapport à l’an dernier.
Attention: il peut être difficile pour un locataire de remplir le formulaire afin d’avoir une meilleure idée de la hausse potentielle de loyer à prévoir puisque de nombreuses informations qu’il ne connaît pas nécessairement sont requises pour le calcul.
Votre propriétaire peut-il augmenter votre loyer comme bon lui semble?
Au Québec, un propriétaire est libre de proposer l’augmentation de loyer de son choix. Contrairement à ce que l’on peut croire, il n’y a pas de taux maximum.
Mais le locataire est aussi en droit de refuser cette augmentation de loyer s’il la juge abusive et inexplicable.
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Après l’envoi d’une réponse écrite – qu’il faut idéalement envoyer par courrier recommandé –, le locataire peut s’entendre à l’amiable avec son propriétaire. Si aucune entente n’est conclue, le locateur peut ensuite se tourner vers le TAL pour faire une demande en fixation de loyer.
Mais attention: si l’immeuble est âgé de moins de cinq ans, le propriétaire peut imposer l’augmentation qu’il veut si la case de la clause F est cochée sur le bail.
Comment contester une augmentation de loyer?
Un locataire qui juge la hausse de loyer proposée par le propriétaire comme étant abusive et inexplicable doit absolument signifier son refus par écrit au plus tard un mois après la réception de l’avis.
L’idéal est de faire parvenir une lettre par courrier recommandé pour obtenir une preuve de réception. Attention: si vous omettez de répondre à l’avis, vous êtes réputé avoir accepté l’augmentation de loyer.
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À la suite du refus, le propriétaire et le locataire peuvent s’entendre à l’amiable. Si les parties ne parviennent pas à un accord, le propriétaire devra s’adresser au TAL dans le mois suivant le refus. Le tribunal fixera donc lui-même le prix du loyer.
Le locataire conserve son bail durant les négociations et celui-ci est renouvelé sans modification jusqu’à la décision du TAL.
À quel moment un propriétaire peut-il augmenter le loyer?
Le loyer ne peut être revu qu’au moment de renouveler le bail, jamais au milieu de celui-ci.
Pour cela, le propriétaire doit envoyer un avis de renouvellement de bail à son locataire dans un délai prescrit:
Pour un bail de 12 mois, l’avis doit être envoyé entre 3 et 6 mois avant la fin du bail. L’avis doit donc être envoyé au plus tard le 31 mars 2025 pour un bail qui prend fin le 30 juin 2025.
Pour un bail d’une durée de moins de 12 mois, l’avis doit être envoyé de 1 à 2 mois avant la fin. Si le bail se termine le 30 juin 2025, l’avis doit donc être envoyé entre le 30 avril et le 31 mai 2025.
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Enfin, pour un bail d’une durée indéterminée, l’avis doit être envoyé de un à deux mois avant la date d’entrée en vigueur de la modification proposée.
L’avis d’augmentation que votre propriétaire vous envoie doit contenir des informations précises, y compris le montant du nouveau loyer proposé, la durée proposée du bail si elle est modifiée, le délai accordé pour refuser l’augmentation et toute autre modification demandée.
Si l’avis ne comporte que deux choix, soit accepter l’augmentation de loyer ou quitter le logement, celui-ci n’est pas conforme à la loi.
«Le pire est à craindre pour les locataires»
Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) s’est dit «consterné» par les taux publiés par le TAL et affirme qu’ils «contribuent à maintenir l’explosion des loyers qui frappe le Québec».
«Le pire est à craindre pour les locataires», déclare le RCLALQ dans un communiqué.
Le Regroupement dénonce que le TAL tient compte du revenu net d’un immeuble dans les critères de fixation de loyer.
«Pour le RCLALQ, cette prime au profit est illégitime et ne fait qu'aggraver les dynamiques inéquitables entre locataires et propriétaires», ajoute le groupe, qui qualifie la situation de «cercle vicieux».
De son côté, la ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau a soutenu en mêlée de presse, mardi après-midi, que «la vraie solution est d’augmenter l’offre de logement». Selon elle, le gouvernement ne peut pas décider pour le TAL de plafonner le prix des loyers.
Des hausses «nécessaires»
La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) affirme pour sa part que les hausses élevées «sont nécessaires et reflètent le retard accumulé par une méthode de calcul inadéquate pour suivre l’évolution des coûts réels».
L’organisme plaide tout de même pour une réforme des critères utilisés pour la fixation des loyers pour arriver à une méthode «plus équilibrée, juste et comprise de tous», souligne-t-elle.