Le Brésil de Pelé vu par une Québécoise
Marc-Antoine Malo
Le monde entier a perdu jeudi l’une de ses grandes idoles sportives, le regretté Pelé. Si la peine est grande à l’international, celle ressentie par les habitants du Brésil l’est d’autant plus, et la Québécoise Kelly Chiavaro a l’occasion d’assister à ce deuil de l’intérieur.
La gardienne de but originaire de Saint-Eustache est basée dans l’une des métropoles du pays, Rio de Janeiro, où elle évolue avec le club de Flamengo. Ce n’est qu’à quelques centaines de kilomètres de Sao Paulo, là où l’icône du soccer s’est éteinte à l’âge de 82 ans, mais surtout de Santos, l’endroit où Pelé a bâti sa légende.
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«Même à Rio, ça se fait vraiment voir. Ils ont allumé la statue du Christ Rédempteur en jaune et en vert, les couleurs du Brésil. Justement, la statue, je la vois de chez moi, c’est juste à côté. Ils ont aussi illuminé le stade Maracana en doré pour rendre hommage à Pelé», a décrit Chiavaro en entrevue, vendredi.
La joueuse de 26 ans est en pause du temps des Fêtes jusqu’au 3 janvier, mais le décès du roi du ballon rond a quelque peu bouleversé les vacances de tout le monde. Bien qu’elle n’ait pas vu ses coéquipières, Chiavaro les sait bouleversées.
«Les gens sont dans la rue, ils ont fait des peintures de Pelé sur les murs, a-t-elle mentionné. Ils sont vraiment expressifs avec l’art. Ce sont des graffitis, mais c’est de l’art. [...] Ils ont peinturé les rues aussi. Les gens sont très affectés.»
«Les gens savaient qu’il était à l’hôpital, mais ils pensaient qu’il n’allait pas mourir, qu’il allait vivre à jamais. Quand on a su qu’il est décédé, tellement de monde est parti à l’hôpital [Albert-Einstein] en courant de chez eux parce qu’ils ne voulaient pas le croire.»
Comme une religion
Au Brésil, le «futebol» est plus qu’un sport. Chiavaro a pu le constater au début du mois quand la «Seleçao» a été éliminée de la Coupe du monde. Pour les habitants du pays, c’était «la fin du monde».
Ce sentiment est décuplé avec la perte de Pelé, un homme qui a façonné le soccer moderne pendant trois décennies et qui a passé la majeure partie de sa carrière au Brésil.
«Je ne pense pas que les gens réalisent comment est la vie au Brésil. Ce n’est pas une vie facile. Quand ils regardent leur idole, c’est tout pour eux. Ça leur apporte tellement de motivation, d’inspiration. De l’extérieur, on pourrait croire que ce n’était qu’une légende du soccer, mais au Brésil, on comprend qu’il avait plus d’influence», a expliqué l’athlète professionnelle.
Un lien particulier
Les hommages seront nombreux au pays dans les prochains jours, semaines et mois. Chiavaro a une relation particulière avec la ville de Santos, puisque sa copine, l’attaquante argentine Sole Jaimes, est une ancienne joueuse de la formation en noir et blanc.
«Je passe toutes mes fins de semaine de congé à Santos parce que ma copine y a joué, a déclaré la Québécoise. Elle est un peu une légende du soccer féminin à Santos et elle y a joué pendant longtemps. [...] Pour elle, c’est vraiment important de retourner à Santos le jour où le corps de Pelé sera déposé au centre du terrain. On va essayer d’y aller.»
Kelly Chiavaro s’acclimate de mieux en mieux à son nouvel environnement, elle qui s’est jointe aux Regatas do Flamengo au cours de l’été en provenance de Naples, en Italie. Plus que nulle part ailleurs, le soccer féminin est mis de l’avant au Brésil, et c’est un peu grâce à Pelé, qui a transmis sa passion à tout un peuple.