Langue parlée à la maison: les libéraux accusent Legault de s’inviter dans les chaumières


Geneviève Lajoie
Pour François Legault, la langue parlée à la maison est fondamentale pour la survie du français. Les libéraux accusent le premier ministre de vouloir s’inviter dans les chaumières.
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Deux visions diamétralement opposées s’affrontent à l’Assemblée nationale au sujet de l’immigration. Et le choc est brutal.
«Ce n'est pas à M. Legault, ce n'est pas au gouvernement de dire quelle langue j'utilise autour de ma table à souper à la maison!», a pesté mercredi le député libéral Saul Polo. La veille, le premier ministre a qualifié l’histoire réussie d’intégration de cet élu d’origine colombienne «d’anecdote».
François Legault ne voit pas les choses de la même façon. Il persiste et signe quant à sa prédiction que le Québec risque de devenir une Louisiane si une grande partie de l’immigration est choisie par Ottawa.
«La langue commune, il faut regarder quelle est la langue à la maison, quelle est la langue au travail, quelle est la langue dans le secteur public, c’est un ensemble. S’il n’y a plus personne au Québec qui parle français à la maison, ça veut dire que le français éventuellement va disparaitre», plaide le premier ministre.
Regroupement familial
Malgré de nombreux refus de Justin Trudeau, la CAQ continue de réclamer du fédéral le rapatriement de tous les pouvoirs en matière d’immigration.
Le Québec sélectionne les immigrants économiques, mais veut avoir aussi la mainmise sur le programme de réunification familiale, qui représente 28% des nouveaux arrivants ou environ 14 000 personnes par an, mais dont seulement la moitié parle français.
François Legault veut augmenter la proportion de cette immigration qui parle la langue de Molière. Mais la réunification familiale implique souvent des enfants ou des parents âgés venant rejoindre leur famille déjà établie ici. Peut-on réellement imposer la maîtrise du français à des jeunes venant rejoindre leur mère?
« Il y a une question de jugement. Si c’est un jeune enfant, on ne peut pas exiger qu’il parle français. Si c’est une personne de 95 ans, il faut rester raisonnable. Est-ce que c’est trop demandé quand on fait venir son conjoint, son père, sa mère, ses enfants adultes, de leur demander, avant de venir au Québec, d’apprendre le français ? Je trouve que c’est raisonnable », a-t-il nuancé.