Deux jeunes à la tête des banlieues: transformer Laval et Longueuil en «Brooklyn de Montréal»
Gabriel Ouimet
- Le nouveau maire de Laval et la nouvelle mairesse de Longueuil veulent débarrasser leur ville de l’étiquette de «banlieue de Montréal».
- Pour y parvenir, les nouveaux élus comptent innover en matière d’environnement, de transport, d’habitation, de culture et de loisir.
- Catherine Fournier, 29 ans, et Stéphane Boyer, 33 ans, ont contribué au vent de jeunesse qui a soufflé sur le Québec, lors des dernières élections municipales.
Deux jeunes se sont emparés des mairies des deux plus grosses banlieues de Montréal, dimanche dernier: à 29 ans, Catherine Fournier a été élue à Longueuil, tandis que Stéphane Boyer a pris les rênes de Laval à 33 ans. Comme ces villes ont la réputation d’être une option plus beige que la métropole voisine, on leur a demandé comment ils comptent s’y prendre pour redorer l’image de leur patelin auprès des jeunes.
Voici leurs plans.
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Le Brooklyn de Montréal
Le maire et la mairesse ont un objectif commun: se débarrasser de l’étiquette de «banlieue de Montréal».
«On veut redorer l’image de nos villes pour que les jeunes voient que nous avons des villes dynamiques où la qualité de vie est excellente, et qu’ils soient fiers d’y habiter. Nous sommes des villes à part entière», lance Catherine Fournier.
Stéphane Boyer veut s’inspirer d’endroits dans le monde où des villes périphériques jouissent d’une bonne réputation pour réaliser cet objectif à Laval. «Ce n’est pas compliqué, je veux faire de Laval le Brooklyn de Montréal, et non le New Jersey», lance-t-il.
Pour y parvenir, les élus comptent innover en matière d’environnement, de transport, d’habitation, de culture et de loisir.
Des villes vertes et responsables
Vous avez ressenti l’appel de la nature dans les derniers mois, mais vous ne voulez pas quitter la ville? Les banlieues offrent un parfait équilibre, disent les élus.
À Longueuil, Catherine Fournier rappelle que sa promesse de protéger 1500 hectares de milieux naturels vise non seulement à s’assurer que la ville ait un plan solide en matière de captation du carbone pour lutter contre les changements climatiques, mais aussi à élargir l’accès à la nature pour les citoyens.
«On veut valoriser ces espaces en aménageant des sentiers pédestres pour que ce soit possible d’y circuler et de se perdre en nature tout en restant à Longueuil», explique-t-elle.
Si jamais l’envie vous prend d’essayer de cultiver vos propres légumes, Stéphane Boyer a un projet qui pourrait vous intéresser.
«Il y a beaucoup de terres agricoles à Laval et, ce qu’on voudrait, c’est d’en faire de petits lots où les gens qui désireraient essayer l’agriculture urbaine pourraient le faire en étant aidés d’agriculteurs. On veut encourager le retour à la terre», dit-il.
Ces projets, combinés aux berges de la rivière des Mille Îles, au nord de la ville, font dire au nouveau maire que sa ville a une offre nature «plus qu’intéressante» pour les citadins qui rêvent d’un peu de verdure.
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Pas de voiture, pas de problème?
Si vous êtes de ceux pour qui le permis de conduire est optionnel, aucun problème. Le REM devrait permettre de se rendre au centre-ville de Montréal beaucoup plus rapidement dans les prochaines années et les élus comptent tous deux développer un plan de transport en commun qui relierait mieux tout leur territoire.
«Dans le passé, les trajets étaient surtout conçus pour se rendre rapidement à Montréal. Nous, on veut développer le réseau avec des trajets est-ouest, pour qu’une plus grande partie du territoire soit accessible sans voiture», explique Stéphane Boyer.
Le maire souhaite aussi mettre en place un projet-pilote de navettes électriques qui permettrait aux habitants des quartiers périphériques de rejoindre facilement le réseau de transport en commun quand les conditions ne se prêtent pas à la marche ou au vélo.
Avis aux oiseaux de nuit: à Longueuil, en plus de développer l’axe d’autobus est-ouest, la nouvelle mairesse souhaite qu’il soit plus facile de se promener à toute heure du jour et de la nuit. Elle prévoit donc de développer une ligne d’autobus express qui serait offerte 24 heures sur 24.
Les cyclistes peuvent aussi s’attendre à voir le réseau de pistes cyclables s’améliorer considérablement, dit Catherine Fournier.
«On veut que ce soit facile et sécuritaire de se déplacer à vélo à Longueuil», indique-t-elle.
Des logements abordables
Comme presque partout ailleurs, il est de plus en plus difficile de se loger à prix décent en banlieue. Les nouveaux maires souhaitent travailler main dans la main pour créer un sommet panquébécois sur l’habitation en vue de trouver des solutions durables aux problèmes de logement.
«Historiquement, les villes essaient de tirer la couverture de leur côté quand vient le temps d’avoir du financement des autres paliers gouvernementaux. Nous, ce qu’on veut, c’est que nos villes unissent leurs forces dans ce dossier, parce que c’est un enjeu qui touche tout le monde», ont-ils tous deux mentionné.
Les plans des élus incluent notamment le rachat de terrains par les villes pour en faire du logement social et l’inauguration d’un nouveau modèle d’accès à la propriété qui permettrait d’acheter des propriétés à un prix plus bas que sur le marché privé.
Un milieu de vie stimulant
Si, historiquement, les banlieues ont surtout accueilli les jeunes familles à la recherche d’un endroit calme avec un cabanon et un beau gazon vert, les jeunes élus souhaitent que les jeunes à la recherche d’un milieu de vie dynamique s’y retrouvent aussi.
«Il y a déjà un changement qui s’opère à Laval: on a de beaux bars qui servent des bières de microbrasserie, des festivals, une équipe de hockey et des spectacles intéressants à la Place Bell. On veut poursuivre sur cette lancée et attirer des événements culturels intéressants. Je veux que les jeunes qui recherchent un endroit cool ne voient pas Montréal comme la seule option», plaide Stéphane Boyer.
Même son de cloche à Longueuil, Catherine Fournier estimant que l’apport des 18-35 ans est essentiel pour dynamiser la ville.
«On veut vraiment rendre les quartiers plus attractifs en diversifiant l’offre de commerces de proximité en tout genre, incluant le divertissement», soutient-elle.