Laurent Duvernay-Tardif paré au décollage
Stéphane Cadorette
La toile de fond est passée du rouge au vert, une casquette avec un logo différent est vissée sur sa tête et le chandail qu’il porte est aussi à l’effigie de sa nouvelle flamme. La seule chose qui n’a pas changé sur Laurent Duvernay-Tardif est son large sourire, qui témoigne de la frénésie qui l’habite en vue de son décollage avec les Jets de New York.
Au lendemain de l’échange qui l’a fait passer des Chiefs aux Jets, Duvernay-Tardif semblait rayonnant dans son nouvel environnement, malgré le branle-bas-de-combat des derniers jours.
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Lundi soir, il était sur les lignes de côtés à Kansas City. À 15 h mardi, le marché était conclu. Trois heures plus tard, il sautait dans un avion pour New York. Ce matin, le garde québécois rencontrait ses nouveaux entraîneurs et coéquipiers à l’occasion d’une pratique marchée. Puis, visioconférence avec les médias canadiens!
«C’est comme quand je suis arrivé au secondaire après le primaire!», a blagué le nouveau Jet.
«C’est excitant de faire partie d’une nouvelle organisation. Il y a un stress de rencontrer les nouveaux coéquipiers et de m’intégrer dans le vestiaire. J’ai été privilégié d’être dans la même organisation pendant huit ans, mais je suis aussi curieux de voir autre chose. Les choses ici sont faites différemment et c’est le fun de vivre ça», a-t-il continué.
Dans le bain rapidement
Les Jets sont en action jeudi soir face aux Colts à Indianapolis et compte tenu des délais serrés, Duvernay-Tardif ne fera pas le voyage. Ce qui ne l’empêche pas de devoir rapidement s’investir dans sa nouvelle quête.
«Je vais en profiter pour m’installer ici, apprendre le livre de jeux, parler du nouveau vocabulaire et voir comment communiquer sur la ligne. Je veux faire en sorte que dès lundi prochain, je sois en mesure de pratiquer à plein régime», a mentionné celui qui se dit conscient que les premiers entraînements seront cruciaux pour avoir l’opportunité de décrocher un poste de partant.
«Je n’ai jamais été parachuté dans une nouvelle équipe, mais je voyais les jeux ce matin et je reconnais beaucoup de concepts. C’est juste la terminologie qui est différente. Il faut voir à quelle vitesse je peux assimiler ça. C’est une chose de le savoir sur papier, mais c’en est une autre de savoir réagir dans un stade de 80 000 personnes, sur un troisième essai et 15», a-t-il imagé sagement.
L’envie de continuer
Celui qui a été le garde à droite partant des Chiefs pendant cinq saisons se joint à une organisation qui en arrache et qui n’a remporté que deux victoires en sept matchs cette saison. Cette situation n’est pas sans lui rappeler ses débuts à Kansas City.
«J’ai fait mes recherches avant d’accepter de venir ici. C’est sûr qu’on ne s’attend pas demain matin à gagner le Super Bowl, mais qui sait?
«C’est un peu comme quand je suis arrivé à Kansas City en 2014, que coach Reid en était à sa deuxième année et qu’on était une équipe qui jouait pour ,500. Il y a quelque chose d’excitant à faire partie de tout ça. On dirait qu’on a l’avenir devant nous et ça me motive beaucoup», s’est-il exprimé.
Sur le plan contractuel, Duvernay-Tardif deviendra joueur autonome au terme de la saison. Les Jets, en reconstruction, ne sont sans doute pas allés le chercher pour une location de deux mois. Le principal intéressé lui-même semble avoir envie de prolonger sa carrière.
«Je ne pense pas que je serais ici si j’avais la mentalité de tout lâcher après cette année. Pour moi, le statu quo à Kansas City n’était pas envisageable parce que je voulais jouer. Dépendamment de comment ça va aller, je vais considérer la suite et je ne ferme aucune porte.»
Reconnaissant envers les Chiefs
S’il ne cache pas qu’il se sentait moins désiré à la fin de son association avec les Chiefs, Laurent Duvernay-Tardif se dit tout de même satisfait de la manière dont les deux clans ont procédé à la séparation.
«Dans une business qui est souvent dure et directe, ça s’est passé de manière assez humaine. Il y a eu une belle communication entre moi, les Chiefs et les Jets. C’est gagnant-gagnant pour tout le monde. Je me positionne mieux pour jouer et les Jets bénéficient d’un bon garde, j’en suis sûr», a-t-il affirmé, sourire en coin.
À son retour au jeu cette saison après avoir contribué à la lutte contre la COVID-19 en 2020 dans le réseau des CHSLD, Duvernay-Tardif a été laissé de côté par les Chiefs. Une fracture à la main au camp d’entraînement l’a empêché de se faire valoir.
S’il y a eu des discussions animées derrière les portes closes, on ne le saura probablement jamais.
«J’ai vécu une expérience incroyable avec les Chiefs. Je ne serais pas là aujourd’hui s’ils ne m’avaient pas repêché en 2014. Je suis très reconnaissant à l’égard de cette organisation. La dernière fois que j’ai joué avec les Chiefs, c’est quand on a gagné le Super Bowl à Miami. Pour moi, c’est difficile de mieux terminer une carrière avec une équipe», a insisté celui qui a tout de même reconnu avoir dû piler sur son orgueil.
«Ce n’est pas facile de savoir que tu es en pleine forme, mais que tu n’as pas l’opportunité de jouer.
«Dans la NFL, tu dois toujours te battre pour ta place. Les derniers temps à Kansas City, j’avais beau me battre, on dirait qu’il y avait moins de réceptivité. Malgré le fait que je n’ai pas joué depuis 18 mois, il y a quand même eu de l’intérêt des Jets. Ça donne un boost de confiance.»
Signe que de nouvelles habitudes se prennent rapidement, c’est en lâchant un «Go Jets!» bien senti que le chouchou des amateurs de football québécois a salué les journalistes en quittant la conférence virtuelle.