«L’armée russe a entrepris une boucherie»
TVA Nouvelles
Pour une 42e journée consécutive, la guerre en Ukraine se poursuit et elle pourrait durer des mois, même des années a averti le chef de l’OTAN, mercredi matin. Après les horreurs et exactions découvertes à Boutcha, à quoi peut-on s’attendre pour la suite des choses?
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Charles-Philippe David, fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l'UQAM, a répondu à vos questions au TVA Nouvelles de midi.
Q: La Russie affirme que les images des corps à Boutcha sont truquées. Est-ce possible?
R: «Je ne le crois pas, pas une seconde, je le prends sur moi. Depuis le début et même avant cette guerre Poutine raconte un narratif mensonger sur les raisons pour lesquelles il envahit l’Ukraine, sur la présence en Ukraine d’un gouvernement nazi. Il a demandé à ses soldats d’aller purifier la société ukrainienne de tous ses éléments nazis. C’est impossible de croire un président qui a menti aussi souvent et répétitivement depuis plus de 40 jours et même avant. Il n’est pas le seul à mentir sur les images atroces que l’on voit. Même son ministre des Affaires étrangères M. Lavrov hier a été de déclarations stupéfiantes comme le fait que c’était du trucage fait par les Américains, que ce n’était pas les Russes qui étaient responsables de cette tuerie. Ça ne correspond pas à ce que la population elle-même raconte sur le terrain. Clairement, c’est une boucherie que l’armée russe a entreprise.»
Q: Exclure la Russie du Conseil de sécurité de l’ONU pourrait-il davantage mettre le feu aux poudres?
R: «Bien qu’il faille dénoncer notamment à l’ONU et au Conseil de sécurité tous les agissements de la Russie, je pense personnellement que ce serait une erreur d’exclure la Russie du Conseil de sécurité. [Si on fait cela] on exclurait la majorité sinon la totalité des membres permanents du Conseil de sécurité, dont la Russie, les États-Unis, la Chine, la France, et la Grande-Bretagne. Dans leur histoire, je peux en trouver des occasions -souvenez-vous de l’invasion de l’Irak, le traitement par la Chine des Ouïghours – on se priverait d’un canal diplomatique. Il faut préserver le peu de canaux diplomatiques qui peuvent encore à un moment donné être utiles.»
Q: Quelles seraient les conséquences possibles de la mort de Zelensky?
R: «C’est un des scénarios que nous craignons tous, que nous craignions depuis le début de la guerre. En plus des troupes russes, sachez qu’il y a des mercenaires du groupe Wagner. Ce sont des durs à cuire, qui notamment, au Mali ont combattu le gouvernement malien. Ce sont des fiers-à-bras et apparemment il y en a plusieurs qui sont dépêchés avec la mission de débusquer et assassiner Zelensky. Franchement, on a besoin de lui. La comparaison avec Churchill est juste. C’est celui qui harangue dans tous les forums possibles et imaginables, parlements, ONU, enceintes internationales comme l’OTAN pour leur dire ‘’qu’est-ce que vous faites?’’. C’est ça qui fait que l’opinion publique veut, je pense, que nous intervenions un peu plus.»
***Voyez l’intégralité de son intervention dans la vidéo ci-dessus.***
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