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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

L’application de la loi 101 au cégep demandée par des enseignants

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Jessica Potsou

10 avril 2022
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De plus en plus d’enseignants demandent l’application de la 101 au niveau collégial, si bien que les enseignants de la moitié des cégeps du Québec se sont prononcés en faveur de cette extension qui limiterait l’accès aux établissements anglophones qu’aux personnes issues de cette communauté.

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C’est, jusqu’à présent, 24 cégeps sur 48 qui ont voté en faveur de ce changement. L’un plus gros collège francophone de la province, le Cégep Édouard-Montpetit, fait d’ailleurs partie des petits derniers à s’être joint au mouvement qui prend de l’ampleur.

Pour Marie-Lou Bouchard, enseignante en communication au collège Rosemont, la situation est d’autant plus importante considérant que la demande vient des professeurs eux-mêmes. «C’est rare que ça vienne de la base comme ça», a-t-elle précisé en entrevue avec l’Agence QMI.

L’exode des étudiants francophones vers les établissements anglophones est inquiétant, mais elle constate aussi que de plus en plus de jeunes sont attirés vers l’univers anglophone. «On sent que nos étudiants sont plus attirés par l’anglosphère qu’auparavant [...]. On remarque, chez la jeunesse, un désintérêt pour la culture québécoise qui est perçue comme étant ringarde. C’est surprenant», a expliqué Mme Bouchard.

Même son de cloche pour Nicolas Bourdon, enseignant en français-littérature au collège Bois-de-Boulogne, qui estime que près de 55 % de ses étudiants consomme de la culture en anglais. «On commence à avoir des étudiants qui vivent de moins en moins en français, donc il faut qu’il y ait un bain culturel en français», a-t-il mentionné.

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        On remarque que le «français est maitrisé, mais pas utilisé», croit également Mathieu Bélisle qui enseigne la littérature au Collège Jean-de-Brébeuf.

        Le «problème des deux vitesses»

        L’attrait marqué pour les études en anglais mène à une forme d’exode des étudiants francophones ayant les meilleures moyennes académiques. Or, l’inverse n’est pas observé, alors que très peu d’anglophones choisissent les études en français. «On voit donc une marée d’étudiants francophones et anglophone dans les cégeps anglophones», a dit M. Bourdon.

        Dans son projet de loi 96, le gouvernement Legault propose de prioriser les candidats anglophones dans les cégeps donnant leurs cours dans la langue de Shakespeare, mais n’interdira pas l’admission des étudiants francophones. Cette mesure n’est pas suffisante, selon de nombreux enseignants, bien que les deux principaux syndicats les représentant, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ) et la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ), se sont prononcés en faveur des modalités proposées par Québec.

        «Le problème, c’est qu’elle va plafonner les admissions en anglais, donc créer de la rareté. Ce qui rendra l’admission encore plus prestigieuse, mais [les cégeps anglophones] prennent déjà les meilleurs étudiants. Ça va créer un système à deux vitesses et on va former une élite en anglais», a expliqué M. Bélisle qui croit que l’application de la loi 101 au niveau collégial n’est pas la seule solution, mais que ça reste «un pas vers la bonne direction».

        Il faut noter que l’étudiant faisant son parcours postsecondaire en anglais est plus susceptible d’utiliser l’anglais de façon prédominante sur le marché du travail. Selon une étude de Statistique Canada, 23 % des francophones ayant fait des études en anglais parlent davantage anglais au travail.

        Rappelons que la loi 101 est appliquée aux niveaux primaire et secondaire, où elle limite l’accès aux établissements scolaires anglophone. Ainsi, les francophones et les allophones sont obligés de faire leur parcours primaire et secondaire en français.

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