«Jour de la libération»: le Canada évite le pire
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David Descôteaux
L’épée de Damoclès qui pendait au-dessus du Canada est tombée, mais elle s’est finalement abattue en grande partie sur le sol, et non sur nos têtes. Lors de son «jour de libération» des États-Unis, mercredi, Donald Trump a concrétisé certaines de ses menaces en imposant de nouveaux tarifs sur les produits d’une foule de pays. Pour le Canada, c’est le statu quo par rapport aux annonces qui étaient déjà connues. Cinq questions pour mieux comprendre comment l’annonce va nous affecter.
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Qu’est-ce que Donald Trump a annoncé?
Le président américain a annoncé l’imposition de droits de douane d’au moins 10% sur la quasi-totalité des marchandises entrant aux États-Unis, ainsi que des taux encore plus élevés pour des dizaines de pays. Les nouveaux droits de douane entreront en vigueur en deux vagues, les 5 et 9 avril. Toutefois, ces tarifs excluent les marchandises conformes à l’accord de libre-échange ACEUM entre le Mexique, le Canada et les États-Unis. Les pays vus comme les «pires contrevenants» se verront imposer des droits de douane élevés, mais deux fois moins élevés que ceux qu’ils appliquent aux États-Unis, selon les calculs de Washington.
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Est-ce pire ou moins pire que prévu pour le Canada?
Pour le Canada, rien ne change. Les tarifs déjà annoncés vont demeurer, soit 25% sur l’acier et l’aluminium, 25% sur les pièces d’auto (sauf celles qui sont conformes à l’ACEUM), ainsi qu’un tarif général de 25% sur les importations non conformes à l’ACEUM. Concernant ce dernier tarif, les choses pourraient même s’améliorer, car la Maison-Blanche a affirmé que si les dossiers du fentanyl et de l’immigration au Canada se règlent, ce tarif général diminuerait à 12%.
Pourquoi le Canada ne subit-il pas de nouveaux tarifs comme les autres pays?
La présence du Canada dans l’accord de libre-échange ACEUM avec les États-Unis semble avoir contribué au fait que le Canada ait été en quelque sorte «épargné» par rapport aux autres pays. «Il y a aussi le fait que Donald Trump s’est rendu compte au fil du temps qu’il a besoin de tout ce qui vient du Canada», souligne Richard Ouellet, professeur de droit international économique à l’Université Laval. Quand Donald Trump attaque le Canada, les Américains ne sont pas contents, ajoute-t-il. «Il y a un groupe de sénateurs démocrates qui veulent que le Canada soit épargné, tout comme le lobby de l’automobile aux États-Unis, qui n’est pas content en ce moment», dit-il.
Quel est le plan de Trump derrière ce geste?
Donald Trump fait le pari qu’en utilisant les droits de douane pour bloquer certaines importations provenant des autres pays, les entreprises étrangères viendront installer leurs usines aux États-Unis pour éviter ces tarifs. De cette façon, croit-il, les emplois reviendront aux États-Unis, qui vivront alors un «âge d’or manufacturier». Le président américain veut aussi récolter des milliards de dollars en droits de douane, pour ensuite s’en servir pour baisser les impôts. Enfin, il estime que les États-Unis se sont fait «arnaquer» par leurs partenaires commerciaux depuis des années et que les choses doivent changer.
Le Québec sera-t-il touché?
Comme la situation actuelle demeure, très peu. L’impact le plus important concerne l’industrie de l’aluminium, qui est frappée par des droits de douane américains de 25% depuis le 12 mars. Ceux-ci sont toutefois systématiquement refilés aux acheteurs. Et comme le marché américain a grandement besoin de notre aluminium, il est peu probable que les tarifs fassent chuter nos exportations de métal gris. Pour notre autre grande industrie exportatrice, l’aéronautique, le statu quo signifie qu’elle est, elle aussi, peu touchée, pour l’instant, par la guerre commerciale de Washington. Les avions, moteurs et composantes aéronautiques sont actuellement assujettis à des tarifs de 0%, comme tous les produits canadiens conformes aux dispositions du libre-échange avec les États-Unis et le Mexique.
– Avec la collaboration de Sylvain Larocque
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