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Langage centré sur la personne: arrêtez d’utiliser «addict» pour parler d’un consommateur de drogue

Illustration Julie Verville
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Photo portrait de Julien Bouthillier

Julien Bouthillier

2023-02-01T14:35:08Z
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De plus en plus, on préfère utiliser des formulations comme «personne aux prises avec une dépendance à la drogue» plutôt qu’«accro» ou «addict» ou «personne qui vit avec la schizophrénie» plutôt que «schizophrène». C’est le principe du langage centré sur la personne, qui a pour objectif de briser la stigmatisation. 

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Utiliser des termes stigmatisants risque de «réduire la dignité d’une personne», affirme Samuel Breau, gestionnaire pour l’accès aux soins de santé mentale de qualité à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). 

«Au moins 60% des personnes aux prises avec un problème de santé mentale ont peur d’aller chercher de l’aide, car ils ont peur d’être étiquetés», précise-t-il.  

«Lutter contre la stigmatisation liée à la maladie mentale, au suicide et à l’usage de substances commence par le choix des mots – qui évoluent sans cesse. [...] Tout le monde peut devenir un champion de la lutte contre la stigmatisation en prônant l’utilisation d’un langage précis et respectueux», explique la CSMC.  

«Lorsqu’on crée une division, ça [devient] plus difficile d’avoir des interactions humaines [et] de l’empathie [envers ces personnes]», affirme Samuel Breau. 

Des impacts concrets  

Pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, le fait d’utiliser un mot comme «dément» peut avoir des conséquences sur l’évolution de la maladie, soutient la directrice recherche, développement et qualité des services à la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer, Nouha Ben Gaied. 

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«On sait très bien que la manière dont on va parler à une personne atteinte va avoir un impact sur son comportement, sur son interaction avec nous et avec son environnement. Donc, de par les mots qu’on va utiliser, on va soit la soutenir et l’accompagner, ou, au contraire, l’affaiblir et, à ce moment-là, augmenter son isolement et son déclin cognitif», précise-t-elle.  

Pour la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer, il est donc primordial de placer la personne devant la maladie.  

«Cette approche, en fait, va vraiment miser sur les capacités restantes de la personne, sur ses forces plutôt que sur ses faiblesses. Et on considère à ce moment-là que la personne est au centre de nos préoccupations et donc on la voit différemment. Ce n’est plus madame Lambert qui a l’Alzheimer, mais c’est madame Lambert qui a un vécu, qui a une histoire, qui a des enfants, qui a un conjoint», explique Nouha Ben Gaied. 

Cette dernière insiste également sur l’importance des mots que l’on utilise.  

«Les mots que l’on va utiliser vont influencer nos actions, nos humeurs. Le ton de voix que l’on va utiliser va avoir un impact également sur la manière dont le message va être transmis et perçu. Et donc, les mots qu’on va utiliser vont soit modifier la manière dont on voit la maladie, soit, au contraire, [exacerber] les préjugés et les stigmas envers cette maladie.» 

Pour Samuel Breau, le plus important, c’est d’écouter les personnes concernées. Elles sont les mieux placées pour savoir comment elles veulent être désignées, conclut-il.  

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