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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Lafleur, un joueur d’exception: un homme fait pour carburer sous pression

Entouré par son capitaine Serge Savard et par Yvan Cournoyer, le Démon blond a le sourire du vainqueur avec le trophée Conn Smythe sur ses genoux.
Entouré par son capitaine Serge Savard et par Yvan Cournoyer, le Démon blond a le sourire du vainqueur avec le trophée Conn Smythe sur ses genoux. Photo Getty Images
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Photo portrait de Yvon Pedneault

Yvon Pedneault

2022-04-23T00:29:33Z
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Le temps était plutôt maussade. Habituellement, quand le Canadien se frotte aux Bruins, le printemps nous dévoile un soleil plus chaud, plus rayonnant. Sauf que cette journée-là soulevait des inquiétudes.

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C’était au printemps de 1977.

Le Canadien, évidemment, se frottait à son éternel rival des séries : les Bruins. Un affrontement printanier entre les deux formations était pratiquement une tradition.

Inutile de préciser que la passion des partisans des deux équipes avait atteint son plus haut niveau. À Boston, on détestait le Canadien. À Montréal, on se plaisait à savourer les victoires répétées du Tricolore.

Les fantômes

Pendant des années, Harry Sinden, le coloré directeur général des Bruins, tenta d’élucider le mystère des fantômes du Forum. Un mystère qu’il avait lui-même identifié comme étant l’explication des insuccès de son équipe face au Canadien. « Cet amphithéâtre est hanté. Il y a des fantômes. Il n’y a pas d’autres explications pour expliquer toutes les défaites encaissées à cet endroit. Chaque année, des événements étranges se produisent... On ne parvient jamais à battre cette équipe. »

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Lors de la série de 1977, les fantômes de Sinden se manifestaient. Ils étaient encore plus nombreux pendant les séries.

Mais les fantômes invitèrent cette fois Guy Lafleur à prendre la relève. Ils n’eurent pas à intervenir... le spectaculaire ailier droit leur demanda de faire profil bas.

Guy LafleurGuy Lafleur | 1951-2022
30 mars 1991 - Ovation pour Guy Lafleur lors de son dernier match a vie au Forum dans l'uniforme des Nordiques. Les archives / Le Journal de Montreal
Guy Lafleur durant ses années avec Le Canadien Bruce Bennett Studios via Getty Images
Guy Lafleur André Toto Gingras LE JOURNAL DE MONTRÉAL/AGENCE QMI
Le club de hockey Canadien présente les récipiendaires des prix d’excellence et du mérite Guy-Lafleur pour 2017-2018 CHANTAL POIRIER / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Guy Lafleur lors du dernier match de sa tournée d'adieu au Centre Bell, le dimanche 5 décembre 2010. Sébastien St-Jean / 24Heures / Agence QMI
11 septembre 1971 - À la veille de son premier camp d'entrainement avec le Canadien de Montréal, pour la première fois Guy Lafleur en profite pour donner quelques coups de patin sur la patinoire du Forum. Sur la photo il est en compagnie de Jean Béliveau. Les archives / Le Journal de Montreal
Photo dédicacée de Guy Lafleur dans son uniforme des Remparts de Québec Courtoisie
Guy Lafleur dans le cadre de la soirée du retrait du numéro 4 de Guy Lafleur au Centre Slush Puppie de Gatineau le mercredi 29 septembre 2021 MARTIN CHEVALIER / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Guy Lafleur et sa bannière dans le cadre de la soirée du retrait du numéro 4 de Guy Lafleur au Centre Slush Puppie de Gatineau le mercredi 29 septembre 2021 MARTIN CHEVALIER / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Dernier match de Guy Lafleur avec les Nordiques de Québec, à Montréal le 30 mars 1991 Les archives / Le Journal de Montreal
Sculpture de Guy Lafleur en bronze Les archives / Le Journal de Montreal
Guy Lafleur, Pee-Wee Collection Tournoi Pee-Wee de Québec, Fonds Photo Moderne
Guy Lafleur, Pee-Wee Collection Tournoi Pee-Wee de Québec, Fonds Photo Moderne
Guy Lafleur et les trophée Art Ross, Conn Smythe et Lester B. Pearson, Forum de Montréal, 1976 Denis Brodeur / NHLI via Getty Images
Guy Lafleur, alors membre de Team Canada, signe des autographes durant un entraînement pour la Coupe Canada, Montréal 1976 Denis Brodeur / NHLI via Getty Images
Guy Lafleur et le gardien de but Murray Bannerman #30 des Blackhawks de Chicago, Forum de Montréal 1980 Denis Brodeur / NHLI via Getty Images
Guy Lafleur et le gardien Mike Palmateer des Maple Leafs de Toronto Dick Darrell / Toronto Star via Getty Images
7 mars 1975 - Guy Lafleur devient le premier joueur de toute l'histoire du club Canadiens à atteindre les 100 points en une seule saison Lors d'une victoire de 8 à 4 contre les Capitals de Washington Les archives / Le Journal de Montreal
Guy Lafleur sur le banc durant un match (3) de finale contre les Bruins de Boston, Boston Gardens, 1977 Dick Raphael / Sports Illustrated via Getty Images
Annonce de la première retraite de Guy Lafleur Les Archives / Le Journal de Montréal
La LHJMQ retire le numéro 4 de Guy Lafleur au Centre Videotron de Québec, jeudi le 28 octobre 2021 STEVENS LEBLANC / JOURNAL DE QUÉBEC / AGENCE QMI
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Wensink menace Lafleur

Lors d’un match disputé au Forum, Lafleur multiplia les attaques. Compétiteur acharné, il ne rata pas une occasion pour tailler en pièces la brigade défensive de l’adversaire. Il eut un plaisir fou.

Les Bruins firent chou blanc, incapables de trouver un moyen pour freiner ses visites dans leur territoire. Mais Lafleur s’amusa comme larron en foire.

Puis, en troisième période, alors qu’il s’avança à toute vitesse vers le territoire ennemi, chevelure blonde au vent, les amateurs sur le bout de leur siège, il s’élança. Il s’apprêta à effectuer un de ses tirs foudroyants.

Puis, le sifflet du juge de ligne se fit entendre.

Mais, Lafleur ne parvint pas à retenir son élan puisqu’au moment où le juge de ligne intervint pour stopper le jeu, la lame du bâton de Lafleur toucha la rondelle qui atteignit le défenseur Mike Milbury.

Un geste qui souleva l’ire des joueurs des Bruins.

Comme on cherchait une excuse pour intimider les joueurs du Canadien, on prononça la sentence. Le geste de Lafleur sera puni. « On va lui faire sa fête lors du prochain match disputé à Boston, » claironna le dur John Wensink dans le vestiaire de son équipe après le match.

« Ce fut un geste délibéré... », insista-t-il sans convaincre ceux qui prenaient des notes.

Mais, le message laissa des traces.

Il n’y a pas un athlète qui demeure insensible aux propos d’un rival qui le menace de lui faire la vie dure.

La journée du match, les joueurs du Canadien occupaient des chambres au Sheraton Boston. Les séries éliminatoires exigent toujours une préparation spéciale et les athlètes composent avec une pression encore plus écrasante.

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À 14 h 30, c’était le calme plat. Dans le hall d’entrée, il n’y avait que les employés de l’hôtel... et Guy Lafleur.

Il faisait les cent pas, laissant au-dessus de lui un nuage de fumée. Flower ne pouvait pas cacher sa nervosité et, surtout, il se préparait à répondre à ceux qui l’avaient menacé deux jours auparavant.

Puis, à 15 h. il quitta l’hôtel. Direction le Boston Garden.

C’était son habitude de se présenter au vestiaire du Canadien très tôt en après-midi.

On a beau carburer à la pression, cette fois-ci, sa tête était mise à prix. Milbury et Wensink avaient déjà annoncé leurs couleurs.  

Guy Lafleur allait répondre avec son arme préférée. Celle où il mitraille les gardiens avec ses tirs lourds et cadrés. Il allait semer la confusion chez les défenseurs des Bruins.

Il n’avait pas à trop se soucier de Wensink. Les Bruins n’avaient tout de même pas l’intention de l’utiliser contre le meilleur joueur de la ligue. Milbury ? Un ou deux coups de patin et Lafleur pouvait déborder facilement l’arrière des Bruins.

Mais, avant tout, ce qui importait, c’était la victoire.

Et Flower, avec la complicité de Jacques Lemaire, trouva le moyen le plus redoutable pour fermer le clapet des provocateurs avec une sévère réplique de deux buts et deux mentions d’aide dans un gain de 4 à 2.

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Chez les Bruins, après le match, on n’avait pas les mots pour analyser cette attaque foudroyante que venait de leur servir l’ailier droit du Canadien.

Lafleur ne tarda pas à mettre les points sur les « i » et les barres sur les « t ». « Ça ne m’a pas dérangé toutes ces menaces. »

Sous haute surveillance

Tout comme Lafleur trouva amusante la menace, confirmée par la Sûreté du Québec, que des hommes dangereux avaient envisagé de le kidnapper et d’ensuite exiger une rançon à l’organisation du Canadien.

Pendant quelques jours, deux policiers furent chargés de veiller sur lui. 

Les athlètes surdoués, ceux qui défient chaque jour l’impensable, composent avec l’adversité en manifestant une détermination leur permettant de se démarquer.

Guy Lafleur a toujours envisagé les défis avec une assurance absolue, avec une confiance inébranlable.

Peut-être que Harry Sinden a finalement compris que les fantômes du Forum avaient tous des noms.

Jean Béliveau, Maurice Richard... Guy Lafleur.

Au fait, le Canadien gagna la grande finale face aux Bruins... en quatre matchs !

4
2
Première période
1-Mtl: Guy Lafleur (8) (Lapointe, Mahovlich) AN- 4:08
2-Mtl: Steve Shutt (8) (Lemaire, Lafleur) AN 7:58
3-Mtl: Jacques Lemaire (5) (Lapointe, Lafleur) AN 8:29
Punitions: Smith (Bos) 1:34 banc de Boston (purgée par Wensink) 3:34 Wilson (Mtl) 5:24 Cashman (Bos) 7:02 Gainey (Mtl) 9:18 Cashman (Bos) et Robinson (Mtl) 9:27 Gainey (Mtl) 11:30 Cashman (Bos) 11:50 Wilson (Mtl) 12:56 Gainey (Mtl) 13:37 Jonathan (Bos) 16:57
Deuxième période
4-Bos: Greg Sheppard (5) (Middleton, Cashman) 6:32
Punitions: Smith (Bos) et Roberts (Mtl) 9:19 Gainey (Mtl) 10:31 Doak (Bos) 15:26
Troisième période
5-Mtl: Guy Lafleur (9) (Shutt, Lemaire) 12:52
6-Bos: Peter McNab (5) (Middleton, Park) AN 18:34
Punitions: Roberts (Mtl) 16:53
Tirs au but
Montréal 19Boston 25
Gardiens:
Mtl: Ken Dryden (G, 11-2)Bos: Gerry Cheevers (G, 8-4)
Avantages numériques:
Mtl: 3 en 6, Bos: 1 en 7
Arbitres:
Bob Myers
Juges de lignes:
John DAmico et Neil Armstrong
ASSISTANCE:
14 597

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