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L'article provient de TVA Sports
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La vie rêvée de Marc-Antoine Pouliot en Suisse

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Alexandre Parent

2023-02-10T11:59:47Z
2023-02-10T22:23:51Z
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Cela fait maintenant plus d’une décennie que le Québécois Marc-Antoine Pouliot a quitté l’Amérique du Nord pour l’Europe. Plus de 10 ans qu’il a pris la décision de dire adieu à la Ligue nationale de hockey pour s’établir en Suisse. S’il est loin de la gloire et du pinacle de son sport, cet ex-choix de premier tour des Oilers d’Edmonton a su trouver la vie rêvée.

Pouliot, qui évolue actuellement pour la formation de Genève-Servette HC en National League, est bien connu au Québec, lui qui a été le capitaine d’un certain Sidney Crosby avec l’Océanic de Rimouski dans la LHJMQ entre 2003 et 2005. Pouliot et Crosby, en ce temps, faisaient partie d’un trio infernal avec Dany Roussin. Les trois compagnons avaient d’ailleurs amassé, respectivement, 114, 168 et 116 points lors de la saison 2004-2005, qui s’était terminée par une défaite de 4-0 en finale de la Coupe Memorial aux mains des Knights de London de Corey Perry.

Voyez dans la vidéo ci-dessus une partie de l'entrevue que Marc-Antoine Pouliot a accordé à Alexandre Parent.

Si Crosby a été sélectionné au tout premier rang du repêchage de la LNH par les Penguins de Pittsburgh quelques mois plus tard, Pouliot, lui, avait déjà trouvé preneur alors qu’il avait attiré l’œil des Oilers après sa deuxième saison dans la LHJMQ. La formation de l’Alberta l’avait sélectionné au 22e rang au total de l’encan amateur de la LNH de 2003... six rangs devant Perry.

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Ainsi, alors qu’il amorçait sa troisième campagne avec l’Océanic, aux côtés de «Sid the Kid» - avec qui il garde toujours contact encore aujourd’hui -, déjà les attentes placées en lui étaient grandes. Toutefois, sa carrière n’a pas pris la tangente espérée.

«J’ai été blessé au mauvais moment et j’ai eu une mononucléose aussi, a confié Pouliot, lors d’une entrevue depuis Genève, en Suisse, accordée au TVASports.ca. À ma première année, lors de laquelle les Oilers se sont rendus en finale, j’étais supposé jouer. C’était contre Detroit (NDLR: au premier tour). (Mais) je n’étais pas capable de me lever ce matin-là. Le médecin est arrivé et on a fait des tests et c’est là que j’ai appris que j’avais une mononucléose. C’était ma première année et j’ai été à l’écart du jeu pour quelques mois. 

«Sans oublier les blessures que j’ai eues dans le junior. J’ai eu une hernie abdominale. Tout ça a fait que ç’a peut-être un peu ralenti mon processus de développement. Ça ne prend pas grand-chose. L’année suivante, il y a d’autres joueurs qui arrivent et les entraîneurs préfèrent un autre joueur que toi. Tu te fais descendre et c’est l’effet boule de neige. Ça ne prend vraiment pas grand-chose.»

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Brett Gundlock, Special to the Sun
Brett Gundlock, Special to the Sun

Une vie dans les valises

Ainsi s’amorçaient les balbutiements d’une vie dans les valises entre Hamilton, Wilkes-Barre, Springfield, Norfolk et Portland, mais également Edmonton (Oilers), Tampa (Lightning) et Phoenix (Coyotes) de 2005 à 2012.

Puis, après la saison 2011-2012, où il évoluait dans l’organisation des Coyotes de Phoenix et avec qui il avait disputé huit parties en séries éliminatoires, la LNH a décrété un lock-out. Ainsi, le début de la saison 2012-2013 a été annulé. Mais pour Pouliot, l’heure des décisions était déjà arrivée. Soit rester en Amérique du Nord puisque certaines organisations de la LNH, dont les Coyotes, étaient toujours intéressées à ses services, ou s’expatrier en Europe.

«Je suis arrivé l’année du lock-out. J’étais à Phoenix avec les Coyotes et dans la Ligue américaine aussi avec Portland, en étant on et off, a raconté celui qui avait disputé 13 parties lors de la saison régulière avec la formation de l’Arizona. J’ai eu plusieurs offres, mais à deux volets. 

«Il y avait beaucoup d’intérêt en Europe, autant en Suisse qu’en Suède, en Russie aussi. J’avais plusieurs places où j’aurais pu aller. Finalement, ç’a tombé sur la Suisse en raison de quelques détails, notamment, ils m’offraient une out clause. Juste le fait que c’est une ville bilingue, francophone aussi. Donc, j’ai décidé d’aller en Suisse pour une année, voir ce qui se passe. Finalement, je ne suis jamais parti.»

La recherche de stabilité

À 27 ans, Pouliot était rendu à un point où il recherchait la stabilité dans sa vie, autant professionnelle que personnelle. 

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«Pour moi, c’était définitivement (en raison de) la navette entre la Ligue américaine et la Ligue nationale, a souligné Pouliot. Se promener à gauche et à droite et l’instabilité. J’avais le goût de jouer dans la meilleure ligue quelque part et savoir que je reste là toute l’année. C’était ça, ma raison principale. [...] J’ai eu des belles offres en Europe (après la saison 2011-2012). On ne sait jamais, j’ai peut-être une moins bonne saison par la suite et ces offres-là ne viennent plus. Je me suis dit que c’était le temps d’y aller. Que c’était un signe avec les belles offres que j’avais.»

Tout de même, Pouliot avait toujours en tête un retour en Amérique du Nord. Mais l’attrait de la Suisse et de la vie qu’il était en train de se bâtir était devenu trop important, surtout que les offres pour un retour à l’ouest de l’océan Atlantique se faisaient rares.

«Mon but était de revenir après la première saison. Avoir une grosse saison et peut-être revenir, s’est remémoré l’attaquant qui a maintenant la nationalité suisse. Je n’avais pas mis une croix là-dessus. [...] (Mais) quand tu pars en Europe, c’est difficile de revenir. 

Courtoisie: GSHC / Nabil Kacem
Courtoisie: GSHC / Nabil Kacem

Pouliot a d’ailleurs eu une bonne première saison en Suisse avec la formation de Biel, obtenant 40 points en 48 parties, étant le coéquipier de Patrick Kane et Tyler Seguin, en raison du lock-out dans la LNH.

«J’avais une bonne saison à Biel, où j’ai commencé et qui était dans ce temps-là un club de milieu de classement. (Par la suite), Fribourg, qui avait fini premier, m’avait offert un contrat de deux ans. Quand j’ai signé ce contrat de deux ans (à Fribourg), je savais plus ou moins que je devais me concentrer sur ma carrière en Suisse.»

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Des conditions idéales

Et en Suisse, les conditions de travail sont loin d’être déplaisantes. Genève est une magnifique ville francophone où il fait bon de vivre. La température y est agréable et les balades aux abords du Lac Léman sont magnifiques. De plus, les voyages sont beaucoup moins longs que dans la LNH.

«J’ai la voiture et l’appartement dans mon entente. Je dirais que les conditions sont formidables, a confié celui qui est à Genève depuis 2021, mais qui a également joué à Biel et à Fribourg. C’est dur à battre, ça ne se compare pas à la Ligue américaine du tout, à part peut-être un ou deux joueurs qui ont quand même des bons salaires.»

Selon ses dires, avec tous les avantages personnels et fiscaux, le salaire des meilleurs joueurs en Suisse, dépendamment de sa situation, pourrait se rapprocher du salaire minimum de la LNH, qui est de 750 000$ américains. Et il ne faut pas oublier que le franc suisse est une monnaie très forte, plus que le dollar américain.

Courtoisie: GSHC / Nabil Kacem
Courtoisie: GSHC / Nabil Kacem

Beaucoup de pression, aucun regret

Ainsi, Pouliot est bien établi en Suisse, lui qui a fondé une famille avec sa conjointe, qui est d’origine suisse. En analysant son parcours depuis son départ de l’Amérique du Nord, le Québécois n’a pas de regret.

«Comme tout le monde, si tu reviens en arrière, tu peux faire les choses différemment, a raconté Pouliot. Honnêtement, la Suisse a été une des meilleures choses pour moi. Autant au hockey que dans ma vie personnelle avec le style de vie. J’ai rencontré ma femme, mes enfants sont nés ici. Je me sens autant à la maison en Suisse qu’au Canada. Pour moi, ç’a été exceptionnel que la Suisse m’ait trouvé et de ce côté-là, je ne regrette rien.»

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Et ce n’est pas parce qu’il n’a pas réussi à avoir une carrière à temps plein dans la LNH qu’il se considère comme un flop. En fait, c’est plutôt tout le contraire.

«Souvent, quand tu es repêché haut, il y a des attentes et si ça n’a pas fonctionné, tu es automatiquement un flop, a philosophé l’attaquant. Oui, c’est sûr que tu dois te regarder dans les yeux et tu dois accepter une part de responsabilité. Ce n’est pas toi qui décides par qui tu te fais repêcher ou tu n’es pas là au bon moment et ça ne marche pas. Il y a plein de facteurs extérieurs qui font que ça n’a pas fonctionné pour un certain joueur, mais que ça aurait pu fonctionner ailleurs. C’est ma perspective à moi.»

Pouliot va plus loin encore et aborde un aspect qu’il ne faut pas négliger. La pression de livrer la marchandise. Immédiatement. La National League en Suisse, dont le calibre peut se comparer à celui dans la Ligue américaine de hockey, est une ligue très compétitive où la marge d’erreur est minime.

Courtoisie: GSHC / Nabil Kacem
Courtoisie: GSHC / Nabil Kacem

«Quand tu arrives en Europe, il faut que tu performes tout de suite, a tranché Pouliot. Ce sont des ligues avec beaucoup de pression dans le sens que tu peux signer un gros contrat en Suisse, mais si tu n’es pas capable de t’ajuster et de performer tout de suite, l’année prochaine, tu n’en auras pas de contrat. C’est la même chose en Allemagne, c’est la même chose, encore plus, en Russie.»

Et, avec du recul, Pouliot s’est bien ajusté à la Suisse puisque sa carrière, qui tire à sa fin, n’est toujours pas terminée. Le joueur de 37 ans, qui a disputé jusqu’à présent 433 matchs et obtenu 351 points en Suisse, continue de produire et a un contrat en poche pour la prochaine saison avec le club le Genève-Servette HC, qui, actuellement, trône au sommet du classement de la ligue.

Est-ce que ce sera sa dernière saison? Le principal intéressé n’en a aucune idée, mais il sait que lorsqu’il accrochera ses patins, qu’il ne restera pas les bras croisés. Et surtout, qu’il n’aura aucun regret.

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