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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

La torture de l’examen de français des futurs profs

Capture d'écran, TVA Nouvelles
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Photo portrait de Sylvain Dancause

Sylvain Dancause

2022-12-05T20:30:00Z
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Après le coup de gueule du Regroupement pour la modification du test de français pour l’obtention d’un brevet d’enseignement (ici), c’est au tour d’une future prof de nous lancer son cri du cœur (ici).

Est-ce que ces étudiants utilisent la bonne stratégie afin de forcer une modification à cet examen? 

À mon avis, il s’agit de deux mauvaises sorties médiatiques. Elles brisent pour une énième fois l’image de la profession. 

Je ne vois pas la nécessité de voir sa face dans Le Journal pour revendiquer des changements au test. Tout ça pourrait se régler ailleurs et les enseignants ne passeraient pas pour un groupe médiocre.

Responsabilité collective

Depuis des années, les taux d’échec élevés des futurs enseignants à l’examen obligatoire de français font la manchette.

Comme disait Patrick Lagacé, «je refuse de jeter la pierre à ces enseignants: ils sont le produit d’une culture qui se fiche de l’école...» 

Ils sont aussi le produit d’une culture qui se fiche de sa propre langue.

Dans la foulée de la multiplication des projets particuliers, le domaine ayant connu la plus grande progression est sans aucun doute celui des programmes d’anglais. Il y a un déséquilibre quant à l’importance accordée à l’enseignement de notre langue seconde par rapport à notre langue maternelle.

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Comme société, le message envoyé à nos jeunes est limpide: Fuck le français.

Responsabilité individuelle

Si nous sommes collectivement responsables d’une partie du problème, il n’en demeure pas moins que la réussite d’un examen est aussi une responsabilité individuelle. À cet égard, il peut être surprenant de lire la réaction de cette étudiante face à son échec. 

Mais pas pour un enseignant du secondaire.

Cette jeune adulte a le même discours que mes adolescents. Nous encourageons ce type de comportement à l’école. Notre système scolaire répond positivement aux caprices de plusieurs élèves. Difficile alors de se responsabiliser et de faire preuve d’introspection lorsque c’est toujours la faute des autres.

J’ai 57%? Le prof va arrondir à 60%. J’ai 50%? Je vais faire un cours d’été et je vais passer facilement après 10 jours (pis, des fois, je n’ai même pas besoin de faire un cours d’été). Je remets un travail en retard? Pas grave. Je ne remets pas un travail ? Pas grave, on va m’offrir une reprise. Et si ça ne fonctionne pas? Mes parents vont s’occuper du dossier à coup de menaces. 

Et quelle sera la réponse de l’école à ce type de parents? Oui monsieur, oui madame. Pardon, monsieur, pardon, madame.

Le drame selon Deschamps

Toutes ces histoires m’ont rappelé ces paroles tirées du monologue Les ados de l’humoriste Yvon Deschamps:

Vous savez, c’est très difficile d’être adolescent de nos jours.

C’était tellement plus facile lorsque, nous-mêmes, nous étions adolescents. 

C’était plus facile parce que nous n’avions rien. Et comme nous n’avions rien, nous nous retrouvions devant tout.

Le problème de nos jeunes, c’est qu’ils ont tout. Donc, ils se retrouvent devant rien.

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