La «ville 15 minutes» est-elle LA solution à la crise climatique?
Léa Ilardo
L'idée de «ville 15 minutes» où on peut effectuer tous nos déplacements à pied ou à vélo en un quart d’heure fait son chemin un peu partout à travers le monde. On la présente comme LA solution pour lutter contre les changements climatiques. Je vous explique pourquoi.
Quitter la job à pieds pour aller chercher les enfants à l’école ou à la garderie, passer par l’épicerie pour compléter le souper, commencer à cuisiner 15 minutes plus tard: c’est possible de faire tout ceci sans voiture dans une «ville 15 minutes».
Ce concept d’urbanisme qui veut que les villes soient davantage «à échelle humaine» pourrait être l’élément-clé de la transformation dont on a besoin pour faire face à la crise climatique.
Sortir de notre dépendance à l’automobile
On associe beaucoup la possession d’une voiture à la liberté. Pourtant, en dehors des grands centres urbains, on peut difficilement s’en passer.
On en est dépendants pour presque tous nos déplacements puisque nos villes ont été construites par zones: zone résidentielle, zone commerciale avec le centre d’achat (où il est parfois nécessaire de reprendre sa voiture pour passer d’un magasin à l’autre) et zone industrielle où se trouvent les emplois. Comment se déplacer d’une zone à l’autre? En voiture.
Au Québec, environ un tiers de nos émissions de gaz à effet de serre (GES) proviennent du transport routier.
Notre dépendance à l’auto est littéralement responsable de nos bilans déplorables en matière de réduction des GES.
Si on veut réduire significativement nos GES, il faut contrer notre dépendance à l’auto en repensant l’aménagement de nos villes.
Concentrer les activités au même endroit
Dans la «ville 15 minutes», on peut trouver: une épicerie, un Centre de la petite enfance (CPE) et une pharmacie au rez-de-chaussée d’un bâtiment; des logements aux étages supérieurs; une petite rue commerçante au cœur d’un village; un site industriel combiné à des espaces publics; un réseau d’infrastructures vertes et des voies de transports actifs connectées aux quartiers voisins. Bref, on y élimine les déplacements en auto entre notre logement et nos activités.
Pour des villes et villages plus résilients
Les bénéfices d’une ville à échelle humaine ne sont pas qu’écologiques. Côtoyer toujours le même épicier, boire son café au même coin de rue, ça amène à tisser des liens avec son voisinage; liens absolument nécessaires lorsque surviennent des événements climatiques extrêmes (canicules, inondations et autres) qui vont devenir de plus en plus fréquents dans les prochaines années. Être tissés serrés, c’est être résilients.
Prochaines années décisives
À Montréal, la mairesse Valérie Plante avait fait de la «ville 15 minutes» une mesure phare de son programme électoral.
Mais c’est surtout autour et hors de la métropole qu’une transformation de la façon d’aménager le territoire est indispensable. Là où les villes gagnent en population, il nous faut valoriser les projets de densification douce («construire la ville sur la ville») au lieu de continuer à s’étaler sur des milieux naturels ou des terres agricoles.
Reste à voir ce que la Politique nationale d'architecture et d'aménagement du territoire prévue pour le printemps 2022 réservera comme sort à la «ville 15 minutes».