La folie de l'empereur Trump: enrichir les plus riches en appauvrissant la planète


Thomas Mulcair
J’ai regardé l’intégralité du show de Donald Trump dans la roseraie de la Maison-Blanche mercredi, et j’ai réalisé que, oui, il est dingue. Mais ce n’est pas juste ça, le problème. Il est aussi totalement irresponsable.
Il sautait d’un sujet à un autre, interpellant des membres de la «foule» (sa gang MAGA), tout en faisant la démonstration de son ignorance crasse des grandes questions économiques.
Le vrai danger, à mon sens, c’est que le chaos qu’il s’apprête à infliger au monde est intentionnel et vise à enrichir les plus riches de la planète.
Profiter de la crise
Le professeur Daniel Cere, de l’Université McGill, vient de publier un texte dans lequel il rappelle que, bien avant sa première élection, Donald Trump s’était vanté de toujours gagner plus d’argent lorsque l’économie allait mal.
M. Cere est professeur de religion, d’éthique et de politique publique, un éventail de perspectives particulièrement utile pour analyser les motivations de Trump. Son texte est publié dans la revue en ligne Canadian Dimension.
Dans The Globe and Mail, en 2007, Trump s’est exclamé qu’il était «excité» à l’idée d’une récession (qui est effectivement survenue l’année suivante), se vantant d’avoir «toujours fait plus d’argent lorsque l’économie allait mal que lorsqu’elle allait bien»!
Le professeur Cere pose la bonne question: est-il concevable que Donald Trump soit intentionnellement en train de conduire l’économie mondiale au bord du précipice pour que les riches puissent s’enrichir, même si le reste du monde s’appauvrit?
Carney
Le Canada a peut-être évité le pire, comme l’affirment les titres de journaux aujourd’hui, mais nous ne sommes pas seuls au monde. L’économie est globalisée, et les soubresauts nous secoueront autant que les pays directement ciblés par Trump.
On aura beau renégocier l’Accord Canada–États-Unis–Mexique, nous ne sommes pas seuls au monde.
C’est l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, qui a le mieux décrit ce que cela signifie. Il avertit que cette manœuvre de Trump constitue un bouleversement total du système de commerce international. Tout le monde, littéralement tout le monde, sera affecté. Personne n’y échappera.
On s’est peut-être sauvés, mais on risque d’être des naufragés sur une île qui rétrécit sous les flots.
Moins nantis
En temps de crise économique, les riches en profitent. Ils peuvent acheter des immeubles vendus à bas prix parce que leurs propriétaires ne parviennent plus à payer leurs hypothèques.
Ceux qui ont de l’argent traverseront la crise en s’enrichissant, tandis que les moins fortunés souffriront.
Les employeurs en profitent aussi: le rapport de force des travailleurs diminue lorsque le chômage est élevé. Ceux qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts sont apeurés.
Les pays économiquement émergents paieront le prix, dans tous les sens du terme.
Déjà qu'ils sont en bas de l’échelle, Donald Trump vient de leur retirer l’échelle. L’appauvrissement entraîne aussi de l’insécurité. Une très mauvaise recette pour l’avenir de la planète.