Essai de l’ASUS TUF Gaming RTX3080 OC: la reine du jeu ultralarge
Maxime Johnson
161 jours. Voilà le temps qu’il m’a fallu pour mettre la main sur la carte graphique ASUS TUF Gaming RTX3080 OC, la pièce qui me manquait pour bâtir un nouveau PC de jeu digne de 2021. Après avoir testé la carte de toutes les façons possibles, un constat s’impose : l’attente a valu la peine.
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TUF Gaming ou Founders Edition?
Quelques précisions avant de se lancer dans les tests eux-mêmes : la carte mise à l’essai ici est une carte d’ASUS. Techniquement, il s’agit de la même carte que la NVIDIA RTX 3080 régulière lancée à l’automne (surnommée Founders Edition par NVIDIA), mais avec un boitier différent, des composantes électroniques plus robustes, des ajouts logiciels et un système de refroidissement repensé.
ASUS offre par exemple trois ventilateurs plutôt que deux, avec un ventilateur central inversé, ce qui diminue les turbulences lorsque l’usage est élevé. Les ventilateurs sont aussi d’une meilleure qualité que le modèle de base et les puits de chaleur ont été optimisés pour améliorer le refroidissement (notamment en offrant un puits distinct pour le cœur graphique et pour la mémoire VRAM).
Dans l’ensemble, la carte d’ASUS est d’une bonne qualité. Avec les paramètres par défaut, en effectuant un test intensif, ses ventilateurs ne deviennent audibles que lorsque le travail est prolongé. Et même là, ceux-ci ne se sont jamais activés à 100% pendant que je jouais, le bruit n’est donc jamais devenu agaçant.
Quand je joue à un jeu exigeant, comme Days Gone, les ventilateurs atteignent environ 75% de leur vitesse maximale et la carte ne dépasse les 70-80 degrés Celsius. Oui, vous pourriez faire cuire un œuf sur la carte graphique, mais non, ce n’est pas dangereux pour cette dernière, puisque la limite de la carte est en fait de 93 degrés Celsius, selon NVIDIA (l’entreprise ne se prononce pas sur le danger de faire cuire un œuf sur ses cartes, mais je présume que c’est à éviter).
Parmi ses autres caractéristiques, notons que la TUF gaming est dotée de 3 ports DisplayPort 1.4a et de 2 ports HDMI 2.1 (un de plus que la Founders Edition). Elle est également plus large et plus longue que la carte de base de NVIDIA. Notons qu’elle est aussi alimentée par 2 câbles à 8 fiches, mais qu’ASUS recommande un boitier d’alimentation de 850W (et non de 750W comme la Founders Edition).
DLSS 2.0 et Ray Tracing : de gros impacts sur les jeux
Pour ceux qui ont raté la dernière génération de carte graphique, les cartes de NVIDIA sont désormais dotées de deux technologies particulièrement intéressantes : le lancer des rayons (ray tracing, en anglais) et le DLSS (pour Deep Learning Super Sampling).
Le lancer des rayons est plus connu, puis qu’il est désormais offert sur les consoles PS5 et Xbox One X. La technologie permet en gros d’améliorer la réflexion de la lumière dans les jeux, ce qui a un impact considérable sur la beauté de ces derniers. Quand le lancer des rayons est bien implémenté, l’effet est saisissant.
C’est une technologie qui est toutefois exigeante pour la carte graphique. Dans le test Labo X du jeu Wolfenstein: Youngblood, activer le lancer des rayons divise carrément le taux d’images par seconde obtenu en deux. L’impact est toutefois généralement plus petit, comme dans Dirt 5, mais il est toujours présent.
Le DLSS (et DLSS 2) est pour sa part une technologie qui utilise l’apprentissage machine pour réduire la charge de la carte graphique, tout en offrant une qualité graphique à peu près comparable. Avec le DLSS 2, il est même possible de choisir si on souhaite prioriser la performance ou la qualité visuelle.
La technologie n’est pas offerte avec tous les jeux, mais son effet est quand même important, comme on peut le voir dans les essais avec Fortnite et Call of Duty : Warzone. Ce n’est pas très utile avec une carte comme la RTX 3080, qui offre déjà des performances suffisantes, mais cela pourrait changer la donne avec les modèles plus abordables, comme la RTX 3060 (qui risque après tout d’être plus facile à obtenir que la 3080).
Les autres usages
Une carte graphique ne sert pas qu’à jouer à des jeux. On peut s’en servir par exemple pour du montage vidéo, pour créer des humains virtuels MetaHumans d’Epic, pour de l’apprentissage machine ou pour le minage de cryptomonnaies.
Je n’entrerai pas dans les détails de ces différents cas, qui nécessiteraient chacun leur propre mise à l’essai (et avec mes talents artistiques, mes MetaHumans risquent plus de ressembler à des bonhommes allumettes de toute façon). Puisqu’à peu près tout le monde doit effectuer des vidéoconférences à l’occasion de nos jours, mentionnons tout de même que la RTX 3080 peut être utilisée pour améliorer l’image de notre caméra web et le son de notre microphone, grâce à l’application NVIDIA Broadcast.
GPU Tweak III : un logiciel pour surcadencer la carte
L’ASUS TUF Gaming est offerte avec quelques logiciels, dont le plus intéressant est GPU Tweak III, qui permet de contrôler avec précision les paramètres de la carte.
L’interface n’est pas la plus conviviale, et j’aimerais parfois que les différentes options soient mieux expliquées, mais on peut par exemple indiquer comment les ventilateurs doivent s’activer en fonction de l’utilisation (pour privilégier les performances en tout temps, ou pour simplement les faire fonctionner à un niveau audible lorsque c’est absolument nécessaire).
Le logiciel permet aussi de surcadencer la carte manuellement ou automatiquement. L’effet est toutefois assez limité, puisque la carte est déjà poussée à ses limites par les fabricants. J’ai observé une augmentation du taux d’images par seconde dans les jeux lorsque la carte est surcadencée de 1% à 5% environ.
C’est mieux qu’une claque au visage comme le veut l’expression, mais j’ai l’impression que ce sont surtout les usages autres que le jeu, qui font travailler la carte en permanence, qui bénéficieront surtout de cette fonctionnalité.
Les jeux en ultralarge
Les mises à l’essai de la RTX3080 publiées jusqu’ici ont surtout analysé ses performances avec des écrans 1080p, 1440p et 4K, au format 16:9. J’étais pour ma part curieux de voir comment elle se comporterait avec un écran ultralarge (puisque, comme je l’écrivais récemment, l’ère des moniteurs d’ordinateur au format 16:9 est révolue). Les tests effectués ici ont donc été faits dans ce format, dans les conditions les plus difficiles possibles (graphiques les plus élevés, lancer des rayons activé, synchronisation verticale désactivée et DLSS désactivé).
Les essais ont été effectués sur un moniteur Gigabyte G34WQC, d’une résolution de 3440 par 1440 pixels (à mi-chemin entre les résolutions 1440p et 4K). L’ordinateur était doté d’un processeur Core i9-11900K d’Intel, de 32 Go de mémoire vivre DDR4 Crucial Ballistix à 3200 MHz et d’un disque NVME Crucial P5. J’ai effectué les tests avec les paramètres par défaut de la carte, et non surcadencés.
Comme on peut le constater, tous les jeux essayés peuvent être joués à plus de 60 images par seconde (je n’ai indiqué ici que la moyenne par souci de simplicité, mais aucun jeu n’est descendu sous cette limite pendant les tests), même avec les meilleurs graphiques possibles. C’est vraiment impressionnant.
Le taux d’affichage varie d’un jeu à l’autre. Dans l’ensemble, on note que les jeux plus vieux (comme Civilization 6), ou ceux optimisés pour les performances, comme Rainbow Six Siege, peuvent être joués avec des taux d’images par seconde vraiment élevés, même en 3440x1440 pixels.
Les jeux les plus récents, comme Hitman 3 (test de performance Darmoor) et Days Gone (mesure manuelle dans un combat contre une horde), sont quant à eux encore limités par la carte, et n’atteignent pas les 120 images par seconde. Même son de cloche pour Red Dead Redemption 2, qui offre des paramètres graphiques plus poussés que les autres.
Bref, en ultralarge, même avec une RTX 3080, il faut encore faire dans certains cas choisir entre la qualité visuelle optimale et les performances (peut-être que la RTX 3080 Ti attendue le mois prochain règlera ce dernier problème). Mais on s’entend que je cherche ici des poux : tant la qualité que les performances sont exceptionnelles.
Dans l’ensemble, j’ai l’impression qu’il devrait être possible de jouer avec les graphiques les plus élevés en 3440x1440 pixels à plus de 60 images par seconde pour encore quelques années avec la RTX3080. Une RTX3070 serait convenable, mais forcerait à faire un peu plus de compromis sur la qualité, et une RTX 3090 serait trop chère pour le gain observable obtenu à cette résolution.
Côté prix, la RTX3080 est d’ailleurs déjà assez chère. Elle est vendue en moyenne 1199$ chez les fournisseurs au Canada (et souvent le double ou le triple chez les revendeurs). Le plus difficile est évidemment d’arriver à l’acheter. La dernière fois que la TUF Gaming a été mise en vente (en version non surcadencée) était le 15 avril, chez Best Buy. Il ne faut pas seulement de la chance pour l’obtenir, il faut aussi être rapide.
Pour les mois à venir, la question ne sera donc pas tant de savoir si vous voudrez l’acheter, mais plutôt si vous pourrez le faire.