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L'article provient de TVA Sports
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La question qui tue!

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Photo portrait de Michel Therrien

Michel Therrien

2023-03-30T14:07:50Z
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J’aimerais vous parler cette semaine du point de presse de Martin St-Louis qui a fait beaucoup jaser avant le match de mardi contre les Flyers à Philadelphie. 

«C’est une question pour Kent (Hughes)», a-t-il déclaré deux fois lorsqu’il a été questionné sur les raisons qui l’avaient incité à insérer le jeune Sean Farrell dans la formation aussi rapidement. Relancé par un autre membre des médias, qui lui a demandé si c’était lui qui faisait «son lineup», il lui a répondu avec un regard qui voulait tout dire. 

C’était la question qui tue. À mon avis, ce journaliste a traversé les limites. Tu ne peux pas demander au patron si c’est lui qui prend les décisions. On a vu dans les yeux de St-Louis qu’il n’a pas apprécié cette remarque. Et je le comprends très bien. Ce n’était vraiment pas nécessaire de le mettre dans l’embarras de cette façon. C’était insultant comme question. En plus, Martin avait déjà offert une réponse. 

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Je ne pense pas que ce journaliste aurait eu le culot de poser la même question à quelqu’un comme John Tortorella, reconnu pour son caractère bouillant devant la presse.  

Je suis derrière Martin à 100%. Je trouve qu’il a réagi de la bonne manière. Il a bien fait de ne pas aller plus loin dans sa réponse. Personnellement, je ne sais pas comment j’aurais pris ça si j’avais été à sa place.  

Je suis déjà passé par là. Durant ma carrière d’entraîneur, je m’en suis fait poser moi aussi des questions déplacées comme celle-là. Personne ne veut mal paraître. C’est pour ça qu’à l’occasion, je prenais le temps de rencontrer des journalistes individuellement pour leur exprimer mon point de vue et leur dire pourquoi je pensais qu’ils avaient dépassé les bornes. Ces conversations sont toujours demeurées privées. Ils en faisaient ce qu’ils en voulaient par la suite, mais au moins les choses étaient claires. Des «gars sur le beat» sont également déjà venus me voir pour s’excuser. 

Ne pas franchir la ligne  

Peut-être que St-Louis et le principal intéressé vont s’en reparler à tête reposée au cours des prochains jours. C’est important de bâtir une relation de confiance avec les journalistes qui suivent les Canadiens au quotidien.  

Ils ont le droit d’exprimer leurs opinions et de critiquer les décisions de l’entraîneur, tout le monde comprend que ça fait partie de la «game», mais il y a des limites qui ne devraient pas être franchies. Je suis content que Martin ait mis les siennes.  

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Même si je suis maintenant de l’autre côté de la clôture en tant qu’analyste, je fais comme si j’étais encore un «coach». Je ne fais pas de critiques, seulement des suggestions, comme c’était le cas avec mes adjoints. À la réunion du matin, je leur donnais toujours la chance d’exprimer leurs opinions sur la composition des trios, la façon de jouer et le genre d’entraînement à préconiser. En bout de ligne, c’est moi qui avais le dernier mot, mais je voulais d’abord connaître l’avis de tout le monde, ce qui me permettait de retenir certaines idées. Je dirais que 99% des entraîneurs fonctionnent de cette manière. 

Des irritants inévitables  

Même si St-Louis ne voulait pas parler de Farrell, il n’avait pas trop le choix. Selon les règlements de la LNH, l’entraîneur doit s’adresser aux médias avant tous les matchs sans exception. Le sujet allait inévitablement être abordé.  

Par expérience, je sais très bien que ce n’est pas évident de devoir répondre à tous les jours aux questions des journalistes. Ça ne te tente pas toujours, je peux en témoigner! 

Ça peut arriver à tout le monde de ne pas avoir une bonne journée. Le fait d’avoir joué trois matchs en quatre soirs, avec tout le voyagement, n’a certainement pas aidé non plus. 

Dans l’ensemble, je considère que Martin effectue un travail extraordinaire devant les médias. Il explique bien sa philosophie et celle de l’organisation. Il est très bon pour s’exprimer en point de presse. Il mérite du crédit pour ça.  

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L’entraîneur doit constamment composer avec des irritants hors de son contrôle. Mais en bon soldat, tu dois te plier aux exigences du directeur général.  

L’avantage américain  

Selon moi, le plan à propos de Farrell a changé au cours de la journée. Martin aurait sûrement préféré qu’il s’entraîne avec ses coéquipiers avant de disputer son premier match, comme l’avait fait Jordan Harris l’an passé. Même pour le joueur, ce n’est pas un contexte favorable. C’est difficile d’être envoyé dans la mêlée aux côtés de joueurs que tu ne connais pas.  

J’ai vécu une expérience similaire alors que je dirigeais les Canadiens. Au printemps 2016, je me souviens qu’il fallait absolument faire jouer le gardien Charlie Lindgren, qui arrivait des rangs universitaires américains. C’est la seule fois dans ma carrière que j’ai reçu une telle commande. Mais contrairement à Farrell, il s’était préalablement entraîné avec nous.  

Les joueurs qui proviennent de la NCAA comme Lindgren et Farrell sont en position de force. Ils brûlent une année de contrat même s’ils ne jouent qu’un seul match en fin de saison. Ce privilège a été négocié avec la direction. Ils sont donc avantagés par rapport aux joueurs de la Ligue canadienne.  

Relisez toutes mes chroniques ici.

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