Encore plus de vagues de froid polaire... à cause du réchauffement climatique
Anne-Sophie Poiré
Le sud du Québec est sous le coup d’un avertissement de froid extrême lancé par Environnement Canada. Et attachez bien vos tuques parce que ces vagues de froid polaire risquent de devenir chose commune à mesure que la planète se réchauffe, même si le phénomène peut sembler paradoxal.
«Un avertissement de froid extrême est émis lorsque le refroidissement éolien ou les températures très froides présentent un danger élevé pour la santé» pouvant causer des engelures ou l’hypothermie, prévient Environnement Canada.
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De fait, une masse d'air arctique combinée à des vents vifs fera chuter la température entre -38 °C et -42 °C la nuit passée et ce matin dans certaines régions de la province.
«Ça fait quelques années qu’on a vécu du temps aussi froid», signale le météorologue d’Environnement Canada, Simon Legault. «Il faut remonter à 2018 pour recenser de telles températures.»
Des records de froid «très localisés» pourraient même être atteints à Montréal, Québec ou Sherbrooke pour les bas maximums — les températures les plus froides possible au plus chaud de la journée.
Dans la métropole, le précédent record pour un 11 janvier a été atteint en 1981 avec un mercure de -22,4 °C, rappelle Météomédia.
La température joue au yoyo
Le froid extrême qui balaie la province a de quoi étonner après un dimanche au-dessus du point de congélation dans plusieurs villes du Québec.
«Ce yoyo de températures est quand même assez fréquent en période hivernale. Dans le nord-est de l’Amérique, notre climat a la première caractéristique d’être variable, et même assez radicalement», explique Simon Legault.
Or, «ces périodes de grand froid» demeurent un phénomène parfois provoqué par les changements climatiques, et «pourraient devenir de plus en plus fréquentes même si ça c'est contre-intuitif», précise l’expert.
Une étude publiée le 2 septembre dernier dans la revue Science a démontré pour la première fois un lien entre les changements provoqués par le réchauffement climatique dans l’Arctique et les vagues de froid hivernal dans l’hémisphère Nord.
Le réchauffement de l’Arctique a donc des conséquences sur le refroidissement au Sud.
«Le vortex polaire est en quelque sorte une grosse toupie qui tourne au-dessus du pôle Nord pendant les mois d’hiver. Sa vitesse vient de la différence de températures entre le nord et le sud» détaille le météorologue. «Mais comme les pôles se réchauffent plus rapidement que le reste de la planète, le rythme du vortex se ralentit et laisse échapper plus facilement et plus souvent des bulles d’air froid qui descendent vers le sud. »
Dangers pour la santé
En passant d'un mercure au-delà de 0 °C dimanche à près de -20 °C mardi, les trottoirs, les routes et les stationnements pourraient être glacés et glissants, avise Météomédia.
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Les jeunes enfants, les personnes âgées, celles souffrant de maladies chroniques, qui travaillent à l’extérieur et les personnes en situation d’itinérance sont particulièrement à risque en cas de froid extrême.
«Il n’y a pas de recommandation de temps d’exposition parce que c’est tributaire de notre endurance et de la manière dont on est habillé», souligne M. Legault. «Mais, pour éviter les engelures, il est préférable de se couvrir du plusieurs couches de vêtements sous son manteau.»