La progression constante de Nathan Gaucher
Kevin Dubé
Dans un monde normal, Nathan Gaucher se préparerait à participer au Match des meilleurs espoirs de la LCH, mercredi soir au Leon’s Centre de Kingston. Il s’agirait d’une étape de plus vers le repêchage de la LNH pour celui qui est considéré par plusieurs comme le meilleur espoir du Québec de la cuvée 2022.
Mais ce ne sera pas le cas. Parce qu’il n’y a rien de normal depuis deux ans. En raison de la montée des cas du variant Omicron, la LCH a annoncé le 14 janvier que cette rencontre regroupant les 40 meilleurs espoirs évoluant dans le hockey junior canadien avait été reportée à une date ultérieure.
- À lire aussi: Les Panthers concluent un mois de janvier faste
- À lire aussi: « Ducharme mérite une chance à Montréal l'an prochain »
«C’est un match que je regarde chaque année. Je souhaite que ça ait lieu parce que c’est un événement qui te permet de te comparer aux autres joueurs de la Ligue canadienne. Ça permet de voir où tu te situes», a mentionné le joueur de centre des Remparts de Québec en entrevue au Journal.
Certes, chaque événement présenté devant les équipes de recrutement des 32 équipes de la LNH est un bonus pour les espoirs admissibles au repêchage. Toutefois, Gaucher a déjà charmé plusieurs dépisteurs.
«Gaucher est le meilleur espoir de la LHJMQ, tranche un recruteur d’une équipe de l’Ouest. Pour moi, c’est un meilleur espoir au même âge que pouvait l’être Phillip Danault. Je l’aimais beaucoup Phillip à l’époque mais je pense que Gaucher est davantage une valeur sûre en première ronde que lui.»
La raison pour laquelle il compare Gaucher à Danault, c’est en raison de leur style de jeu. Le joueur des Remparts de Québec se démarque lui aussi par ses qualités de joueur polyvalent.
Progression fulgurante
Le travail des recruteurs de la LNH consiste à faire de la projection, à imaginer ce qu’un joueur deviendra dans l’éventualité où son développement se déroulerait sans anicroche. Dans le cas du no 91 des Diables rouges, cette courbe de progression est constante.
À 14 ans, il possédait déjà un physique imposant mais certaines aptitudes demeuraient à peaufiner.
«Quand il est arrivé au camp d’entraînement à 14 ans, il avait déjà la force pour jouer avec nous, mentionne l’entraîneur des Gaulois de Saint-Hyacinthe de la Ligue M18 AAA, Marc-André Ronda. On l’avait retranché parce qu’on souhaitait que son intelligence du jeu s’améliore. On voulait voir un peu plus d’outils dans son coffre que juste un attaquant de puissance qui patine, frappe et prend de bons lancers.»
La stratégie avait rapporté puisque l’année suivante, Gaucher s’était présenté à 15 ans avec un arsenal amélioré.
«Ça lui a pris une dizaine de matchs avant de marquer mais quand l’adaptation s’est faite, il jouait la tête haute, repérait les ouvertures qui lui permettaient de dégainer et il fonçait au filet. Il était excellent sur les mises au jeu et créait des choses en avantage numérique», ajoute Ronda.
Gaucher avait alors terminé la saison avec 33 points en 42 matchs, se hissant parmi les meilleurs espoirs en vue du repêchage de la LHJMQ de 2019. Ce sont finalement les Remparts qui l’avaient réclamé en première ronde, huitième au total.
Adaptation difficile
Les Diables rouges lui avaient ensuite fait une place dans leur alignement dès la saison suivante, à l’âge de 16 ans.
Le grand centre droitier avait alors frappé un mur. Son coup de patin, efficace jusqu’à présent dans sa carrière, n’était pas à la hauteur de la vitesse du jeu dans la LHJMQ.
«Quand il est arrivé à 16 ans, la game était trop vite pour lui, a reconnu l’entraîneur adjoint des Remparts Benoît Desrosiers qui, jusqu’à cette saison, était responsable des attaquants avec l’équipe. Ce qu’on a travaillé avec lui, c’est de ralentir le jeu, de se concentrer sur son positionnement. Tu n’es pas obligé d’être toujours à 100 milles à l’heure. On prenait comme exemple Patrice Bergeron.»
Gaucher s’était adapté tranquillement et les Remparts avaient vu une nette progression, surtout après les Fêtes. Il avait terminé sa première saison dans la LHJMQ avec 29 points en 54 parties.
Joueur transformé
Au camp d’entraînement suivant, encore une fois, il était arrivé transformé. Sa vitesse et son accélération étaient à point.
«Quand il est arrivé, on a tout de suite vu qu’il avait pris une coche. Ça ne me surprend pas parce que Nathan, c’est un gars passionné qui a un but en tête et c’est de jouer dans la Ligue nationale de hockey et il va tout faire pour que ça arrive. C’est un compétiteur et un gars qui déteste perdre. Même dans les entraînements, s’il perd, ça va revoler ! S’il commence un match et qu’il est 0 en 3 sur les mises au jeu, je peux te jurer que le joueur de centre devant lui est mieux d’être prêt parce que ça va faire mal lors de la prochaine.»
Cette attitude compétitive, d’ailleurs, ne date pas d’hier.
«Je peux te dire une chose : je ne suis pas sûr que ses coéquipiers souhaitaient lui enlever la rondelle dans les entraînements, ajoute en riant Marc-André Ronda. Si tu le faisais, tu payais le prix ! Nathan ne traversait jamais la ligne, par contre. Il n’a jamais manqué de respect à ses coéquipiers mais tu sentais que c’était sa rondelle à lui.»
S’imposant comme l’un des meilleurs joueurs de son équipe, Gaucher avait finalement terminé au premier rang des pointeurs de l’équipe avec 31 points en 30 matchs, en plus d’être nommé parmi les trois finalistes pour l’obtention du trophée Guy-Carbonneau remis au meilleur attaquant défensif, prix qui a finalement été remis à Jakob Pelletier.
Chose à améliorer
Cette saison, le natif de Longueil a connu un départ un peu plus lent mais semblait avoir retrouvé ses repères lorsque la pandémie a de nouveau forcé la LHJMQ à mettre sa saison sur pause. À ses 30 premiers matchs, il présente une fiche de 15 buts et 11 mentions d’aides pour 26 points. À partir de vendredi, il aura l’occasion de reprendre là où il avait laissé.
«Je pense que je peux en faire encore plus. Je veux aller chercher de la constance dans mon jeu et démontrer mon talent autant offensif que défensif. Je dois démontrer que je serai un joueur fiable dans toutes les situations au prochain niveau et ce sera à moi de le prouver lors du sprint final.»
Même s’il ne s’agit pas d’une année de repêchage, Gaucher assure en profiter comme il peut. Déjà, une quinzaine d’équipes de la LNH l’ont rencontré depuis le début de la saison et ce nombre augmentera assurément au cours des prochains mois.
«C’est vraiment le fun. Ça me permet de connaître les organisations de la LNH. C’est un processus que j’aime jusqu’à maintenant. En plus, il y a plein de belles choses qui s’en viennent pour notre équipe. On veut faire un bout de chemin en séries et peut-être même aller à la Coupe Memorial.»
Pas de doute que ça aiderait encore plus sa cause auprès des recruteurs de la LNH.