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L'article provient de TVA Sports
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«J'étais brûlé» : la prise de conscience brutale de Joshua Roy

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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2021-10-21T12:27:28Z
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Après sept matchs, Joshua Roy trône au 1er rang des pointeurs de la LHJMQ avec six buts et neuf aides déjà. Un scénario qu’il n’aurait même pas osé prédire avant le début de la saison. Il n’y croyait pas lui-même. Il n'y a pas si longtemps, terminer une présence représentait un défi pour lui.

«Je suis vraiment surpris, confie l’espoir des Canadiens de Montréal dans le cadre d’un généreux entretien avec le TVASports.ca. Je ne m’attendais pas à produire autant...» 

Il faut comprendre que la cote de Roy avait drastiquement baissé dans les deux dernières années. Choisi au tout premier rang du repêchage de la LHJMQ en 2019, le natif de Saint-Georges, en Beauce, était perçu comme l’un des plus beaux espoirs du hockey junior canadien. Un prodige qui était le chef de file de la meilleure équipe de l’histoire du midget AAA, les Chevaliers de Lévis de 2018-2019.

Mais ledit prodige a dû attendre jusqu’au cinquième tour pour être réclamé par le CH au dernier encan amateur de la LNH. La vérité est que, la saison dernière, Joshua Roy était un jeune homme en surpoids qui finissait de peine et de misère chaque présence sur la patinoire.

Roy pompait l’huile sur le banc lorsqu’il évoluait avec les Sea Dogs de Saint-Jean. 

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«J’arrivais au banc et j’étais brûlé», avoue l’attaquant avec la plus grande candeur. 

Puis, le déclic. Roy a été échangé au Phoenix de Sherbrooke. Le Phoenix le voulait tellement qu’il a sacrifié trois choix de premier tour. 

Roy, qui pesait 207 livres lorsqu’il est débarqué à Sherbrooke à Noël, a alors eu une prise de conscience brutale. Comme si on venait d’éclairer une immense lanterne au-dessus de sa tête. 

«Je suis arrivé ici et tous les gars étaient en shape, raconte-t-il. J’ai comme réalisé que j’avais du retard. Ça a sonné une cloche.» 

Photo courtoisie Vincent L. Rousseau, Phoenix
Photo courtoisie Vincent L. Rousseau, Phoenix

Transformation                 

C’est la culture du Phoenix qui l’a confronté à son plus grand défaut : il n’était pas dans une forme digne d’un hockeyeur d’élite. 

«À Sherbrooke, ils ont vraiment une bonne organisation. Les entraînements sont vraiment intenses avec notre coach Stéphane Julien. Tu n’as pas de laissez-passer, il faut tout le temps que tu travailles. Les séances dans le gymnase sont extrêmement dures. 

«Pour le développement d’un joueur, c’est la place parfaite. Je ne sais pas comment sont les autres endroits dans la Ligue, mais ici, c’est vraiment incroyable. On s’entraîne chaque jour.» 

Il est très difficile de se défaire d’une réputation. Puisqu’il manquait d’énergie sur la glace, Roy est désormais reconnu par certains observateurs comme un joueur qui est «vache», en bon québécois. Un joueur nonchalant qui mise exclusivement sur ses habiletés naturelles. 

Cette perception ne laisse pas Roy indifférent. Il se fait un devoir de la changer. 

Il est sur la bonne voie. Le Beauceron a perdu 25 livres depuis l’an dernier. Un changement radical. 

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Roy a mis tout en oeuvre pour perdre du poids au cours de l’été. Fini les restaurants. Les féculents comme le riz, les patates et les pâtes ont été mis de côté. Et au lieu de s’empiffrer, Roy a commencé à mesurer soigneusement ses portions. 

Le contraste avec la saison 2020-2021 est hallucinant. Depuis le début du camp d’entraînement à Montréal, Roy sent qu’il a des ailes. 

Photo d'archives Martin Chevalier
Photo d'archives Martin Chevalier

«Ça n’a pas d’allure comment je vois la différence, s’exclame le jeune homme. L’année passée, je revenais au banc et j’étais brûlé. Mais là, c’est rendu correct. Je travaille fort et je brûle un peu, mais je ne suis pas aussi brûlé après un petit effort comme l’année passée.

«Juste dans mon patin, je trouve que je suis vraiment plus vite sur la glace. Après un long shift, je suis capable de rester dans la game et de ne pas être brûlé mort après.»

Ce sont les Canadiens de Montréal qui se frottent les mains. Cette nouvelle mouture de Roy aurait sans doute été repêchée beaucoup plus tôt, si bien que l'organisation pourrait avoir réalisé un coup de génie en le réclamant au 150e rang. Comme quoi la valeur d’un joueur est en constante évolution; le développement d’un espoir ne suit pas une courbe parfaitement linéaire. 

Dans sa quête de changer son image, Roy a d'ailleurs trouvé le meilleur allié lors du camp d’entraînement du Tricolore au mois de septembre. 

«Rafaël Harvey-Pinard m’a surpris, mentionne-t-il. C’est un super bon gars. Je ne le connaissais pas beaucoup, mais il m’a vraiment pris sous son aile, surtout durant le vrai camp. C’est un des seuls que je connaissais. Si j’avais des questions, je pouvais aller lui parler.» 

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Cheminement                 

La journée de sa sélection par le CH, l’équipe de son enfance, Joshua Roy avait tenu des propos qui en avait fait sursauter plus d’un.

Roy n’avait pas été tendre envers les Sea Dogs. 

«J’ai demandé un échange la saison dernière, car je ne croyais pas que l’environnement à Saint-Jean était le meilleur, avait-il déclaré aux médias. Les entraînements n’étaient pas bons, ils duraient de 30 à 45 minutes et ils étaient surtout basés sur les habiletés. Les voyages sur la route, la nutrition... ce n’était pas fameux. 

«Je ne trouvais pas que c’était une équipe junior normale. Je suis allé à Sherbrooke et j’ai vu à quoi ressemblait une vraie équipe junior.»                  

Ouch. Les deux dernières phrases sont particulièrement assassines. 

Maintenant qu’il a eu le temps de décanter tout ce qui s’est passé lors d’une année bizarre compliquée par la COVID-19, Roy semble avoir atténué son propos.  

On sent une volonté de sa part de se distancer du discours un peu amer qu’il avait tenu. 

«Ça n’a juste pas matché là-bas, résume-t-il de façon beaucoup plus diplomate. Je ne sais pas pourquoi. C’est du passé. Je me concentre sur mon temps avec le Phoenix. Je ne pourrais demander mieux que d’être ici.» 

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Ce qui occupe les pensées de Roy, ce n’est plus cette saga avec les Sea Dogs, mais le travail qui l’attend avant de devenir un attaquant important avec les Canadiens. 

D’une part, il est très confiant lorsqu’il est invité à discuter de ses habiletés. Ses mains et son tir sont de grande qualité, et il ne craint pas de le souligner haut et fort. 

D’autre part, il reconnaît de façon très lucide ses limites et faiblesses. Il sait qu’il ne sera pas une fusée dans la LNH. Sa vitesse ne devrait pas lui nuire, mais elle ne risque pas d’être une arme pour autant. 

«Je ressemble quand même à John Tavares, affirme Roy, qui insiste davantage sur le style du joueur que sur le type de carrière qu’il pourrait connaître. Ce n’est pas le plus grand patineur, mais pas un mauvais patineur non plus. Il va faire des gros jeux offensifs avec son sens du hockey. Je pense que ça me décrit quand même bien.» 

Voyez-le comme le genre de joueur qui préférera ralentir le jeu et se fera justice avec sa tête plutôt qu’avec ses pieds. Et si vous trouvez la comparaison avec Tavares trop ambitieuse, pensez plutôt à Dylan Strome. 

Même s'il se décrit aujourd'hui comme un marqueur, un joueur résolument offensif, Roy n’était pas reconnu comme un grand franc-tireur à un plus jeune âge. 

«Au niveau bantam, je n’avais vraiment pas un bon lancer, révèle-t-il. C’était une de mes faiblesses. J’ai vraiment travaillé fort avec mon ancien coach Simon Larouche là-dessus. Je restais après les entraînements et je tirais sur la bande. Plus ça allait, mieux c’était. Au début, c’était vraiment juste pour développer la puissance.» 

C’était à l’époque où, comme bien des Québécois, Roy était un grand partisan de la Sainte-Flanelle qui affectionnait particulièrement le jeu de Brendan Gallagher. 

Harvey-Pinard, Gallagher... Pour un un jeune homme supposément «vache», disons que Roy puise son inspiration dans des joueurs assez fougueux. Ah, ces fameuses perceptions!

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