La présidente de l’OCPM, Isabelle Beaulieu, dénonce le laxisme de l’administration de Dominique Ollivier
Éclaboussée par un scandale sur ses dépenses douteuses, Isabelle Beaulieu contre-attaque
Dominique Cambron-Goulet et Annabelle Blais
La présidente de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), Isabelle Beaulieu, a reconnu avoir fait des erreurs, mais est rapidement passée à l’offensive contre Dominique Ollivier en dévoilant de nombreux problèmes dans la gestion de l’ancienne administration, dont une pratique généralisée de «vol de temps».
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Mme Beaulieu a témoigné vendredi matin devant la Commission sur les finances et l’administration de la Ville de Montréal pour s’expliquer sur ses dépenses douteuses et sa gestion.
Cette audience fait suite à nos révélations sur les dépenses douteuses, notamment en voyages et en restaurants, à l'OCPM sous les présidences de Mme Beaulieu et de sa prédécesseure, Dominique Ollivier.
«J’ai commis des erreurs, je le reconnais, je les assume, a-t-elle déclaré en ouverture. Les dernières semaines ont été difficiles.»
Mais l’actuelle présidente, dont le sort se décidera lundi au conseil municipal, a surtout décrit nombre de problèmes de gestion qui précédaient son arrivée, notamment pour les ressources humaines.
«Il y avait beaucoup de lacunes et il en reste, a-t-elle dit. Après la vérification, on en découvrira peut-être d’autres.»
Vol de temps
Mme Beaulieu a notamment parlé de «vol de temps» à l’OCPM.
«Il y avait une interprétation très libre de la présence au bureau», a-t-elle affirmé.
Par exemple, sous la présidence de Dominique Ollivier, il était coutume de fermer le bureau pendant «au moins une semaine» à Noël, mais tous les employés étaient payés comme s’il s’agissait d’heures travaillées, a-t-elle témoigné.
Isabelle Beaulieu relate qu’à son arrivée en poste, certains employés recevaient une compensation de vacances de 6% sur leur paie et prenaient en plus des semaines de vacances payées.
Elle affirme avoir mis fin à ces pratiques.
Mme Beaulieu a réitéré qu’elle mettrait fin aux lunchs de travail et aux cadeaux de retraite onéreux, comme les billets de hockey et d'opéra.
Elle blâme ses prédécesseurs pour les voyages
«Concernant les frais de représentation, pour les restaurants et les voyages, je me suis fié aux façons de faire de mes prédécesseurs. J’ai toutefois réduit la fréquence et l’ampleur des voyages», a-t-elle mentionné.
Elle a assuré n’avoir découvert que cette semaine qu’il existait une politique sur ces frais, puisque rien ne lui avait été présenté à son arrivée.
«Rien n’oblige l’Office de consultation publique à faire des relations internationales», a soutenu Mme Beaulieu.
La présidente a aussi indiqué avoir appris cette semaine, comme le révélait notre Bureau d'enquête mercredi, que la vérificatrice générale avait alerté sa prédécesseure, Dominique Ollivier, à propos des frais de voyage et de restaurant.
«Non, jamais personne ne m’en avait fait mention de cette lettre-là. L’ancien secrétaire général, bien qu’en possession de cette lettre-là, il faisait encore des voyages et des sorties au restaurant», a-t-elle déploré.
Mme Beaulieu assure que, pour sa part, elle n’a jamais été questionnée par la Ville de Montréal sur ses finances depuis qu’elle est en poste.
Une crise venue de militants
Mme Beaulieu est aussi revenue sur les allégations de climat toxique qu’elle aurait instauré à son arrivée en février 2022.
La firme externe qui avait été mandatée par Mme Beaulieu pour enquêter sur la situation indique que des employés rencontrés ont confirmé être «sympathisants de Projet Montréal».
Ceux-ci auraient tenté «d’affaiblir» la présidente et de la faire «mettre dehors», car elle n’aurait pas été le choix du parti de Valérie Plante, toujours selon ce que des employés ont affirmé à la firme externe.
Selon ce qu’a dit Mme Beaulieu, les employés mécontents avaient des liens étroits avec Dominique Ollivier, qui a démissionné lundi de la présidence du comité exécutif de l’administration Plante, dans la foulée de notre enquête.
Le rapport de cette firme, déposé par Mme Beaulieu lors de son témoignage, précise aussi que «l'attitude de microgestion» de la présidente est dénoncée par des employés rencontrés.
Commissaire «outré»
Les huit commissaires qui questionnent Isabelle Beaulieu à la commission ce vendredi ont fermement déploré le fait qu’elle n’ait pas envoyé ses nombreux documents ce matin même alors que les élus les réclamaient depuis plusieurs jours.
Mme Beaulieu dit avoir «manqué de temps».
Le maire de Saint-Laurent et membre de l’opposition, Alan DeSousa, s’est dit «outré» par les révélations de la présidente sur le vol de temps et le laxisme sous Dominique Ollivier.
«C’est assez surprenant. Quand on voit que le vol de temps était répandu, que c’était la pratique courante et qu’il n’y avait pas de volonté de corriger la situation. C’est inacceptable que ce soit toléré», a pesté M. DeSousa.
Il a ajouté que «la crédibilité de l’Office est presque nulle en ce moment».
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