Convoi de la liberté: la police militaire enquête sur neuf militaires actifs
Anne Caroline Desplanques | Journal de Montréal
La police militaire enquête maintenant sur neuf militaires actifs, dont trois officiers supérieurs, soupçonnés d’avoir enfreint les règles en appuyant le convoi dit «de la liberté», a appris Le Journal de Montréal.
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Parmi eux, on trouve un matelot de Toronto et un aviateur de Colombie-Britannique, mais aussi sept individus qui comptent plusieurs galons sur leurs uniformes, a indiqué la Défense nationale au Journal de Montréal.
Les plus hauts gradés sont un colonel et un capitaine basés à Ottawa et un major du Nouveau-Brunswick ; suivent deux adjudants-chefs de Colombie-Britannique et d’Ottawa et deux caporaux-chefs d’Ottawa. Le colonel est le plus haut gradé parmi les officiers supérieurs. Seuls les généraux sont plus haut placés dans la hiérarchie.
«C’est absolument inacceptable. On ne peut pas tolérer ça», a réagi Me Michel Drapeau, avocat spécialisé en droit militaire et colonel à la retraite, se disant «scandalisé» par la situation.
Pour lui, l’implication soupçonnée de tant d’hommes en uniforme dans le siège de la capitale et les blocages frontaliers qui y sont associés constitue «une crise à l’intérieur de la crise», et il est plus que temps que l’État-major réagisse.
«Le moment est grave», insiste Michel Drapeau, expliquant que la confiance de la société canadienne envers la neutralité, le professionnalisme et la loyauté des Forces armées est entachée.
Risque de violence
Il ajoute que le rôle d’un militaire est de gérer la violence et les armes pour protéger la population, mais qu’il pose un risque s’il utilise ses connaissances à d’autres fins.
Avant sa démission, l’ex-chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, avait déclaré que la présence d’individus ayant une formation militaire dans le convoi représente un risque majeur, puisqu’ils ont des capacités d’organisation et de logistique hors du commun.
Me Drapeau presse la justice militaire de prendre ces cas au sérieux. Il souligne que des sanctions sérieuses doivent être appliquées sans tarder afin de maintenir la discipline.
Une des neuf enquêtes a permis de trouver un coupable de « conduite préjudiciable au bon ordre et à la discipline ». La Défense n’a cependant pas précisé quelle sanction a été appliquée. Les huit autres investigations sont toujours en cours.
L’un des hauts gradés faisant l’objet d’une enquête est le major Stephen Chledowski, en service depuis plus de 20 ans, et vétéran de l’Afghanistan.
Quatre organisations de militaires et des policiers en service ou retirés appuient le convoi, dont Mounties for Freedom et Police on Guard, dont sont membres deux des têtes dirigeantes du siège.