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Seulement 10% de plastique recyclé au Québec

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Gabriel Ouimet

2022-07-29T12:00:00Z
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Vous ne le saviez peut-être pas, mais seulement une infime partie du plastique à usage unique est recyclé dans le monde, et le Québec ne fait pas exception. Malgré toute votre bonne volonté, une bonne partie de ce que vous mettez dans votre bac bleu risque donc de se retrouver... au dépotoir. Des experts appellent à réduire notre consommation.

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Contenants et emballages alimentaires, ustensile et pailles en plastique, verres jetables: on le sait, le plastique à usage unique est partout. Mais le plus inquiétant, c’est que seulement 8% de tout le plastique qui est consommé annuellement dans le monde est recyclé. Le reste est jeté. 

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Le Québec ferait légèrement mieux, avec environ 10% de plastique recyclé, selon les estimations de Recyc-Québec. L’organisme n’est toutefois pas en mesure de fournir un chiffre exact sur le pourcentage des objets de plastique à usage unique envoyés au recyclage qui sont réellement transformés plutôt que jetés. 

Ce qu’on sait, cependant, c’est qu’en 2019, 500 000 tonnes de plastiques − tous plastiques confondus −, dont 183 000 en provenance des ménages, ont été traitées comme des déchets au Québec, et donc envoyées à l’enfouissement ou à l’incinération, affirme Recyc-Québec.

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Pourquoi c’est un problème? 

Pour Gregory Pratte, responsable des affaires publiques chez Tricentris, le fait qu’autant de plastique soit jeté au Québec est inquiétant.

«Ça représente vraiment un problème, parce qu’il y a beaucoup de ces produits qui ne sont pas recyclables, qui se détériorent très lentement, et pour lesquels il n’y a simplement pas de débouchés», explique-t-il.

Et lorsqu’ils ne sont pas recyclés, ces déchets se retrouvent partout, pas juste dans les sites d’enfouissement. Le plastique contribue à polluer l’air, l’eau et même les aliments que nous mangeons. Une étude menée en 2019 par l’Université de Victoria suggère en effet que nous consommons sans le savoir des dizaines de milliers de microplastiques chaque année, une situation qui présente des risques pour la santé humaine, mais aussi pour la faune et la flore. 

Qu’est-ce qu’on peut faire? 

1– Réduire sa consommation de plastique 

Depuis 2011, le défi mondial Juillet sans plastique (Plastic Free July) propose de réduire notre consommation de plastique à usage unique. 

Depuis son lancement, l’initiative, à laquelle 140 millions de personnes de 190 pays auraient participé en 2021, aurait permis de réduire de 2,1 milliards de tonnes les déchets de plastique envoyés à la poubelle ou au recyclage, estime l’organisme Fondation sans plastique (Free plastic fondation), qui chapeaute l’événement.

AFP
AFP

Avec le mois de juillet qui tire à sa fin, c’est l’occasion de réfléchir à notre consommation de plastique pour le reste de l’année, croit Gregory Pratte. Bien qu’il soit impossible de complètement éviter le plastique, il propose quelques gestes à adopter pour avancer dans la bonne direction. Selon lui, ça commence à l’épicerie. 

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«Par exemple, quand vous achetez des pâtes à l’épicerie, vous avez le choix entre celles dans un sac de plastique rigide et d’autres dans une boîte de carton recyclable. Vous avez aussi le choix du substituer les bouteilles d’eau par l’achat d’une gourde. Vous pouvez acheter des produits recyclés localement aussi», énumère-t-il. 

Joël Lemay / Agence QMI
Joël Lemay / Agence QMI

Gregory Pratte souligne d’ailleurs qu’il est essentiel de réduire notre consommation de plastique, puisque les centres de tri ne fournissent pas. Ils n’ont tout simplement pas la capacité de traiter tout le plastique reçu. «Il y a un goulot d’étranglement dans le nombre de matières que le marché du recyclage est en mesure de récupérer», souligne l’expert de chez Tricentris. 

2– Remplir son bac de recyclage correctement 

Une autre bonne habitude à prendre, ce serait de remplir son bac de récupération correctement. Parce que «tout ce qui est récupérable ne va pas dans le bac», précise Gregory Pratte. 

«Les gens qui remplissent leur bac croient poser le bon geste et c’est normal, puisqu’il y a 30 ans, le gouvernement a livré des bacs chez les gens en leur disant: “tu peux mettre tout ce qui est recyclable là-dedans”. Mais ce n’est pas vrai», insiste-t-il. 

«C’est un exemple grossier, mais un moteur de voiture, ça se recycle, et ça ne va pas dans le bac.»

Quel plastique peut-on mettre au recyclage? 

Pour nous aider à y voir plus clair, on peut les séparer en deux grandes catégories: les contenants de plastique, qui sont formés du récipient et d’un couvercle ou d’un bouchon, ainsi que les emballages. 

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Pour les contenants rigides, comme les bouteilles de condiment, il faut se fier au fameux ruban de recyclage, le triangle composé de trois flèches et un chiffre. Ce triangle ne s’applique qu’aux objets rigides et doit contenir les chiffres 1,2,3,4,5 ou 7. 

Si l’objet n’a pas de ruban ou est identifié du #6, il doit aller à la poubelle. 

Photo Chantal Poirier
Photo Chantal Poirier

Ensuite, la majorité des sacs de plastique et des pellicules d’emballage sont maintenant acceptés au centre de tri. Pour les différencier, tentez de les étirer. Les sacs de plastique et les pellicules d’emballage qui s’étirent facilement sont récupérables. Par exemple: les sacs d’épicerie, les emballages de pain tranché, etc.

Ceux qui sont plus raides et qui ne s’étirent pas facilement, comme les sacs de pâtes, de céréales ou encore les emballages de briques de fromages ou de chips, ils vont à la poubelle. 

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Les citoyens ne peuvent tout faire

Ce n’est toutefois pas qu’aux citoyens seuls de porter seuls le fardeau du plastique.  

Selon M. Pratte, il faudrait travailler à diminuer la production des objets les plus nuisibles. À l’aube des élections provinciales, il croit que de la pression doit être mise sur le gouvernement pour inciter les fabricants à délaisser le plastique qui se retrouve à la poubelle et à fabriquer des produits qui se recyclent plus facilement. 

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«La question à se poser c’est: en ce moment, à notre époque, dans notre société, est-ce que c’est encore une bonne idée de fabriquer ces objets de cette manière? La réponse est non. Il faut s’attaquer aux emballages et aux contenants faits de plusieurs plastiques différents, parce qu’au final, ces produits finissent souvent à la poubelle. La réduction de la consommation de plastique, c’est vraiment un travail d’équipe», conclut-il. 

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