La PCRE prendra bien fin, d’autres programmes prolongés
Raphaël Pirro | Agence QMI
Ottawa ne prolongera finalement pas la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE), qui prendra officiellement fin samedi. Le gouvernement mise sur de nouveaux programmes d’aide plus «ciblés» pour les secteurs encore vulnérables, dont le tourisme et les arts et spectacles, lesquels devraient coûter 7,4 milliards $ au trésor public et prendre fin au mois de mai prochain.
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«Évidemment, on voit que l’économie reprend dans la plupart des secteurs et on reconnait effectivement qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs et les gens ont la possibilité maintenant de retourner au travail», a déclaré Justin Trudeau en point de presse jeudi.
Selon lui, «ce n’est plus logique ni souhaitable de préserver ces soutiens généraux», vu le retour récent au taux de chômage prépandémique de 6,9 %.
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, qui accompagnait le premier ministre, a présenté la «dernière étape» dans la panoplie des soutiens accordés par le fédéral pour encaisser le choc de la pandémie.
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Accent sur le tourisme et les arts
Après des semaines de spéculation sur l’avenir de la PCRE, qui se voulait une nouvelle mouture de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) après la fin de celle-ci il y a un an, le programme d’aide aux individus se dissipera.
Mais Ottawa ne jette pas tout par la fenêtre. La ministre Freeland instaure un «programme pour le tourisme et l’accueil», qui offrira du soutien par le biais de deux aides déjà en place: la Subvention d'urgence du Canada pour le loyer (SUCL) et la Subvention salariale d'urgence du Canada (SSUC).
Comme son nom l’indique, le «programme pour le tourisme et l’accueil» sera limité aux hôteliers, restaurateurs et agences de voyages, «qui font encore face à des restrictions visant la santé publique et les voyages».
Le montant qui sera versé commencera à 40 % pour les demandeurs qui ont subi des pertes de revenu de 40 %. «Le taux augmentera en fonction de la perte de revenu, jusqu’à concurrence de 75 %», a précisé Mme Freeland.
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Un second volet des nouvelles aides concernera les entreprises les plus affectées par la pandémie, et se fera toujours par le biais de la SUCL et de la SSUC.
Pour les entreprises éligibles, l’aide commencera à 10 % pour celles ayant subi 50 % de pertes de revenu. Le taux pourrait atteindre 50 % pour les entreprises qui ont subi 75 % de pertes.
Ces programmes seront accessibles dès le 24 octobre, soit dimanche, jusqu’au 7 mai 2022. À partir du mois de mars, l’aide accordée diminuera de moitié, jusqu’à l’échéance prévue.
Un dernier coussin d’urgence
Finalement, le gouvernement se réserve une aide d’urgence dans le cas où une recrudescence de l’épidémie de COVID-19 affecte une région au point où la santé publique locale force l’imposition de fermetures ou de limitations.
Advenant un tel scénario dans un coin du pays, Ottawa maximisera les aides aux entreprises touchées, toujours par le biais de la SUCL et de la SSUC.
Des réactions contrastées
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a exprimé jeudi sa «relative déception» par rapport aux changements annoncés, même si a dit qu’il n’était «pas réfractaire» à une approche plus «ciblée».
M. Blanchet a surtout déploré que les programmes proposés aient été développés sans consultation avec les autres partis, alors qu’il reste un mois avant le retour en Chambre.
Chez les conservateurs fédéraux, on se réjouit que le premier ministre ait «écouté le plan financier de M. O’Toole», qui demandait pas plus tard que mercredi la fin de la PCRE. C’était une demande qu’avait aussi formulée le Bloc.
«Si le premier ministre veut vraiment contrer la crise de l’inflation, il doit mettre un terme à ses dépenses incontrôlées, présenter un plan pour équilibrer le budget et réduire la dette du Canada», a indiqué Luc Berthold, conservateur québécois.
La réaction est tout autre du côté du Nouveau Parti démocratique, qui réclamait le maintien de l’ensemble des programmes d’aide. On juge la situation d’«inacceptable».
«La PCRE doit être maintenue aussi longtemps que nous sommes en situation de pandémie. Cela donnera également au gouvernement le temps de combler les lacunes graves de notre système d’assurance-emploi afin de s’assurer que les gens ne seront pas laissés à leur sort», a déclaré par communiqué Jagmeet Singh, chef néodémocrate.
La Fédération canadienne des contribuables (FCC) a salué la décision du gouvernement Trudeau.
«En réduisant les dépenses liées à la COVID, le fédéral prend sa première action pour indiquer qu’il se préoccupe de notre dette qui dépasse aujourd’hui le billion de dollars», a indiqué Franco Terrazzano, directeur fédéral de la FCC. «Si les détails sont encore nébuleux, il est important de souligner que la ministre des Finances Chrystia Freeland a maintenu le caractère temporaire de ces subventions», a-t-il ajouté.