La Pat’Patrouille est de la propagande capitaliste selon un criminologue canadien
Marie-Hélène Racine-Lacroix
Si vous connaissez un enfant, vous connaissez probablement la Pat’Patrouille.
Le très très très populaire dessin animé est apparu dans les télévisions des familles en 2013. Ryder, un petit garçon de 10 ans, va à la rescousse des gens en détresse avec ses sept chiots qui ont tous leur habileté spéciale. Bien sûr, il y a beaucoup de produits dérivés de la série, comme des jouets, des livres et même un spectacle en tournée aux États-Unis.
Liam Kennedy, professeur de criminologie à l’université King, en Ontario, a écouté beaucoup d’épisodes de Pat’Patrouille, mais sans son fils de deux ans et demi.
Le papa, qui interdit l’émission chez lui, faisait des recherches sur ces petits sauveurs poilus et leur conséquence sur les enfants.
Les résultats ont été publiés au début du mois dans le magazine Crime Media Culture (Culture des médias traitant du crime).
Excited to have this out in @CultureCrime! I argue #PAWPatrol reproduces problematic narratives about crime and punishment as well as upholds major tenets of neoliberalism, including faith in private enterprise, distrust in government, and responsibilization. pic.twitter.com/IsJXBtYPBe
— Liam Kennedy (@KennedyLiamc) February 3, 2020
L’article intitulé «Quand il y a des problèmes, ne fais que japper pour de l’aide. Crimes, conservation et corporatisation dans la Pat’Patrouille», soutient que l’émission est un mauvais exemple pour les enfants et qu’elle démontre un système capitaliste dangereux.
Ce petit pitou pompier? Capitaliste?
Happy Birthday, March pups! Use code: MARCH30 to get 30% off some PAWsome toys! https://t.co/hmEV6Td1tK 💙🎁 #HappyBirthday #PAWPatrol pic.twitter.com/nq9Bk9CY1j
— PAW Patrol (@pawpatrol) March 4, 2019
Dans une entrevue de la radio de CBC, Kennedy argumente qu’avec les politiciens complètement incompétents de l’émission, et le réflexe de tout de suite appeler la Pat’Patrouille quand quelque chose cloche, l’émission montrerait aux enfants à utiliser des compagnies privées pour s’occuper des services sociaux.
Aussi, Ryder, qui, rappelons-le, a dix ans, devrait être à l’école.
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Le professeur traite également de comment il est sensible de propager une image bénévolante et irréprochable de la police quand on parle tellement de violence policière et de biais racial dans la réalité.
Une des phrases phares de l’émission Aucun travail n'est trop grand, aucun chiot n'est trop petit ferait fi des barrières culturelles qui rendent fausse l’idée qu’on peut tout faire, peu importe d’où on vient.
Ouf.
Ce sont des bien gros thèmes pour le petit public de Pat’Patrouille. Quel serait leur impact?
Selon Kennedy, qui précise être criminologue et sociologue et non un professionnel du développement de l’enfant, certains enfants pourraient apprendre à ne pas faire confiance à l’État ou que la pression de sauver le monde est sur les individus et non sur les grosses compagnies (comme dire qu’on doit tous recycler, sans changer les émissions polluantes des grosses compagnies).
Il souligne finalement la possibilité que certains enfants ayant grandi en écoutant Pat’Patrouille perdent un certain sens critique envers la société capitaliste responsable de la crise environnementale.
Bien sûr, Kennedy sait que certains rouleront des yeux en lisant ses idées.
Bien qu’il soutient que son message est sérieux, il répond: «Je veux aussi avoir du plaisir au travail, et ça, c’était plaisant.»