La nourriture commence déjà à manquer
Jérémy Bernier | Journal de Québec
Des familles ukrainiennes incapables de fuir sont contraintes de se rationner, alors que des supermarchés présentent des étagères vides et que Kiev fait face à une « catastrophe humanitaire ».
« Nous sommes à la limite d’une catastrophe humanitaire », a affirmé Vitali Klitschko, le maire de Kiev, à l’Associated Press, dimanche.
« Nous avons de l’électricité, de l’eau et du chauffage. Mais les infrastructures pour livrer de la nourriture et des médicaments ont été détruites », a ajouté l’ancien champion mondial de boxe.
« La situation est grave », confirme au Journal Oksana Malenko, rencontrée à Lévis lors d’une activité de soutien à la communauté ukrainienne. Sa sœur, sa mère et ses deux nièces se trouvent toujours à Vassylkiv, à une trentaine de kilomètres de la capitale, et la nourriture vient à manquer.
Rationnement
Comme plusieurs, elles ont dû commencer à se rationner, cinq jours seulement après le début du conflit.
Les tablettes dans la plupart des épiceries et des pharmacies ont été vidées dès les premières heures de l’invasion russe.
« Ma sœur a fait cuire des petits croûtons de pain comme repas, ils essaient d’étirer [leurs denrées]. C’est la triste réalité de ma ville natale... », soupire Mme Malenko, en montrant des images de son école secondaire détruite par des obus.
Comme les postes à essence de la ville ne fonctionnement plus, elles ne peuvent pas non plus fuir la région.
À pied, c’est trop dangereux pour le moment, explique l’Ukrainienne, qui a immigré au Québec en 2010.
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Bunker
Ses proches ont tout de même décidé de quitter leur appartement pour se réfugier chez des amis dont le bâtiment est un peu plus sécuritaire.
Un bunker de fortune permet notamment aux enfants des deux familles de se réfugier lorsque les sirènes retentissent. Mais comme il est très petit, le reste du groupe doit s’abriter comme il peut dans la maison.
« C’est difficile de vivre ça à distance. Je ne dors presque plus, j’ai peur de me faire réveiller par une mauvaise nouvelle », lance Mme Malenko avec émotion.
Assistance internationale
Un peu partout, des pays et des associations s’organisent pour offrir de l’aide humanitaire aux Ukrainiens qui en ont besoin.
Les États-Unis et le Japon ont notamment annoncé hier qu’ils enverraient respectivement 54 M$ et 100 M$ supplémentaires pour fournir eau, nourriture et abris.
Le mouvement trouve aussi écho dans la région de Québec où la pianiste d’origine ukrainienne Anna Spirina organise depuis dimanche – et pour chaque dimanche à venir – des brunchs « Stop guerre en Ukraine ».
Elle y reçoit amis, artistes, immigrants ukrainiens et sympathisants à la cause et leur offre des prestations musicales tout en conversant sur la situation.
Le tout, en échange d’une contribution volontaire qui sera remise à un organisme humanitaire en Ukraine.
Écoutez l’entrevue de France-Isabelle Langlois, directrice générale d'Amnistie internationale Canada francophone: