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Que s’est-il passé depuis la mort de Joyce Echaquan, il y a un an

Photo d'archives Mario Beauregard
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Genevieve Abran et Agence QMI

2021-09-28T18:00:00Z
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Débat autour du racisme systémique, principe de Joyce, enquête publique: il s'en est passé des choses depuis la mort tragique de Joyce Echaquan, survenue il y a un an au Centre hospitalier de Lanaudière, à Joliette. Retour sur la dernière année.

Une hospitalisation qui tourne mal     

Joyce Echaquan, une femme atikamekw de 37 ans vivant à Manawan, se filme et diffuse en direct sur Facebook alors qu’elle est hospitalisée au Centre hospitalier de Lanaudière. Attachée à son lit, elle est couverte d'insultes racistes par les infirmières censées s’occuper d’elle. 

Photo Agence QMI / Mario Durieux
Photo Agence QMI / Mario Durieux

Elle est morte dans la même journée. 

Racisme systémique     

Cette histoire fait rapidement le tour des réseaux sociaux et résonne à l'Assemblée nationale, où le débat autour du racisme systémique est relancé. Le premier ministre François Legault condamne la situation et le traitement réservé Joyce Echaquan, mais refuse de reconnaître l’existence de racisme systémique au Québec. 

«On s’entend tous que les membres des Premières Nations font l’objet de racisme. Ça existe dans la police, ça existe dans la justice, mais ça existe aussi en dehors des institutions gouvernementales, notamment en matière d’emploi et en matière de logement», avait déclaré M. Legault dans la foulée de cette affaire. Mais, «ça ne veut pas dire que la nation québécoise est raciste», avait-il ajouté aussitôt. 

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L’histoire avait retenti au parlement à Ottawa. «Ce qui s'est passé, c'est la pire forme de racisme, quand quelqu'un avait le plus besoin d'aide. C'est un exemple – un autre exemple – de racisme systémique qui est tout simplement inacceptable au Canada», avait affirmé le premier ministre Justin Trudeau, deux jours après le décès de la mère de famille. 

«Tous les Canadiens ont été choqués de voir cette vidéo des derniers moments de Joyce Echaquan. Toutes nos condoléances vont à sa famille et aux habitants de Manawan», avait-il ajouté. 

Le principe de Joyce     

À l’automne 2020, le principe de Joyce, qui vise à permettre aux autochtones d’avoir droit à des soins de santé et sociaux plus équitables et moins discriminatoires, en plus de reconnaître le racisme systémique, est déposé aux bureaux respectifs de MM. Legault et Trudeau.  

C'est une initiative du Conseil des Atikamekw de Manawan (CDAM), en collaboration avec le conseil de la Nation Atikamekw (CNA). 

À l’hiver 2021, Ottawa a octroyé 2 millions $ pour assurer la mise en œuvre du principe de Joyce. Le gouvernement du Québec ne reconnaît toujours pas le principe de Joyce. 

Enquête publique     

En mai 2021, une enquête publique présidée par la coroner Géhane Kamel s’amorce pour faire la lumière sur les évènements.  

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Le Dr Alain Vadebonceour, témoin lors de l’enquête, révèle que la mort de Joyce Echaquan était évitable. Les raisons de sa visite à l’hôpital n’étaient pas reliées à sa condition cardiaque préexistante, la cardiomyopathie. Ce serait plutôt une mauvaise prise en charge qui aurait mené à son décès, avance le docteur.  

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L'enquête lève également le voile sur le climat malsain qui règnait depuis plusieurs années à l’hôpital de Joliette. 

L'infirmière radiée

L’infirmière qui a insulté Joyce Echaquan a été radiée pour un an par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). Le conseil de discipline de l’Ordre a conclu, dans une décision dévoilée mardi, que Paule Rocray a bel et bien fait preuve de violence verbale. 

En parallèle, le conseil de discipline a aussi conclu que Mme Rocray a fait preuve de négligence en n’évaluant pas correctement l’état de santé de sa patiente après une chute de cette dernière. Ce chef d’accusation lui a valu une radiation de six mois, à purger simultanément avec sa radiation d’un an.

Lors des audiences, l’infirmière a reconnu avoir insulté Joyce Echaquan, mais s’est défendue d’être raciste. 

Paule Rocray a plutôt expliqué au comité de discipline avoir tout bonnement explosé, après de longues journées difficiles qui l’avaient épuisée. «Je n’ai pas choisi de me fâcher après elle parce qu’elle est atikamekw. Ce matin-là, je me serais fâchée après n’importe qui», a-t-elle avancé.

Un an plus tard     

Au premier anniversaire du tragique décès, le gouvernement du Québec a annoncé son intention de rebaptiser la future réserve de biodiversité du Lac-Némischahingue, à une quinzaine de kilomètres de Manawan, au nom de Joyce Echaquan afin de lui rendre hommage.  

«En cette triste journée, l’ensemble du Québec a un devoir de mémoire à l’égard de Joyce Echaquan, qui a été arrachée à ses proches prématurément et dans des conditions inacceptables», a commenté le ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, en invitant les Québécois à s’intéresser aux réalités des autochtones.  

Photo Agence QMI, Mario Beauregard
Photo Agence QMI, Mario Beauregard

La mémoire de la mère de famille est toujours bien vivante dans la communauté autochtone de Manawan, où le portrait de la femme avec l’inscription «Justice pour Joyce» est visible depuis les fenêtres des maisons.  

Son conjoint Carol Dubé est reconnaissant du soutien que lui offre sa communauté. Celui qui habite avec six de ses sept enfants tente d’honorer la mémoire de son épouse, notamment auprès de son plus jeune fils qui n’était âgé que de six mois lorsque la femme a perdu la vie. 

«C’est mon énergie. Il va bien. Il commence à marcher. Je suis juste triste que mon bébé ne connaîtra jamais sa maman», a-t-il témoigné en essuyant ses larmes. 

- Avec l'Agence QMI

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