La médaille de la victoire
Deuxième au départ groupé, Ivanie Blondin a eu raison de ses démons
Richard Boutin
Victime d’une chute en demi-finale à Pyeongchang en 2018 à son épreuve de prédilection, où elle comptait parmi les favorites, Ivanie Blondin a savouré sa vengeance, samedi, en remportant la médaille d’argent de l’épreuve du départ groupé.
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Après avoir lancé une attaque qui lui a permis de prendre la tête de la course au 15e tour de 16 avec un beau dépassement intérieur, Blondin a été coiffée au fil d’arrivée par la Néerlandaise Irene Schouten, qui signait sa troisième médaille d’or (3000 m et 5000 m) à Pékin et sa quatrième (le bronze en poursuite par équipe) de la quinzaine. La patineuse longue piste franco-ontarienne n’a cédé que 0,06 s à la médaillée de bronze des Jeux de Pyeongchang. L’Italienne Francesca Lollobrigida a complété le podium.
Marque historique
« Après mon dépassement intérieur, j’étais convaincue d’avoir semé Irene, mais elle est revenue en force, a raconté Blondin, qui obtient ainsi le meilleur résultat de l’histoire du Canada au départ groupé. J’ai peut-être amorcé le sprint trop vite, mais je suis vraiment contente d’avoir remporté l’argent et d’avoir partagé le podium avec ces deux femmes incroyables avec qui j’ai eu de chaudes luttes dans les huit dernières années. »
Intensité
Comme c’est souvent le cas au départ groupé, ça jouait du coude solide dans le peloton. « Il y a une fille qui m’a accroché la hanche ce qui m’a ralentie, mais j’ai réussi à garder ma position, a raconté Blondin. C’est malheureux, mais je ne sais pas si cela aurait fait une différence au final. Il se passe beaucoup de choses au sein du peloton. Les officiels ne peuvent pas tout voir. Il y a parfois des disqualifications, mais il y a encore beaucoup de choses à améliorer. Au même titre que la courte piste, notre sport va évoluer au fil des ans. »
Retour en force
Comme ce fut le cas en Corée du Sud, Blondin a vécu des moments très difficiles à Pékin. Après des 13e et 14e positions au 1500 m et 3000 m respectivement, la patineuse de 31 ans d’Ottawa s’est retirée du 5000 m.
« Je ne me trouvais pas à un bon endroit dans la dernière semaine, a-t-elle exprimé. Je n’étais pas dans un bon état d’esprit. Comme en 2018, je me disais que mes Jeux étaient un échec. Je voulais m’enfermer dans ma chambre et m’isoler. »
Blondin a pu compter sur l’appui de plusieurs personnes pour renverser la situation. « J’ai fait une dépression à mon retour des Jeux de 2018 et c’est depuis un combat quotidien, mais je suis fière de la façon dont j’ai rebondi en Chine, a-t-elle souligné. Je suis sortie de mon trou et ce fut un grand accomplissement de contribuer à la victoire de la poursuite en équipe. Ma médaille d’argent représente une victoire.
« Plusieurs personnes au sein de l’équipe m’ont aidée, de poursuivre Blondin, mais aussi mes proches. J’ai parlé beaucoup à mon mari, j’ai fait des Facetime avec mes animaux, j’ai parlé à mes amies et à ma famille ainsi qu’à mon frère, qui est policier, au même moment où il s’apprêtait à procéder à une arrestation. Je suis très reconnaissante à tout le monde qui m’a aidée à changer les perceptions dans ma tête. »
Moins de pression
La médaille d’or en poursuite a aussi été une bouffée d’air frais. « Je me disais que j’étais assurée de ramener au moins une médaille à la maison, a souligné Blondin. La première médaille m’a enlevé de la pression et j’étais moins nerveuse. Parce que j’avais déjà changé d’état d’esprit, je pense que j’aurais pu gagner une médaille quand même au départ groupé sans être montée sur le podium en poursuite. »