Ukraine: Kiev accuse l'Allemagne d’«encourager Poutine»
Un amiral sur la sellette
AFP
Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a accusé samedi l’Allemagne d’«encourager» Vladimir Poutine, après le refus de Berlin de livrer des armes à Kiev, qui redoute une invasion russe.
• À lire aussi: L'Allemagne va livrer à l'Ukraine un hôpital de campagne
• À lire aussi: La crise entre l’Ukraine et la Russie décortiquée
La Russie a déployé des dizaines de milliers de ses soldats à la frontière ukrainienne, laissant les Occidentaux craindre une invasion.
Dans ce contexte, les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays baltes ont annoncé l’envoi d’armes à l’Ukraine, notamment des missiles antiaériens et antichars.
Pour sa part, l’Allemagne a déclaré samedi qu’elle allait livrer en février à l’Ukraine un «hôpital de campagne», tout en rejetant l’idée de faire parvenir des armes à cette ex-république soviétique.
«Aujourd’hui, l’unité de l’Occident à l’égard de la Russie est plus importante que jamais», a réagi sur Twitter M. Kouleba.
«Les partenaires allemands doivent cesser de miner l’unité avec de telles paroles et actions et d’encourager Vladimir Poutine à lancer une nouvelle attaque contre l’Ukraine», a-t-il insisté.
L’Ukraine est «reconnaissante» à l’Allemagne pour le soutien déjà apporté, mais «ses déclarations actuelles sont décevantes», a ajouté M. Kouleba.
L’Allemagne a déjà fourni des respirateurs à l’Ukraine et les soldats ukrainiens grièvement blessés sont traités dans des hôpitaux allemands, a déclaré samedi la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, dans une interview publiée dans la version dominicale du journal Die Welt.
Mais «les livraisons d’armes ne contribueraient pas actuellement» à désamorcer la crise, a-t-elle souligné.
Tout en niant un quelconque projet d’attaque, la Russie martèle qu’une désescalade passe par des garanties écrites pour sa sécurité, notamment sur la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.
Un amiral allemand sommé de s’expliquer après des propos controversés sur la Russie
Le chef de la Marine allemande Kay-Achim Schönbach va devoir s’expliquer après avoir entre autres qualifié d’«ineptie» les intentions prêtées par les alliés de l’OTAN à la Russie d’envahir l’Ukraine, a-t-on appris samedi auprès du ministère de la Défense.
Ce que Vladimir Poutine veut, «c’est être respecté», a déclaré le vice-amiral Schönbach selon une vidéo circulant sur internet, filmée lors d’une réunion d’un groupe de réflexion qui s’est tenue vendredi à New Delhi.
«Il est facile de lui accorder le respect qu’il veut, et qu’il mérite aussi probablement», ajoute-t-il. L’idée que la Russie veuille envahir une partie de l’Ukraine serait selon lui «une ineptie».
Ces déclarations «ne correspondent en rien à la position du ministère de la Défense allemand», a mis au point un de ses porte-paroles, contacté par l’AFP.
Le vice-amiral va devoir «prendre position», en clair s’expliquer «auprès du chef d’Etat-Major des armées», le plus haut gradé dans la hiérarchie de la Bundeswehr, ajoute-t-il.
Les déclarations du chef de la Marine interviennent en pleine crise russo-occidentale autour de l’Ukraine.
D’intenses efforts diplomatiques sont actuellement déployés de part et d’autre pour éviter que la situation ne dégénère, alors que des dizaines de milliers de soldats russes sont toujours massés à la frontière ukrainienne.
Après avoir dans un premier temps posté un tweet précisant que ses propos n’engageaient que lui, M. Schönbach a présenté ses plates excuses.
Il a ainsi qualifié ses déclarations «d’irréfléchies». «Il n’y a pas à ergoter : c’était clairement une faute», a-t-il écrit.
Selon des informations de Der Spiegel, les propos de ce militaire à la carrière jusqu’ici irréprochable ont fortement irrité jusque dans les plus hauts étages du gouvernement allemand, dirigé par le chancelier social-démocrate Olaf Scholz.
La ministre de la Défense Christine Lambrecht a organisé dans la matinée une vidéoconférence avec le chef d’État-Major Eberhard Zorn pour définir comment traiter cette affaire, selon le magazine.