Procès pour manœuvres électorales frauduleuses: «Un boys club qui ment», déplore la mairesse de Saguenay
Sans témoigner à son procès, l’élue de Saguenay donne sa version dans des déclarations assermentées où elle dit faire face à une culture de gestion «par un cercle fermé d’hommes»

Pierre-Paul Biron
Même si elle avait répété que son procès pour manœuvres électorales frauduleuses serait l’occasion «de faire connaître les faits réels», la mairesse de Saguenay a choisi de ne pas témoigner, se contentant de déclarations assermentées où elle dénonce un «boys club» qui ment en réaction à des réformes «qui ne font pas leur affaire».
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Lors de l’ouverture du procès, mardi matin, l’avocat de Julie Dufour avait déjà annoncé ses couleurs en évoquant cette possibilité de non-témoignage.
«Je ne sais même pas si je vais la faire témoigner tellement la preuve est faible», avait affirmé Me Charles Levasseur à des médias locaux.
Il évite ainsi à sa cliente de se soumettre à un contre-interrogatoire.
Julie Dufour est visée par trois accusations de manœuvres électorales frauduleuses pour des rencontres qui auraient eu lieu en marge de la campagne électorale municipale de 2021.
Elle aurait alors tenté d’influencer trois de ses possibles opposants afin qu’ils retirent leur candidature, en échange de compensations, notamment des emplois.

Déclarations en preuve
Deux affidavits rédigés sous serment par la mairesse évoquant sa version des faits ont toutefois été déposés en preuve.
Elle y déplore devoir «faire face à une culture historique ancrée de gestion par un cercle fermé d’hommes, par camaraderie», qualifiant le tout de «boys club».
Elle cite certains dossiers, comme le retrait d’un conseiller du comité exécutif, le congédiement du directeur général de la Société de transport du Saguenay ou celui de l’ancienne greffière de la Ville, pour justifier ses dires.
Selon elle, Jean-Marc Crevier, qui fait partie des trois personnes qu’elle aurait voulu influencer selon le DGEQ, a été très impliqué dans ces sagas, contre les intérêts de la ville, l’accuse-t-elle.
Julie Dufour accuse aussi l’ex-mairesse Josée Néron, qui a déposé la plainte à Élections Québec, d’avoir partagé «des secrets et discussions» de son ancienne administration dans ces dossiers litigieux.
Quant à Serge Simard, elle lui relance la pierre en disant que c’est plutôt lui qui aurait cherché à la décourager de se présenter en 2021.
«[Il] a été condescendant à mon égard et m’a mentionné que j’étais trop jeune pour me présenter, que jamais je ne passerais, donc je devrais “me coucher” et que c’était à son tour d’être maire», affirme Mme Dufour dans sa déclaration.
Qualifiant la plainte de «revanche politique», Julie Dufour avait annoncé, en octobre 2024, son intention de se défendre de ce qu’elle appelait des «allégations mensongères».
«Ils mentent et ils n’ont inventé leurs histoires qu’en réaction et après les mesures et réformes éthiques [...] qui ne font pas leur affaire», ajoute la mairesse dans sa défense.
«Je pourrais t’engager»
Me Levasseur a fait entendre jeudi deux conseillers municipaux près de Julie Dufour, soit Kevin Armstrong et Michel Potvin. Les deux hommes ont évoqué des points de discorde entre la mairesse et Jean-Marc Crevier, entre autres.
Les procureures du DGEQ ont de leur côté fait entendre un total de sept témoins en cours de procès, dont les trois aspirants maires que Mme Dufour aurait cherché à tasser.
«Si tu ne te présentes pas, je pourrais t’engager», aurait-elle entre autres dit à M. Crevier.
Si elle devait être reconnue coupable, Julie Dufour s’exposerait à une interdiction d’exercer tout travail partisan ou de se porter candidate à une élection pour cinq ans, en plus d’amendes allant de 5000$ à 20 000$ par chef d’accusation.
Le procès se terminera vendredi par les plaidoiries des parties.
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