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L'article provient de 24 heures

Il manque 300 000$ pour sauver la ligne d’écoute de nuit d’Interligne

AFP
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Photo portrait de Léa  Martin

Léa Martin

2023-02-16T21:00:00Z
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Un montant de 300 000$, c’est ce que réclame Interligne au gouvernement du Québec pour assurer la survie de sa ligne d’écoute de nuit, un service qui sauve des vies, insiste le directeur de l’organisme LGBTQ+.  

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«On est capables de désamorcer une crise suicidaire à Interligne, affirme Pascal Vaillancourt. Ça fait en sorte que cette personne-là [qui appelle pour de l’aide] a moins de chances de se ramasser à l’urgence.» 

Le directeur d’Interligne est d’ailleurs sans équivoque: un tel service dédié 100% à la communauté LGBTQ+ est essentiel. Il souligne, par exemple, que les intervenants de son organisme sont formés pour utiliser un vocabulaire inclusif qui permet d’éviter de mégenrer, c’est-à-dire d’employer un pronom ne correspondant pas à l'identité de la personne qui appelle pour de l'aide.  

«En faisant vivre ces micro-agressions-là [le fait de mégenrer], on ne crée pas le sentiment de confiance de dévoiler sa réalité, de parler de son identité», explique Pascal Vaillancourt.  

Pascal Vaillancourt
Pascal Vaillancourt PHOTO COURTOISIE, ALEX PAILLON

La ligne téléphonique semble d’ailleurs une ressource appréciée de la communauté LGBTQ+, puisque quelque 30 000 appels y sont faits chaque année, dont 10 000 la nuit.  

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Comme le soulignait 24 heures plus tôt cette semaine, les jeunes trans et non binaires sont nombreux à avoir des idées noires. Près des trois quarts des jeunes qui ne s'identifient pas au genre leur ayant été attribué à la naissance présentent en effet des symptômes d’anxiété ou de dépression, révèle une nouvelle étude, menée auprès d'environ 18 000 jeunes de 12 à 25 ans. 

«Moi, ça fait 18 ans que je dirige le GRIS-Montréal, alors je dois avoir référé Interligne à des milliers de personnes», souligne pour sa part la directrice générale de l’organisme qui démystifie les orientations sexuelles et les identités de genre au grand public, Marie Houzeau.  

Sans l’aide du gouvernement du Québec, la ligne d’appel de nuit d’Interligne pourrait devoir fermer en mars prochain. Le service est sur le respirateur artificiel depuis l’automne dernier.   

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Toujours pas de décision de la ministre 

Réagissant à un article de 24 heures, la ministre responsable de la Lutte contre l’homophobie et la transphobie, Martine Biron, s’est dite «très sensible aux réalités des personnes trans et non binaires», ajoutant qu’elle a «pris soin de rencontrer les groupes communautaires œuvrant auprès des organismes LGBTQ».  

Martine Biron et François Legault.
Martine Biron et François Legault. Marc-Andre Gagnon

Quant à savoir si son gouvernement allait octroyer l’aide que réclame Interligne, aucune décision n’a toutefois encore été prise.

«Avant de répondre spécifiquement au cas d'Interligne, j'aimerais quand même envoyer un message aux gens de la communauté LGBTQ qui auraient peut-être des difficultés ou qui auraient un moment difficile, pour dire qu'il y a des services autres», a affirmé la ministre au Salon bleu, faisant référence à la ressource Info-Social 811. 

Pour Pascal Vaillancourt, la ligne Info-Social 811 ne peut toutefois pas remplacer la ligne d’écoute de son organisme.   

«C’est sur que quand j’entends parler du 811, je suis toujours un peu impressionné, affirme-t-il. C’est une ressource qui est importante au Québec, je ne nie pas sa pertinence, mais ce n’est pas vrai qu’elle répond à tous les maux et à toutes les problématiques.» 

La porte-parole libérale en matière de droits de la communauté LGBTQ2, Jennifer Maccarone, dénonce également l’inaction du gouvernement de François Legault.  

«Ce n'est pas possible qu'un service indispensable avec des intervenants spécialement formés pour les enjeux de la communauté 2SLGBTQIA+ allait devoir mettre fin à ses services de ligne nocturne, faute de financement», a-t-elle regretté.  

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