La journaliste russe Marina Ovsiannikova arrêtée pour avoir «discrédité» l’armée
AFP
La journaliste russe Marina Ovsiannikova, devenue célèbre après avoir interrompu le journal d’une chaîne d’État russe avec une affiche contre l’offensive en Ukraine, a été arrêtée mercredi pour avoir «discrédité» l’armée, a indiqué son avocat.
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«Nous sommes en ce moment chez les enquêteurs. Une enquête a été ouverte» contre Mme Ovsiannikova pour «diffusion de fausses informations» sur l’armée russe, a déclaré à l’AFP l’avocat Dmitri Zakhvatov. «Elle a été arrêtée», a-t-il précisé
Les enquêteurs doivent décider maintenant si Marina Ovsiannikova, mère de deux enfants mineurs, sera placée en détention provisoire ou restera en liberté dans l’attente de son procès, selon la même source.
Depuis fin juillet, Mme Ovsiannikova a déjà été condamnée à deux reprises à des amendes pour avoir «discrédité» l’armée russe, notamment sur la base de messages critiquant l’offensive en Ukraine publiés sur les réseaux sociaux.
Deux condamnations à moins de six mois d’intervalle ouvrent la voie à une affaire au pénal, avec de potentielles conséquences judiciaires beaucoup plus lourdes.
Mme Ovsiannikova est devenue célèbre mi-mars après avoir surgi, en plein journal, sur le plateau d’une chaîne de télévision pro-Kremlin pour laquelle elle travaillait. Lors de son intervention, elle portait une pancarte dénonçant l’offensive en Ukraine et la «propagande» des médias contrôlés par le pouvoir.
A woman rushed onto a Russian state-run Channel One broadcast tonight with an anti-war sign.
— Christopher Miller (@ChristopherJM) March 14, 2022
“Stop the war. Don’t believe the propaganda. They’re lying to you,” it reads. pic.twitter.com/9jdlbcH8Ri
Les images de son geste ont fait le tour du monde. De nombreuses personnes ont salué son courage, dans un contexte de répression de toute voix critique en Russie.
Elle ne fait toutefois pas l’unanimité au sein de l’opposition russe, certains lui reprochant toujours ses années passées à travailler pour la chaîne Pervy Kanal, porte-voix du Kremlin.
Après avoir travaillé plusieurs mois à l’étranger, notamment pour le journal allemand die Welt, elle avait annoncé début juillet être rentrée en Russie pour régler un contentieux lié à la garde de ses deux enfants.
La Russie, qui est déjà engagée depuis de longues années dans une répression des voix critiques du Kremlin, a considérablement durci depuis l’assaut contre l’Ukraine son arsenal pénal contre ceux qui dénoncent le pouvoir russe.