La guerre en Ukraine bouleverse la campagne présidentielle française
Agence France-Presse
La guerre en Ukraine et ses incertitudes bouleversent la campagne présidentielle française, dont les candidats, déclarés ou non comme le chef de l'État Emmanuel Macron, doivent sans cesse adapter leur stratégie à un mois et demi du premier tour.
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Un président accaparé par la situation internationale, des candidats sans adversaire déclaré, des Français encore peu mobilisés et à peine sortis de la crise sanitaire: la campagne présidentielle française de 2022 ne ressemble décidément à aucune autre, donnant l'impression d'être happée par les événements et suspendue au temps.
Emmanuel Macron, qui ne cesse de repousser la question de sa candidature, est occupé à gérer les conséquences de l'invasion russe en Ukraine.
Au lendemain d'un sommet de l'Union européenne, le président participait vendredi à un sommet de l'OTAN en visioconférence. Dans une lettre lue devant les deux chambres du Parlement par leurs présidents, M. Macron a indiqué que l'Union européenne (UE), s'apprêtait à durcir ses sanctions contre Moscou et viser les «plus hauts dirigeants» de Russie.
Il a auparavant reçu à l'Élysée ses prédécesseurs de gauche François Hollande et de droite Nicolas Sarkozy.
L'entourage d'Emmanuel Macron avait cité le Salon de l'Agriculture de Paris, qui s'ouvre samedi, comme possible rampe de lancement de sa campagne pour sa réélection. Au vu de la crise, il devrait se contenter d'un passage éclair dans la matinée.
Les candidats déjà en lice s'adaptaient eux aussi tant bien que mal, eux qui peinent déjà à être audibles auprès des Français, sur fond de crainte d'une abstention record lors des scrutins des 10 et 24 avril.
Le temps presse, à 44 jours du premier tour pour lequel le président sortant part favori. Toutes les enquêtes d'opinion le donnent aux environs de 24-25% des intentions de vote, largement devant la candidate d'extrême droite Marine Le Pen (17-18%). Emmanuel Macron l'emporte également au second tour dans tous les scénarios.
La campagne «est de fait bousculée par la guerre en Ukraine», a reconnu Mme Le Pen, leader du Rassemblement National. M. Macron «pourrait être tenté de réduire» sa campagne «à quelques jours», a-t-elle estimé.
Inquiétudes sur le gaz
«L'événement est grave», mais «il n'y a pas la guerre en France» et «nous devons respecter les Français» et «la démocratie», a estimé son rival d'extrême droite, Éric Zemmour.
«En démocratie, on ne s’arrête pas parce que la Russie a envahi l'Ukraine», a également lancé le leader de la France insoumise (gauche), Jean-Luc Mélenchon.
Toujours à gauche, l'écologiste Yannick Jadot, qui a annulé un déplacement à Clermont-Ferrand (centre), la socialiste Anne Hidalgo ou encore l'ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira ont participé jeudi soir à Paris à des manifestations de soutien à l'Ukraine.
Mme Taubira a appelé, tout comme M. Jadot, à fournir des armes aux Ukrainiens.
La candidate LR (droite), Valérie Pécresse, elle a dit vendredi «comprendre que ce rendez-vous puisse paraître un peu décalé par rapport à l'actualité». Mais «même si contexte nous inquiète énormément», «la campagne doit avoir lieu».
En perte de vitesse dans les sondages, Mme Pécresse a pu enregistrer une bonne nouvelle avec la démission de l'ex-premier ministre LR François Fillon de ses mandats dans des conseils d'administration russes, en raison de l'invasion russe en Ukraine.
Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, placés sur la défensive en raison de positions jugées prorusses exprimées par le passé même s'ils ont condamné Moscou, se sont inquiétés des conséquences de cette guerre en Europe sur le pouvoir d'achat des Français, leur préoccupation numéro un selon les sondages.
Dans le viseur, une nouvelle augmentation des prix de l'énergie et les possibles rétorsions russes aux sanctions occidentales.
Parlant à l'AFP, un ministre confiait que si «la France n'est pas le pays le plus exposé par rapport à la Russie», «on ne mesure pas (...) le niveau de réponses de Poutine face aux sanctions», notamment au niveau de l'approvisionnement de gaz russe, talon d'Achille des Européens.
Vendredi soir, le gouvernement français a annoncé qu'il proposerait «la semaine prochaine une réunion d’information à l’attention des candidats à l’élection présidentielle», en promettant de tenir les groupes politiques «informés en toute transparence» de l'évolution du dossier.