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L'article provient de TVA Sports
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Une ronde de 71 pour le retour de Tiger Woods

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Photo portrait de François-David Rouleau

François-David Rouleau

2022-04-07T16:13:28Z
2022-04-08T03:40:20Z
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En débouchant du pavillon et en route vers le tertre à huit minutes du moment jadis improbable, Tiger Woods a fermé les yeux, pris de grandes inspirations et poussé plusieurs soupirs. Des milliers de «patrons» l’ont acclamé en scandant «Tiger, Tiger, Tiger» et en l’applaudissant à tout rompre.

En marchant dans ce corridor qui s’était formé 10 minutes plus tôt dans l’attente du phénomène de 46 ans, c’est comme si le puissant athlète séparait les eaux d’une marée humaine. 

À mes côtés sous le «Big Oak Tree», un membre du Augusta National a lancé à son ami : «ce gars était quasiment mort il y a 14 mois.»

En effet. Il l’a frôlée.

Portant visiblement toute la pression du monde depuis qu’il a attiré les projecteurs le week-end dernier, celui qui a effectué son grand retour depuis son grave accident en février 2021 n’a pas déçu.

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Dans une atmosphère électrisante, des milliers de spectateurs l’ont suivi à la trace aux quatre coins du parcours. Partout, ils s’alignaient massivement le long des cordes des tertres aux verts. Les scènes étaient quasi plus impressionnantes qu’à l’époque.

À cette première ronde officielle depuis novembre 2020, ici même à Augusta, l’homme aux cinq vestons verts a signé une carte de 71 (-1). Ce score «dans le rouge», comme on dit dans le jargon du golf, est bon pour le 10e rang.

Chemin de croix 

Vainqueur de 82 tournois de la PGA, dont 15 championnats majeurs, cette unique présence est en soi «une victoire» à ses dires. On saisit un brin la magnitude du moment vécu jeudi.

«Ce retour, les gens n’ont pas idée comment ce fut difficile, a-t-il rappelé avec un sourire en coin. Mon équipe le sait. Elle a travaillé chaque jour depuis que je suis sorti du lit, trois mois après mon accident.

«Si les gens avaient vu ma jambe après l’accident et s’ils la voyaient maintenant, s’ils voyaient d’où je viens, ils le comprendraient, a-t-il poursuivi en parlant des photos que certains de ses collègues ont vues depuis 14 mois. Ce n’était surtout pas une tâche facile.

«C’était un engagement de revenir au jeu et un autre engagement de le faire à ce niveau de compétition en sentant que je suis encore en mesure de performer. J’ai accompli quelque chose de positif aujourd’hui [jeudi].»

Papa Earl avec lui

Dès son premier coup de départ long de 264 verges à la droite de l’allée au premier trou, à court des fosses de sable, Woods s’est battu comme un «tigre dans l’eau bénite».

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Pourquoi? 

Il a connu une terrible séance d’échauffement alors qu’il a raconté avoir exécuté des coups atroces.

Un ange a toutefois veillé sur lui à l’approche de son grand moment. Son père, Earl Woods.

«Je me suis rappelé ce qu’il m’a enseigné. Il me demandait toujours si j’avais accompli mes tâches durant l’échauffement. “C’est un échauffement. L’as-tu fait?”, me questionnait-il. Je répondais oui. Il rétorquait d’aller jouer.

«C’est exactement ce que j’ai fait aujourd’hui [jeudi], a-t-il relaté. Je suis sorti et j’ai joué.»

Woods a donc oublié sa séance de préparation et mis à exécution le bon vieux cliché du monde sportif. Il a pris un coup à la fois, tenté de se placer en bonne position, calé quelques roulés et se mettre à la chasse.

«Je suis parvenu à le faire», a indiqué celui qui a réservé quelques coups d’éclat, notamment sur la normale 3 du 6e, où il a bien failli réussir un trou d’un coup.

Du bon et du moins bon 

Mais ce ne fut pas net du début à la fin. Des gaffes l’ont mis en rogne et lui ont coûté de précieux coups, notamment aux premier et huitième fanions. Il a d’ailleurs commis un boguey sur cette normale 5 avec une succession de mauvais coups, du tertre au vert. Ce fut d’ailleurs l’une de ses déceptions à un fanion où il affichait un rendement de -31 en carrière.

Après un autre coup de départ erratique au 14e, Woods a réservé l’un de ses meilleurs coups de la journée depuis les aiguilles de pin, sous les arbres à une distance de 191 verges. Il a placé sa balle à une vingtaine de pieds de l’objectif en commettant toutefois un boguey.

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Il l’a réparé en levant le poing en l’air pour souligner son oiselet après avoir calé un roulé de 30 pieds sur le vert du 16e, la normale 3 de 170 verges.

«J’ai été en mesure de finir avec un score rouge. Je suis en retard de trois coups, a-t-il indiqué au moment de son point de presse à 16 h 55. Je suis exactement là où je dois être.»

En fait, il accuse un retard de quatre coups sur Sungjae Im.

Démarche pénible 

Woods a montré des signes de faiblesses dès l’aller. Dans une démarche moins nette, on l’a vu peiner à marcher, grimper les allées ascendantes et éprouver des problèmes à se pencher pour lire ses lignes sur les verts.

«Cette marche est difficile. Avec ma jambe, ce sera le cas pour le reste de mes jours. C’est la vie, mais je suis capable d’y arriver. Je suis content de jouer et de recevoir cet accueil.

«Avant mon prochain départ, je recevrai de nombreux traitements. Je mettrai beaucoup de bains de glace. Je vais totalement me frigorifier. Ça fait partie du deal. Il faut résorber l’enflement et retrouver la mobilité pour l’activation et l’explosivité.»

Tout ça, jusqu’à son départ de 13 h 41, vendredi après-midi.

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