La gestion de la quarantaine écorchée par la vérificatrice générale
Raphaël Pirro et Sarah Daoust-Braun | Agence QMI
La vérificatrice générale (VG) du Canada a écorché la gestion de la quarantaine par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), notamment en ce qui a trait au suivi des voyageurs et des personnes potentiellement récalcitrantes à l’isolement à la maison.
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L’Agence a communiqué à la police le nom de seulement 40 % des personnes «jugées à risque de non-conformité en vue d’un suivi» entre mai et juin, et elle ne s’est pas assurée à ce que la police entre en communication avec celles-ci non plus, selon la VG.
Rendu public jeudi, le rapport illustre un manque flagrant de communication entre les différentes agences ayant un rôle de premier plan dans la gestion de la pandémie, notamment entre l’ASPC et l’Agence des services frontaliers du Canada.
En fait, la santé publique canadienne n’a eu connaissance d’aucune mesure de suivi pour 15 300 des 18 400 voyageurs signalés aux forces de l’ordre, soit 83 % des voyageurs signalés.
On ignorait aussi si les deux tiers des voyageurs entrés au pays entre le 5 mai et le 30 juin 2020 avaient respecté les ordonnances de mise en quarantaine.
«Par conséquent, l’Agence a raté une occasion d’évaluer l’efficacité des mesures de quarantaine pour ce qui est de limiter la propagation du virus responsable de la COVID-19», soutient la VG.
L’Agence des services frontaliers n’avait pas vérifié si ses agents avaient bien appliqué les mesures d’exemptions à la frontière, qui déterminent si un voyageur peut entrer au pays et s’il est tenu de se placer en quarantaine ou non.
Six jours pour un formulaireLa collecte sous format papier des coordonnées de la plupart des voyageurs a également compliqué le suivi de leur période de quarantaine : l’ASPC devait patienter en moyenne six jours avant de recevoir un formulaire de renseignement, parfois même 13 jours ou plus, puisqu’il devait d’abord être numérisé ou entré de façon manuelle dans les systèmes.
«Il s’agissait là d’un problème, car la stratégie de suivi de l’Agence prévoyait qu’il fallait communiquer avec les voyageurs entre le deuxième et le dixième jour de la période de quarantaine», analyse la VG.
L’Agence de santé publique assure que la situation s’est améliorée depuis novembre puisque la déclaration des renseignements doit obligatoirement être soumise de façon électronique.
ArriveCAN, une application sous-utilisée
ArriveCan, l’application créée conjointement par les deux agences fédérales, n’a été utilisée que par 7 % des voyageurs pour transmettre leurs coordonnées avant leur arrivée au pays lors des deux premiers mois de sa mise en fonction à la fin du mois d’avril.
L’utilisation de l’application est devenue obligatoire en novembre pour améliorer l’accès aux données par les agences.
La lenteur du système et le manque de données fournies ont pu ralentir la lutte contre la propagation de la COVID-19 au pays.